Guerre Israël-Hamas : les associations féministes répondent au « chantage financier » d’Aurore Bergé
POLITIQUE - « Chantage financier », « instrumentalisation des crimes du Hamas »… Au lendemain des menaces d’Aurore Bergé sur la recherche d’ambiguïtés dans les déclarations d’associations féministes subventionnées par l’État après l’attaque du Hamas du 7 octobre, les associations ont du mal à avaler la pilule et ne manquent pas de mots forts pour dénoncer la prise de parole de la ministre.
Guerre Israël-Hamas : Le gouvernement va faire la chasse aux associations féministes « ambiguës »
Il faut dire que la nouvelle ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes s’est montrée particulièrement ferme dimanche au micro de Radio J lorsqu’elle a annoncé que le gouvernement passait « au crible » les déclarations liées à l’attaque du 7 octobre de toutes les associations féministes.
Une tolérance zéro prônée par la ministre, qu’elle justifie par son refus de voir l’État soutenir financièrement « des associations qui ne sauraient pas caractériser ce qui s’est passé ».
On ne peut pas être féministe uniquement quand cela concerne les autres.
Quand on est féministe c'est tous les jours, tout le temps.
Quelles que soient les personnes mises en cause y compris quand c'est un député condamné pour violences conjugales, y compris quand c'est un… pic.twitter.com/wGP1UL8oCe— Aurore Bergé (@auroreberge) February 11, 2024
#NousToutes contre-attaque
Visiblement remonté, le collectif féministe #NousToutes a été le premier a répliqué ce lundi 12 février, dénonçant l’« instrumentalisation » d’Aurore Bergé. Sur X (anciennement Twitter) et auprès de l’AFP, Amy Bah, juriste et représentante de l’antenne lilloise du collectif s’est donc permise de répondre à la ministre déléguée.
« Il n’y a pas d’ambiguïté de la part des féministes, on croit toutes les victimes, on est les premières à dénoncer toutes les violences masculines faites aux femmes, d’où qu’elles viennent », a-t-elle déclaré.
Pour @NousToutesOrg, je précise ici que les féministes n’ont jamais été ambiguës et ont tjrs dénoncé toutes les violences.
Le backlash d’@auroreberge met en lumière l’inaction de l’Etat dans la lutte contre les VSS.
Supprimer les subventions est dangereux pour les victimes⬇️ https://t.co/x5HeVo7Syf— Amy Bah (@amybah_) February 12, 2024
Et selon elle, cette « instrumentalisation des crimes du Hamas et de la riposte d’Israël à Gaza » a pour unique but d’« éviter de prendre ses responsabilités dans le manque de moyens dans la lutte contre les violences de genre ».
La présidente de #NousToutes Lille voit également dans ce « backlash » (contrecoup en français) une manière de faire passer l’idée que « les féministes coûteraient cher à la société ». Ce qui est faux, selon la militante féministe, qui rappelle que son association est « autonome financièrement », ce qui « n’est pas le cas de toutes les associations ».
Et elle va encore plus loin en dénonçant le rôle de l’État, qui « se défausse » sur les associations féministes dépendantes des subventions, alors que ce sont elles qui « assurent des missions de service public ». La militante finit par conclure qu’il est « donc scandaleux de les menacer aujourd’hui, d’autant que ça met en danger les victimes de violences ».
Un « silence » gênant sur les crimes du Hamas ?
Des paroles fortes proches de celles de l’association Les Dégommeuses, figure de proue de la promotion du foot féminin en France, qui lutte notamment « contre le sexisme, les LGBT-phobies et toutes les discriminations ».
Dans un message sur X, l’association estime que la ministre « veut dicter les positions politiques des assos féministes en exerçant un chantage financier ». En réaction, Les Dégommeuses assurent « résister aux intimidations » en poursuivant leur travail avec « une parole décoloniale, libre de toute contrainte ».
La nouvelle ministre de l'égalité F/H veut dicter les positions politiques des assos féministes en exerçant un chantage financier. Les Dégommeuses appellent à résister aux intimidations. Nous continuerons à avoir une parole décoloniale, libre de toute contrainte. #freepalestine pic.twitter.com/Mi30C041m8
— ⚽️Les Dégommeuses✊🏾 (@LesDegommeuses) February 12, 2024
Mais pourquoi la nouvelle ministre chargée de l’Égalité femmes-hommes s’en prend-elle aux associations féministes ? Un début d’explication se cache derrière les critiques émises après l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien et les représailles israéliennes. #NousToutes, ainsi que d’autres associations et figures féministes avaient alors été particulièrement ciblées pour leur « silence » sur les informations et témoignages rapportant les viols commis par des hommes du Hamas.
#NousToutes et d’autres associations s’étaient alors défendues en affirmant lutter pour « toutes les femmes » et en condamnant « sans ambiguïté les crimes sexuels et sexistes, viols et féminicides commis par le Hamas, qui ont particulièrement visé les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les enfants ».
Dimanche, Aurore Bergé avait précisé que sa demande, faite auprès de l’administration la semaine dernière, devait obtenir une réponse « dans les jours qui viennent », signe que ce bras de fer entre le gouvernement et les associations féministes ne fait que commencer.
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