Guerre Israël-Hamas : les associations féministes répondent au « chantage financier » d’Aurore Bergé

Le gouvernement veut faire la chasse aux associations féministes « ambiguës » sur les crimes du Hamas comme l’a annnoncé la ministre deléguée Auore Bergé.
JULIEN DE ROSA / AFP Le gouvernement veut faire la chasse aux associations féministes « ambiguës » sur les crimes du Hamas comme l’a annnoncé la ministre deléguée Auore Bergé.

POLITIQUE - « Chantage financier », « instrumentalisation des crimes du Hamas »… Au lendemain des menaces d’Aurore Bergé sur la recherche d’ambiguïtés dans les déclarations d’associations féministes subventionnées par l’État après l’attaque du Hamas du 7 octobre, les associations ont du mal à avaler la pilule et ne manquent pas de mots forts pour dénoncer la prise de parole de la ministre.

Guerre Israël-Hamas : Le gouvernement va faire la chasse aux associations féministes « ambiguës »

Il faut dire que la nouvelle ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes s’est montrée particulièrement ferme dimanche au micro de Radio J lorsqu’elle a annoncé que le gouvernement passait « au crible » les déclarations liées à l’attaque du 7 octobre de toutes les associations féministes.

Une tolérance zéro prônée par la ministre, qu’elle justifie par son refus de voir l’État soutenir financièrement « des associations qui ne sauraient pas caractériser ce qui s’est passé ».

#NousToutes contre-attaque

Visiblement remonté, le collectif féministe #NousToutes a été le premier a répliqué ce lundi 12 février, dénonçant l’« instrumentalisation » d’Aurore Bergé. Sur X (anciennement Twitter) et auprès de l’AFP, Amy Bah, juriste et représentante de l’antenne lilloise du collectif s’est donc permise de répondre à la ministre déléguée.

« Il n’y a pas d’ambiguïté de la part des féministes, on croit toutes les victimes, on est les premières à dénoncer toutes les violences masculines faites aux femmes, d’où qu’elles viennent », a-t-elle déclaré.

Et selon elle, cette « instrumentalisation des crimes du Hamas et de la riposte d’Israël à Gaza » a pour unique but d’« éviter de prendre ses responsabilités dans le manque de moyens dans la lutte contre les violences de genre ».

La présidente de #NousToutes Lille voit également dans ce « backlash » (contrecoup en français) une manière de faire passer l’idée que « les féministes coûteraient cher à la société ». Ce qui est faux, selon la militante féministe, qui rappelle que son association est « autonome financièrement », ce qui « n’est pas le cas de toutes les associations ».

Et elle va encore plus loin en dénonçant le rôle de l’État, qui « se défausse » sur les associations féministes dépendantes des subventions, alors que ce sont elles qui « assurent des missions de service public ». La militante finit par conclure qu’il est « donc scandaleux de les menacer aujourd’hui, d’autant que ça met en danger les victimes de violences ».

Un « silence » gênant sur les crimes du Hamas ?

Des paroles fortes proches de celles de l’association Les Dégommeuses, figure de proue de la promotion du foot féminin en France, qui lutte notamment « contre le sexisme, les LGBT-phobies et toutes les discriminations ».

Dans un message sur X, l’association estime que la ministre « veut dicter les positions politiques des assos féministes en exerçant un chantage financier ». En réaction, Les Dégommeuses assurent « résister aux intimidations » en poursuivant leur travail avec « une parole décoloniale, libre de toute contrainte ».

Mais pourquoi la nouvelle ministre chargée de l’Égalité femmes-hommes s’en prend-elle aux associations féministes ? Un début d’explication se cache derrière les critiques émises après l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien et les représailles israéliennes. #NousToutes, ainsi que d’autres associations et figures féministes avaient alors été particulièrement ciblées pour leur « silence » sur les informations et témoignages rapportant les viols commis par des hommes du Hamas.

#NousToutes et d’autres associations s’étaient alors défendues en affirmant lutter pour « toutes les femmes » et en condamnant « sans ambiguïté les crimes sexuels et sexistes, viols et féminicides commis par le Hamas, qui ont particulièrement visé les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les enfants ».

Dimanche, Aurore Bergé avait précisé que sa demande, faite auprès de l’administration la semaine dernière, devait obtenir une réponse « dans les jours qui viennent », signe que ce bras de fer entre le gouvernement et les associations féministes ne fait que commencer.

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