Guerre Israël-Hamas : après la libération des 4 otages, ce que l’on sait de l’opération militaire de Tsahal

Israël a annoncé la libération de quatre otages à Nousseirat, dans la bande de Gaza. Selon le Hamas et des médecins, au moins 210 civils palestiniens sont morts.

INTERNATIONAL - Une opération « héroïque » d’après Tsahal, meurtrière du point de vue palestinien. L’armée israélienne a annoncé samedi 8 juin la libération, lors d’une opération militaire « complexe » à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, de Noa Argamani, 26 ans, Almog Meir Jan, 22 ans, Andrey Kozlov, 27 ans, et Shlomi Ziv, 41 ans. Ils avaient tous les quatre été enlevés par le Hamas le 7 octobre, sur le site du festival de musique electro Nova.

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Après l’annonce de cette libération, la joie a explosé dans les rues de Tel Aviv. Une Israélienne sexagénaire interrogée par l’AFP explique tout de même éprouver des « sentiments mitigés », en évoquant les victimes civiles palestiniennes.

Le Hamas ainsi que des médecins assurent en effet que l’opération militaire a coûté la vie à des dizaines de Palestiniens. Le HuffPost fait le point.

L’opération baptisée « Graines d’été » a été menée en plein jour à Nousseirat, rapporte la BBC. Selon les forces de défense israéliennes, cela a permis de créer « un meilleur effet de surprise ». « C’était une opération d’une ampleur comparable à celle d’Entebbe », a décrit le porte-parole en chef de l’armée israélienne, Daniel Hagari, en référence au sauvetage par Israël de 100 otages en Ouganda en 1976.

Des commandos spécialisés avaient simultanément investi deux appartements résidentiels de Nousseirat où les otages étaient détenus, a-t-il précisé. Dans l’un d’eux se trouvait Noa Argamani. Dans l’autre se trouvaient les hommes, Shlomi Ziv, Andrey Kozlov, et Almog Meir. Ils étaient enfermés dans des pièces gardées par des combattants palestiniens. D’après Daniel Hagari, les commandos israéliens ont fait face à une forte résistance des soldats palestiniens.

Avant l’annonce sur les otages, l’armée israélienne avait dit cibler des « infrastructures terroristes » à Nousseirat, alors que des témoins ont fait état de tirs depuis des drones et hélicoptères contre le camp. Des vidéos prises par des téléphones portables, et consultées par la BBC, montrent des personnes plongeant pour se mettre à l’abri alors que des missiles sifflent et que des coups de feu retentissent.

D’intenses affrontements entre l’armée et des combattants palestiniens ont aussi eu lieu dans les camps d’al-Bureij et celui, voisin, d’al-Maghazi, d’après des témoins. Dans un communiqué, l’armée israélienne a dit avoir frappé des « dizaines de cellules et infrastructures terroristes, dont un tunnel situé dans une structure civile » lors d’opérations à Bureij et Deir al-Balah.

Lors de cette opération, un officier des forces spéciales a été blessé et est décédé à l’hôpital, a indiqué la police israélienne. Le porte-parole en chef de l’armée israélienne a également estimé que le raid avait fait moins de 100 victimes palestiniennes.

De son côté, le service de presse du gouvernement du Hamas a indiqué qu’au moins 210 personnes avaient été tuées et plus de 400 blessées dans des attaques israéliennes à Nousseirat, sans mentionner la libération d’otages. L’AFP n’est, pour l’heure, pas en mesure de confirmer ce bilan.

Après l’attaque de Nousseirat, les responsables hospitaliers de Gaza ont annoncé la mort d’au moins 236 morts et plus de 400 blessés, relate CNN. Des chiffres que la chaîne n’est pas en mesure de vérifier. Les morts et les blessés ont été transportés dans deux hôpitaux de Gaza, l’hôpital Al-Awda à Nousseirat et l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa à Deir Al-Balah.

Jamal Salha, médecin dans ce dernier hôpital, explique auprès d’Al Jazeera que l’établissement est bondé de patients traumatisés, y compris des enfants, gravement blessés lors de l’attaque israélienne. « L’un d’entre eux était un enfant dont le traumatisme crânien nécessitait une intervention chirurgicale. Un autre était un enfant dont le traumatisme crânien était dû à des éclats d’obus », a-t-il précisé.

CNN a également recueilli le témoignage d’habitants de Nousseirat, témoins de bombardements samedi. « C’est quelque chose que nous n’avions jamais vu avant, peut-être 150 roquettes sont tombées en 10 minutes. Pendant qu’on courait, d’autres sont tombées sur le marché, raconte par exemple Nidal Abdo, qui faisait ses courses. Il y a des enfants déchiquetés disséminés dans les rues, ils ont décimé Nousseirat, c’est l’enfer sur Terre. »

Se disant « soulagée » de la libération des otages, la rapporteure spéciale de l’ONU dans les territoires palestiniens, Francesca Albanese, a déploré sur X (anciennement Twitter) que ce soit « au prix d’au moins 200 Palestiniens tués, dont des enfants, et plus de 400 blessés ».

« Cette horreur doit s’arrêter », a quant à lui martelé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Il avait appelé dans un précédent tweet à la « libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et à la fin de cette guerre ».

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a lui affirmé dans un communiqué depuis Doha que la « résistance » allait « continuer ».

Le président français Emmanuel Macron s’est félicité de la libération des otages israéliens, son homologue américain Joe Biden assurant samedi à Paris que les États-Unis continueraient à se mobiliser jusqu’à ce que « tous » le soient. Ni Paris ni Washington n’ont pour l’instant réagi au bilan humain avancé côté palestinien.

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