Guerre Israël-Hamas : à Gaza, un médecin contraint de soigner les blessés avec du vinaigre face à la pénurie

Pour soigner certaines infections bactériennes, les soignants présents dans la bande de Gaza doivent recourir à des méthodes alternatives, comme le vinaigre de supermarché.
Capture d’écran X (ex-Twitter) Pour soigner certaines infections bactériennes, les soignants présents dans la bande de Gaza doivent recourir à des méthodes alternatives, comme le vinaigre de supermarché.

INTERNATIONAL - Dans la bande de Gaza, si l’Organisation mondiale de la santé et de nombreuses autres associations et ONG présentes sur place mettent en garde contre l’imminence d’une catastrophe humanitaire sans précédent pour le peuple palestinien, des témoignages permettent déjà de mettre en exergue les désastreuses conditions d’accès aux soins pour les civils.

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Alors qu’Israël continue ce jeudi 19 octobre de pilonner cette enclave peuplée d’un peu moins de 2,5 millions de personnes, le chirurgien anglo-palestinien Ghassan Abu-Sittah a fait part sur ses réseaux sociaux des conditions déplorables dans lesquelles sont soignés les blessés des bombardements de l’État hébreu.

Du vinaigre face aux infections

D’ordinaire basé à Londres, ce chirurgien plasticien a fait le choix de partir pour Gaza afin d’apporter son aide après l’attaque surprise du Hamas, le 7 octobre. Et ce jeudi, il s’est servi de sa visibilité en Occident pour raconter les conditions dans lesquelles il doit soigner ses patients de l’hôpital Al-Shifa, le plus grand centre hospitalier de la bande de Gaza.

« Vinaigre du magasin du coin pour traiter les infections bactériennes de type pseudomonas sur des plaies. Voilà où nous en sommes », a-t-il sobrement écrit sur X (anciennement Twitter). Son message est d’ailleurs accompagné d’une photo de la fameuse bouteille de vinaigre servant à désinfecter les plaies.

Généralement peu virulente, la bactérie évoquée par Ghassan Abu-Sittah dans son tweet peut devenir dangereuse chez les personnes affaiblies. Son message atteste donc des conditions de soin désastreuses dans la bande de Gaza, où les blessés ne peuvent pas être soignés avec le matériel nécessaire et contractent donc de nouvelles infections qui se répandent rapidement.

Comme le raconte The Guardian, l’homme est déjà venu prêter main-forte aux Palestiniens à de nombreuses reprises depuis la fin des années 1980. Mais cette fois, Ghassan Abu-Sittah assure qu’il ne quittera la bande de Gaza qu’au moment où un cessez-le-feu sera décrété. « Je suis venu ici en sachant que c’est une zone de guerre. Vous avez un devoir moral en tant que médecin envers vos patients et vous devez prendre soin de vos patients qui ne peuvent pas évacuer ou s’échapper », déclarait-il à la BBC lundi dernier.

« Je ne cesserai de parler au nom de mes patients et de témoigner des crimes qui sont commis », écrivait-il aussi sur X lundi.

Plus d’une centaine d’attaques israéliennes contre des lieux de soin

Il faut dire que le secteur de la santé à Gaza atteint un « point de rupture », comme l’avance Tlaleng Mofokeng, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le droit à la santé. Dans un rapport de l’ONU publié le 17 octobre, elle estime que « l’infrastructure médicale de Gaza a été irrémédiablement endommagée ». De fait, « les prestataires de soins de santé travaillent dans une situation désastreuse avec un accès limité aux fournitures médicales et des conditions qui ne leur permettent pas de fournir des soins de santé de qualité et en temps opportun ».

Tlaleng Mofokeng rappelle également que « les travailleurs humanitaires, les médecins, la société civile, les organisations de défense des droits de l’homme et les journalistes continuent de travailler dans la région alors qu’ils sont eux-mêmes bombardés ».

Privilégiés par les civils, les hôpitaux servent de lieu de refuge à de nombreux Palestiniens qui espèrent y trouver soin et sécurité lors des bombardements. Mais ils ne les protègent pas toujours, comme l’atteste la frappe particulièrement meurtrière sur l’hôpital Al-Ahli Arab mardi, dont Israël et les Palestiniens s’accusent mutuellement.

Depuis le début de la réplique israélienne contre Gaza, l’OMS a déjà recensé plus de 111 attaques contre des services de santé localisés dans le territoire palestinien. 48 attaques ont d’ailleurs eu lieu dans la bande de Gaza et parmi elles, 24 établissements de santé ont été touchés, entraînant la mort d’au moins douze agents de santé.

Par ailleurs, pour l’heure, l’aide humanitaire tant attendue dans le territoire enclavé n’arrive toujours pas. Les convois d’aide humanitaire sont bloqués depuis des jours à la frontière avec l’Égypte, au point de passage de Rafah, seul checkpoint qui ne soit pas contrôlé par Israël. La situation est intenable sur place, alors que plus d’un million de personnes ont été déplacées vers le sud de Gaza et ce point de passage, après le siège imposé par Israël le 9 octobre à Gaza.

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