Guerre Hamas-Israël : « À partir de cet instant, nous basculons en mode urgence absolue »

Une table de shabat vide avec deux cent places représentant les otages détenus par le Hamas à Gaza a été installée devant le Musée de Tel Aviv le vendredi 20 octobre 2023 - Credit:Seb Leban
Une table de shabat vide avec deux cent places représentant les otages détenus par le Hamas à Gaza a été installée devant le Musée de Tel Aviv le vendredi 20 octobre 2023 - Credit:Seb Leban

Au téléphone, ce 3 novembre, la voix douce vacille imperceptiblement, quand elle évoque les appels terrifiés, les détresses, et les dizaines d'enterrements auxquels, ces quatre dernières semaines, Matthieu Clouvel-Gervaiseau aura assisté. De Calcutta à Los Angeles, le diplomate chevronné, nommé consul général de France à Tel-Aviv il y a un an, a vécu plusieurs crises… Mais rien n'aurait pu le préparer à la violence de celle qui s'est abattue ce 7 octobre sur Israël, où vit une communauté de 180 000 Français.
Le consul est, sous l'égide du ministère, responsable de leur protection – il le sait, c'est sa mission première. Et cette mission, on le sent à la tension comme à la fatigue de sa voix, l'habite. Au cours de notre entretien, accordé comme au sortir d'un long tunnel, il le répète plusieurs fois. « Des erreurs techniques, matérielles, on en fait dix par jour et je m'en moque, on les corrige et on s'en excuse. Ce qui est intolérable pour moi, c'est de passer à côté de la personne qui a terriblement besoin de vous, et que vous n'auriez pas vue… » Il aura fallu que Le Point lui demande de raconter « son » 7 octobre, date funeste d'un pogrom qui restera gravée dans l'histoire, pour qu'il réalise, dit-il. « C'était comme un black-out : j'étais incapable de recoller précisément les événements. Avant de vous appeler, j'ai rassemblé mes équipes, et nous avons parlé. C'est comme si, ces dernières semaines, nos esprits s'étaient protégés. »
Le 7 octobre en Israël [...] Lire la suite