Yahoo Actualités Guerre à Gaza : Israël ferme Al-Jazeera « pour cacher les crimes », dénonce ce reporter de la chaîne
INTERNATIONAL - À la place des directs d’information, un message sur fond noir. Depuis 16 heures ce dimanche 5 mai, la chaîne qatarie Al-Jazeera, notamment présente à Gaza pour couvrir la guerre qui oppose Israël et le Hamas, a été suspendue des postes de télévisions en Israël. « Conformément à la décision du gouvernement, la diffusion de la chaîne Al-Jazeera a été suspendue en Israël », affiche désormais le canal 557.
Le gouvernement israélien a « décidé à l’unanimité » de « fermer en Israël » la chaîne qatarie, a en effet annoncé le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un message sur X (ex-Twitter) ce dimanche. Le ministre israélien de la Communication Shlomo Karhi a affirmé avoir « aussitôt signé l’injonction contre Al-Jazeera » qui « entre en vigueur immédiatement ».
La chaîne a commenté la décision dans la foulée, faisant notamment appel à son correspondant à Gaza. En direct du territoire palestinien, Hani Mahmoud a évoqué « un épisode supplémentaire de la dissimulation par Israël des crimes qui se déroulent dans la bande de Gaza », comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo en tête d’article.
« Nous nous attendions à ce que cela se produise. Par rapport à d’autres médias, notamment occidentaux, Al-Jazeera est en première ligne pour faire des reportages et documenter les atrocités qui sont commises à Gaza. Bien sûr, cela n’allait pas dans le sens de la stratégie du Premier ministre et de ses militaires », a-t-il ajouté depuis Rafah, où se sont réfugiés un million et demi de Gazaouis.
Saisie du matériel de tournage et site bloqué
Le ministre israélien de la Communication Shlomo Karhi a affirmé sur X avoir fait en sorte qu’Al-Jazeera « ne puisse plus opérer depuis Israël », accusant la chaîne de « menacer la sécurité » du pays. Selon un document signé de sa main, « les équipements servant à diffuser les contenus de la chaîne » vont être saisis. Cela concerne les caméras, microphones, tables de montage, serveurs informatiques, ordinateurs, équipements de transmission et téléphones portables.
Le directeur du bureau d’Al-Jazeera en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, Walid al-Omari, a indiqué sur la chaîne que la décision israélienne comprenait « l’arrêt de la diffusion d’Al-Jazeera en Israël, en arabe et en anglais et la fermeture des bureaux d’Al-Jazeera à l’intérieur des frontières d’Israël », ainsi que « la saisie du matériel » et la coupure de l’accès aux sites internet de la chaîne depuis Israël.
Israël accuse la chaîne de « propagande »
L’armée israélienne a affirmé à plusieurs reprises que des journalistes d’Al-Jazeera étaient « des agents terroristes » affiliés au mouvement islamiste palestinien Hamas et à son allié du Jihad islamique à Gaza. Par ailleurs, Benjamin Netanyahu a dans le passé accusé Al-Jazeera d’être « un organe de propagande du Hamas et d’avoir participé activement » à l’attaque sanglante menée le 7 octobre par le mouvement palestinien dans le sud d’Israël.
La chaîne nie ces accusations et accuse en retour Israël de cibler systématiquement ses employés dans la bande de Gaza. Au moins deux journalistes d’Al-Jazeera y ont été tués depuis le début de la guerre le 7 octobre et son chef de bureau à Gaza a été blessé.
La fermeture de la chaîne en Israël intervient quelques semaines après le vote par le Parlement israélien d’une loi permettant d’interdire la diffusion en Israël de médias étrangers portant atteinte à la sécurité de l’État, un texte visant la chaîne qatarie. Ce texte approuvé selon une procédure accélérée et à une très large majorité (70 pour, 10 contre) permet au Premier ministre d’interdire la diffusion du média visé et de fermer ses bureaux.
La décision d’Israël est « une mesure de rétorsion contre le rôle (...) que joue Al-Jazeera dans la mise en lumière des crimes » de l’armée israélienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée, a estimé le Hamas dans un communiqué sur Telegram, dénonçant « l’apogée d’une guerre contre les journalistes de la part d’Israël », ayant pour « but de cacher la vérité ».
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