Guadeloupe : ce que l’on sait des « actes de malveillance » privant 80 000 personnes d’eau

Des milliers d’habitants de la Guadeloupe sont privés d’eau depuis plusieurs jours. La préfecture pointe des « actes de malveillance » et des canalisations endommagées.

Plus d’eau au robinet, des écoles qui ferment et un hôpital en difficulté. Pas moins de 130 000 Guadeloupéens ont été privés d’eau ces derniers jours, après de premières interventions la préfecture assure que ce chiffre a été réduit à 80 000 personnes, ce dimanche 24 mars. Sur X, ex-Twitter, le préfet de l’archipel ultramarin a publié des photos des réparations en cours sur des canalisations et évoqué « des actes de malveillance » et « la diminution de la ressource en eau occasionnée par la sécheresse ».

Depuis plusieurs jours, des agents du Syndicat mixte de gestion des eaux et assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG), responsable de la gestion du réseau d’eau potable du département, se sont mis en grève ces derniers jours à l’appel de l’Unsa. Cette mobilisation affecte la distribution d’eau potable, déjà régulièrement critique. Ils réclament notamment un salaire plus élevé, une réorganisation l’établissement, et la fin des abus de pouvoir.

Pour autant, les responsables des coupures d’eau n’ont pas encore été identifiées. Ce jeudi, le SMGEAG a ainsi déposé une plainte contre X « pour dégradation d’ouvrages publics de distribution d’eau et mise en danger de la vie d’autrui ». Des enquêtes ont été ouvertes samedi pour les mêmes griefs, ont indiqué les procureurs de Pointe-à-Pitre et Basse-Terre, sans préciser la nature des dégradations.

Écoles fermées, hôpital livré en urgence

Depuis mardi soir, douze communes sur les 32 que compte cet archipel des Antilles françaises ont subi des coupures totales ou partielles. Le Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG) a notamment été impacté, indique Outre Mer la 1re. Au moins 3 000 bouteilles d’eau potable ont dû être livrées en urgence.

Vendredi, des écoles et des entreprises ont fermé dans plusieurs communes, faisant réagir le syndicat patronal UDE-Medef et les représentants de la chambre de commerce et d’industrie, appelant à « des mesures » rapides. « Nous appelons de nos vœux une conscientisation et la mise en place d’un service minimum de cinq à six heures par jour, aux heures les plus propices », a demandé vendredi la présidente du comité du tourisme des îles de Guadeloupe dans un communiqué, rappelant « l’effet dévastateur » de cette situation pour la région.

Dix à douze jours de travaux « dans le pire des cas »

À la demande des mairies et de la préfecture, 132 palettes d’eau ont pu être distribuées samedi à des personnes privées d’eau. Selon la préfecture, les travaux de réparation « dureront 10 à 12 jours » dans le pire des cas. L’accès à l’eau devrait être rétabli ce week-end dans les communes de Terre-de-Haut, Terre-de- Bas, Capesterre-Belle-Eau, Trois-Rivières et Petit-Bourg.

La Guadeloupe connaît, en raison de décennies de gestion délétère et de réseaux vétustes, des coupures d’eau organisées par l’opérateur pour alimenter tour à tour les communes de l’archipel. Depuis fin 2021, une régie unique tente de résorber les problèmes mais connaît de nombreux dysfonctionnements politiques et financiers.

Elle est épaulée par les collectivités majeures et l’État, dans une feuille de route de gestion commune autour d’un plan d’investissement de plus de 300 millions d’euros. De nombreux experts estiment qu’il faudrait plus d’un milliard d’euros pour changer les canalisations qui laissent s’échapper plus de 50 % de l’eau produite.

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