Sur les groupes de niveau, Benjamin Lucas a posé à Nicole Belloubet une question digne du bac philosophie

POLITIQUE - Niveler ou ne pas niveler, telle est la question. Lors des questions au gouvernement ce mardi 19 mars, la mise en place de groupes de niveau au collège s’est invitée dans les débats. La mesure, dont les textes officiels ont été publiés, doit entrer en vigueur dès la rentrée 2024. Au grand dam des syndicats enseignants qui accusent le gouvernement d’ignorer la réalité du terrain.

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En séance, le député écologiste Benjamin Lucas a interpellé la ministre de l’Éducation Nicole Belloubet, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. Et pour rester dans le thème, il a choisi une question « tirée d’un sujet de philosophie qui revient régulièrement au baccalauréat : peut-on avoir raison tout seul ? ». À cette interrogation ainsi faite, sans autre forme de contexte, Nicole Belloubet a répondu tout aussi brièvement : « Non je ne pense pas que nous puissions avoir raison tout seul ».

Ce n’est qu’ensuite que le député écologiste a déroulé son argumentaire : montrer l’isolement du gouvernement sur l’instauration de ces groupes censés améliorer le niveau des élèves en français et en mathématiques. « C’est seuls que vous bouleversez brutalement la nature de notre système éducatif sans même lui donner les moyens suffisants. C’est seuls que vous mettez fin au collège unique (...) Seuls et contre tous, contre les chercheurs, les comparaisons internationales et les études qui montrent que l’homogénéité n’est vertueuse en matière d’éducation », fustige Benjamin Lucas.

Tous et tout pour « la réussite de tous nos élèves »

Ces propos font écho à ceux du premier syndicat du secondaire, le SNES-FSU dont la secrétaire générale Sophie Vénétitay pointait de supposés désaccords entre Nicole Belloubet et le Premier ministre : « Même la ministre est peut-être un peu contre. Il n’y a plus que Gabriel Attal dans ce pays qui est pour les groupes de niveaux », constatait-elle sur franceinfo le 14 mars, alors que la ministre de l’Éducation évite d’employer le terme de « groupe de niveau ». Benjamin Lucas a de son côté réclamé la présentation devant le Parlement d’« une loi de programmation » sur l’Éducation afin de débattre de ces sujets.

La ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet n’a pas répondu sur cette demande législative, les décrets d’applications ayant déjà été publiés au Journal Officiel samedi. Rebondissant sur l’anaphore de Benjamin Lucas, elle a cependant affirmé que « non, nous ne sommes pas seuls. Nous ne sommes pas seuls à souhaiter la réussite de tous nos élèves. »

« Ces groupes n’ont qu’un seul but : améliorer la réussite scolaire des plus faibles et des meilleurs. Pour cela, nous avons évidemment besoin, le temps de ces groupes, de réduire l’hétérogénéité trop grande et ses effets. Nous avons besoin d’adapter à chacun de nos élèves des rythmes d’apprentissage et des réponses à leurs besoins spécifiques », a-t-elle défendu.

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