Un groupe pédocriminel démantelé à Orléans, 22 victimes françaises mineures identifiées

De mémoire d'enquêteur, la particularité de ce dossier de pédopornographie réside dans l'ampleur des victimes françaises: 22 enfants et adolescents dont les photos et vidéos ont été échangées sur des messageries chiffrées. C'est le terrible bilan d'une enquête menée depuis plusieurs mois par la section de recherches d'Orléans qui a conduit à l'interpellation de six hommes, la dernière datant de début février.

Courant 2022, dans le cadre de surveillances menées régulièrement sur des groupes présents sur les réseaux sociaux, les gendarmes repéraient plusieurs internautes échangeant en français, là où les conversations sont davantage en anglais. Des photos d'enfants en maillot de bain étaient par exemple échangées, "des contenus dérangeants qui peuvent constituer un faisceau d'indices", juge un enquêteur.

Une messagerie russe

Rapidement, l'un des membres de ces groupes lançait des invitations pour échanger sur une messagerie, cette fois-ci chiffrée, en l'occurrence une messagerie russe ICQ. Des contenus pédopornographiques, créés par "des individus qui se connaissaient de manière virtuelle", étaient alors partagés lors de discussions.

En intégrant ces groupes, les enquêteurs se rendent compte que les photos et vidéos échangés n'apparaissent sur aucune base de données. Habituellement, les forces de l'ordre font face à des fichiers partagés à l'échelle mondiale. Dans cette enquête, il s'agit de contenus nouveaux.

Soupçonnés de viols

Au fil des investigations, les gendarmes d'Orléans ont relevé deux modes opératoires pour créer ces contenus pédopornographiques. Ces internautes pratiquaient le "grooming", à savoir se faire passer pour un adolescent sur les réseaux sociaux pour en contacter d'autres et créer un lien amical puis affectif.

"Dans le cadre de ces liens, ces hommes arrivent à récupérer une photo de ces adolescents, détaille un enquêteur. Si le lien affectif se casse, ils utilisent cette photo pour faire du sextorsion et obtenir d'autres contenus."

Les investigations ont permis de déterminer que certains enfants et adolescents qui apparaissaient sur ces contenus avaient été agressés par ces internautes. Deux des six hommes interpellés sont soupçonnés d'avoir violé des enfants avant de partager leurs contenus. L'un d'entre eux d'avoir agressé un enfant de son entourage pendant trois ans, un autre d'avoir violé une jeune fille en abusant de sa fragilité émotionnelle et de son handicap.

"Il y a forcément d'autres victimes"

Au total, 120 victimes francophones ont pu être identifiées, parmi elles, 22 sont françaises. Elles ont toutes été entendues dans le cadre de l'enquête. Certaines ont pu être identifiées grâce à leur identité numérique sur les réseaux sociaux, d'autres en travaillant sur l'environnement des suspects. "Il y en a forcément d'autres", reconnaît un enquêteur. Le reste des fichiers a été adressé au CNAIP, le Centre National d'Analyse des Images Pédopornographiques.

Une première vague d'interpellations s'est déroulée en avril 2023, avec trois suspects arrêtés dont l'administrateur du groupe de discussion. D'autres ont suivi, dont une en Belgique, pour conduire à six mises en examen.

Des hommes âgés de 36 à 61 ans, trois étaient déjà connus de la justice pour des faits similaires. "Comme dhabitude dans ce type de dossier, il y a tout le spectre que l'on peut rencontrer, des célibataires, des pères de famille, des gens bien insérés, d'autres non, des jeunes, des plus âgés...", détaille le directeur d'enquête.

Au total, 930.000 contenus pédopornographiques ont été retrouvés, uniquement sur le matériel informatique de trois mis en cause. Le reste est encore en cours d'analyse.

Article original publié sur BFMTV.com