Grippe: pourquoi les États-Unis changent-ils la formule de leur vaccin contre le virus?
Une nouvelle formule adaptée. Aux États-Unis, le dernier vaccin mis au point contre la grippe, qui sera disponible à partir de l'automne 2024, protégera les patients contre seulement trois souches du virus et non plus quatre. Une décision prise en lien, notamment, avec la pandémie de Covid-19.
Mardi 5 mars, des experts de la Food and Drug Administration (FDA), cette administration américaine chargée de délivrer les autorisations de mise sur le marché des médicaments, a voté pour une nouvelle formule du prochain vaccin contre la grippe.
Contrairement aux versions précédentes, le dernier sérum ne protégera pas contre les virus issus des souches B appartenant à la branche dite Yamagata de la grippe. Ce choix est indirectement lié au Covid-19.
En effet, depuis la pandémie, les virus de la branche Yamagata sont en baisse aux États-Unis, et n'ont plus été détectés depuis mars 2020. La raison? Le respect massif des gestes barrières et le port du masque par une large partie de la population durant cette période, en lien avec le virus.
Une décision en réflexion de longue date
Déjà en septembre dernier, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait indiqué que "l'inclusion des antigènes de la lignée Yamagata dans les vaccins contre la grippe (n'était) plus justifiée". Une décision qualifiée de "sans précédent" par la revue scientifique The Lancet, dans un article paru en décembre dernier.
Le mois suivant, les experts de la FDA ont à leur tour indiqué qu'il n'était plus nécessaire d'inclure ces souches dans le vaccin contre la grippe.
"Nous en parlons depuis quatre ans", ajoute de son côté auprès de CNN le Dr Paul Offit membre du comité consultatif sur les vaccins et les produits biologiques de la FDA, la souche Yamagata étant en baisse depuis des années, après avoir connu un pic dans les années 1990.
Un vaccin quadrivalent toujours produit
La décision a finalement été plus rapide que prévu, l'ensemble des fabriquants de vaccins aux États-Unis ayant déjà reçu un avis favorable pour produire un vaccin trivalent, c'est-à-dire destiné à protéger contre trois souches de la grippe.
Dans le reste du monde, la validation de la nouvelle formule ne devrait probablement pas arriver à temps pour l'automne prochain. Les États-Unis ont donc, en plus de la formule contre trois souches de la grippe, voté pour la fabrication d'un autre sérum, cette fois toujours contre quatre souches du virus. Il pourra être distribué à l'étranger.
Malgré cette décision, les chercheurs continueront de façon préventive à étudier de près les différentes souches de la grippe afin de s'assurer que la branche Yamagata ne refait pas apparition.
Une décision saluée par les médecins
Le Dr Paul Offit a salué la décision en faveur d'une nouvelle formule. "Vous ne voulez pas vacciner les gens pour quelque chose dont ils n'ont pas besoin", a-t-il déclaré.
Selon la Dr Jodie Guest, vice-présidente du département d'épidémiologie de la Rollins School of Public Health de l'Université Emory, dans l'État de Géorgie, aux États-Unis, se faire vacciner contre une souche qui n'est plus active pourrait en outre avoir des inconvénients.
"Chaque fois que ces vaccins contre la grippe sont produits, ils utilisent – selon les vaccins dont il s'agit – des virus actifs ou atténués, et il faut les cultiver. Ainsi, même s'il s'agit d'un risque anticipé incroyablement faible, il est possible que vous puissiez le réintroduire dans la population en le contenant dans un vaccin", avance-t-elle.
Selon d'autres chercheurs, produire un vaccin trivalent et non plus quadrivalent devrait aussi permettre de libérer une partie de la capacité de production et ainsi permettre de créer plus de doses, ce qui pourrait être utile alors que certains pays connaissent une pénurie de vaccins.
En France, la vaccination contre la grippe est recommandée pour les 65 ans et plus. L'épidémie de grippe, encore "active" la semaine passée, poursuit sa diminution, a indiqué mercredi l'agence de santé publique.