Grève SNCF : les contrôleurs sont-ils si bien lotis ?

Un cheminot à la gare de Bercy (Paris) le 22 mars 2018
Un cheminot à la gare de Bercy (Paris) le 22 mars 2018

Des contrôleurs de la SNCF ont annoncé faire grève pendant les fêtes de fin d’année, laissant près de 200 000 voyageurs à quai. Ils demandent notamment une meilleure reconnaissance de la spécificité de leur métier.

Vacances de Noël mouvementées à la SNCF. La grève des contrôleurs de la compagnie ferroviaire va entraîner des perturbations sur tout le réseau du jeudi 22 décembre 20 heures au lundi 26 décembre 8 heures. Près de 200 000 voyageurs ne vont pas pouvoir prendre leur train comme ils l’avaient prévu pour les fêtes de fin d’année, un train ne pouvant partir sans contrôleur à son bord. Le directeur général du groupe, Christophe Fanichet, a annoncé que les voyageurs lésés pourront être remboursés à hauteur de 200% du prix de leur billet.

À l’origine du mouvement social, le collectif national ASCT (CNA). Ce groupe privé né sur Facebook il y a quelques mois est suivi par plus de 4 000 contrôleurs sur les 10 000 que comptent la SNCF. D’après eux, les syndicats ne défendent pas suffisamment leurs intérêts. Ils ont donc décidé de prendre les choses en main. La CGT cheminots et SUD-Rail n’ont d’ailleurs pas appelé directement à la grève, mais ne s’y sont pas non plus opposés. Les grévistes demandent une meilleure reconnaissance de la spécificité du métier et une revalorisation salariale. Ils soulignent faire partie des derniers interlocuteurs au contact des voyageurs et recueillir, entre autres, de nombreuses plaintes.

Quel est le salaire d’un contrôleur ?

D’après des données publiées sur le site de la SNCF, un contrôleur gagne 22 192 euros brut par an en début de carrière (soit 1 849 euros brut par mois), 28 816 euros brut en milieu de carrière (soit 2 401 euros brut par mois) et 35 816 euros brut en fin de carrière (soit 2 984 euros brut par mois). Le dernier traitement des données remonte au 19 mai 2017, mais elles "restent malgré tout relativement pertinentes", souligne Libération, car le début du gel de l’indice des salaires à la SNCF remonte à 2014. En comparaison, le salaire médian des Français travaillant dans le secteur privé s’élève à 2 005 euros net par mois, d’après les dernières données de l’INSEE.

Un contrôleur, ou un agent du service commercial train dans le jargon ferroviaire, peut cependant voir son salaire augmenter grâce à la rémunération variable. Selon l’ancienneté du salarié, elle est comprise en moyenne entre 19 et 25%, précise l’infographie du site de la SNCF.

Ces primes correspondent notamment au travail réalisé les week-ends, les jours fériés ou la nuit et sont indexées à l’activité. Elles ne sont donc pas versées en cas d’arrêt maladie ou de congés payés. Interrogé sur RMC, Éric, un contrôleur de la SNCF, précise toucher 2 400 euros nets par mois avec les primes après 20 ans de travail, mais retomber à 1 800 euros nets dès qu’il part en vacances.

La direction de la SNCF, en négociation avec les grévistes depuis le mois de novembre, dit avoir proposé d’augmenter "la prime de travail" des cheminots de 600 euros bruts par an, et une indemnité supplémentaire pour les contrôleurs de 600 euros brut par an, avec une intégration partielle au salaire fixe dès 2024. Des promesses qui n’ont pas calmé les grévistes. Le CNA réclame l’intégration des primes aux salaires de base pour qu’elles soient prises en compte dans le calcul de leur retraite.

Concernant les congés payés, les chefs de bord sont très légèrement mieux lotis que le reste des Français. Un salarié a en moyenne droit à 27 jours, contre 28 pour un salarié de la SNCF. Les 22 jours de RTT correspondent à ce qui est prévu par la loi pour les salariés qui travaillent plus de 39 heures par semaine. De plus, le statut de cheminot n'est plus attribué aux nouveaux salariés recrutés sous contrat de droit privé depuis le 1er janvier 2020.

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