Grève des éboueurs : que jettent le plus les Français ?

Depuis plus d’une semaine, les éboueurs sont en grève et les ordures s’entassent. Mais de quoi sont composées les quelque 9400 tonnes de déchets qui jonchent le sol de la capitale ?

“S’ils ne nous entendent pas, ils vont nous sentir”. Depuis le 6 mars, les éboueurs de plusieurs villes de France sont en grève. Ils protestent contre la réforme des retraites, dont le report de l’âge légal de départ qui passerait de 57 à 59 ans, et mettent en avant leurs conditions de travail pénibles. Face aux déchets qui s’accumulent dans les rues, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a décidé de réquisitionner des agents pour évacuer les poubelles. Mais que disent nos déchets de notre mode de consommation ?

“Ce que l’on jette est in fine l’envers de ce que l’on consomme et de ce que l’on produit”, explique à Reporterre la sociologue et anthropologue, Delphine Corteel, qui a également écrit un ouvrage sur le sujet ("Les travailleurs des déchets", éd. Erès, 2011). Elle estime que la grève montre les limites de notre modèle, basé sur la surproduction et la consommation de masse, et où a fortiori on a besoin de détruire beaucoup.

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Restes des repas et fruits et légumes le plus souvent jetés

Dans un rapport de 2017, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) s’est plongée dans nos déchets. Verdict : les ordures ménagères résiduelles (OMR), soit les déchets des ménages après le tri, représentent 254kg par habitant. En tête, on retrouve les déchets putrescibles, des biodéchets qui se dégradent spontanément, avec 83 kg par et par habitant. Ce sont par exemple les fruits et légumes non consommés et les produits alimentaires sous emballages. Le gaspillage alimentaire représente au total 29kg par an pour une personne. En ajoutant l’essuie-tout et les mouchoirs usagés, le poids de ces déchets monte à 96 kg par an et par habitant. Cela représente beaucoup, mais la tendance va à la baisse.

France Nature Environnement table sur 10 millions de tonnes imputables au gaspillage alimentaire, restauration comprise. Dates de péremption trop courtes, critères de sélection élevés pour les fruits et légumes, erreurs de stocks, plusieurs éléments viennent expliquer ce lourd tribut. Quelque 5 millions de tonnes seraient imputables aux particuliers, ce qui représenterait 79 kg de déchets par an. Une étude a précisé la répartition de ces déchets : un quart de reste alimentaire, un quart de fruits et légumes, un cinquième de produits entamés, 18 % de produits non déballés et 14 % de pain. Avec quelques efforts, il serait possible d’alléger nos poubelles de 20 kg par an.

Pour le reste, l’ADEME a comptabilisé qu’une personne jetait 43kg de textile et textile sanitaire par an, 38kg de papiers et cartons, 37 kg de plastiques et 22kg de verre et métaux. À cela, il faut rajouter 30kg de plus par personne pour les autres déchets qui ne sont pas comptabilisés dans les autres catégories. Le tri sélectif a l'avantage de donner une seconde vie aux déchets, à condition d'éviter quelques erreurs.

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