Greta Thunberg arrêtée en Norvège pour s’être opposée à un projet éolien

Deux policières soulèvent Greta Thunberg pour mettre fin à son blocage du ministère norvégien des Finances, à Oslo, mercredi 1er mars.
Deux policières soulèvent Greta Thunberg pour mettre fin à son blocage du ministère norvégien des Finances, à Oslo, mercredi 1er mars.

ENVIRONNEMENT - Greta Thunberg est de tous les combats et n’hésite pas à donner de sa personne. Un mois et demi après avoir été arrêtée en Allemagne lors d’une manifestation anti-charbon, la militante écologiste suédoise a été interpellée en Norvège ce mercredi 1er mars. Elle s’était jointe cette fois-ci à une bataille menée par le peuple autochtone Samis pour la démolition d’éoliennes déclarées illégales car empiétant sur des pâturages de Rennes.

Emmitouflée dans une écharpe et un bonnet, un drapeau sami à la main, la jeune femme a été emmenée de force, mais sans violence, par deux policières ce mercredi matin. Elle était alors en train de bloquer une porte du ministère norvégien des Finances à Oslo en compagnie d’une dizaine de militants, eux aussi délogés.

Mobilisés depuis jeudi dernier, d’abord en occupant puis en bloquant des ministères, les activistes réclament la démolition de deux parcs éoliens toujours en activité à Fosen, dans l’ouest du pays, malgré une décision de justice défavorable rendue il y a plus de 500 jours. Pour obtenir gain de cause, ils promettent de « fermer l’État » norvégien aussi longtemps que les éoliennes restent debout et ont été rejoints depuis le début de la semaine par l’égérie suédoise de la lutte contre le changement climatique.

La transition climatique comme « couverture du colonialisme »

« Je vais continuer à participer aux protestations », a confié celle-ci au journal Verdens Gang (VG) mercredi, après avoir été délogée de l’entrée d’un autre ministère, celui du Climat et de l’Environnement. Ni elle ni les autres militants n’ont été placés en détention.

En octobre 2021, la Cour suprême norvégienne avait conclu que les deux parcs d’éoliennes à Fosen bafouaient le droit de familles samies à pratiquer leur culture, à savoir l’élevage de rennes, en violation d’un texte de l’ONU relatif aux droits civils et politiques, et que les autorisations accordées n’étaient donc pas valides. L’instance ne s’était néanmoins pas prononcée sur le sort des 151 turbines toujours en exploitation aujourd’hui, au grand dam de six familles samies qui utilisaient ces terres comme pâturages d’hiver pour leurs troupeaux.

La militante écologiste Greta Thunberg (au fond à droite), entourée d’activistes du climat, bloquent le ministère norvégien de l’Énergie à Oslo, le 27 février dernier.
La militante écologiste Greta Thunberg (au fond à droite), entourée d’activistes du climat, bloquent le ministère norvégien de l’Énergie à Oslo, le 27 février dernier.

Comptant environ 100 000 membres répartis entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie, la population samie a longtemps vécu principalement de la pêche et de l’élevage semi-nomade de rennes. Selon les éleveurs, le bruit et la forme des turbines effraient leurs animaux.

Mettant entre parenthèses sa croisade contre les énergies fossiles, Greta Thunberg a donc prêté sa voix à la mobilisation contre ces éoliennes. « Nous ne pouvons pas utiliser la prétendue transition climatique comme couverture pour du colonialisme », déclarait-elle lundi au micro de la chaîne TV2. « Une transition climatique qui viole les droits de l’Homme n’est pas une transition climatique digne de ce nom », a-t-elle fait valoir.

La recherche difficile d’un compromis

Critiquées pour leur lenteur supposée, les autorités norvégiennes se sont engagées à respecter le jugement de la Cour suprême et ont ordonné des expertises complémentaires dans l’espoir de trouver des mécanismes permettant de faire coexister producteurs d’électricité et éleveurs de rennes.

« Une coexistence entre éoliennes et élevage de rennes au même endroit, cela n’est pas possible », a affirmé à l’AFP Béatrice Fløystad, présidente de la plus grande organisation samie (NSR). « Une violation des droits de l’Homme se produit à cet instant même et il faut que cela cesse », a-t-elle dit.

« Le ministère fera son possible pour contribuer à ce que cette affaire puisse être résolue et que cela ne prenne pas plus de temps que nécessaires », a affirmé le ministre du Pétrole et de l’Énergie, Terje Aasland. La recherche d’un compromis est cependant difficile entre respect d’une décision de justice et des droits de l’Homme d’un côté et tentation de conserver des installations qui fournissent aujourd’hui une énergie précieuse après une construction coûteuse.

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