Grenoble: la majorité écologiste divisée sur le burkini dans les piscines

Eric Piolle, le maire EELV de Grenoble. - AFP
Eric Piolle, le maire EELV de Grenoble. - AFP

Une partie du conseil municipal grenoblois se désolidarise du maire Eric Piolle. L’écologiste veut faire voter l’autorisation du port du burkini dans les piscines de la ville. Mais selon les informations du journal Le Parisien, 13 élus du groupe majoritaire veulent voter contre ce lundi.

Éric Piolle, reconnaît lui-même que tous ses collègues ne partagent pas son avis sur ce maillot de bain couvrant, adopté par certaines femmes musulmanes. "Il n’y a pas d’unité dans la majorité (...) deux-tiers d'entre elle est favorable, un tiers défavorable”, explique l'édile sur Europe 1.

Problème, pour la figure écologiste, c'est que ce tiers d'élus opposés, sur 45 sièges de la majorité, va sans doute voter de concert avec l’opposition, menée par la droite de Laurent Wauquiez. Une opposition qui dispose de 14 voix sur un total de 59. En clair, l’autorisation du burkini dans les piscines municipales se jouera à une poignée de mains levées près.

Une partie de la majorité associée à l'opposition

C’est via un communiqué que les frondeurs écologistes sont sortis du bois. La conseillère municipale déléguée Salima Djidel et l’adjoint aux Finances Hakim Sabri sont les porte-parole de ce collectif d’élus. Les autres signataires ont gardé l’anonymat pour l’heure. Ils seraient au nombre de dix, ou treize, peut-être même davantage. Leur objectif: s’organiser pour torpiller le projet et faire basculer le vote. Ils sont issus de la majorité plurielle de Grenoble, écologistes, communistes, socialistes et Insoumis.

Dans ce communiqué, ils utilisent l’orthographe "burquini" pour "burkini", pour signifier le lien avec la burqua, note Le Dauphiné Libéré, récepteur de cette missive.

Le maire de la ville iséroise minimise l’opposition à ce projet. "Ce n’est pas une fronde, on en discute depuis quatre ans. On a pris le temps de la discussion, de débattre." Mais dans sa majorité, d’aucuns se demandent pourquoi remettre ce sujet inflammable sur la table.

Une "zemmourisation du débat"

"Depuis 2017, la question du burqini fait régulièrement l’objet de polémiques sans qu’aucun consensus ne se dégage. Cette délibération suscite depuis des semaines des débats clivants et souvent caricaturaux. Le fait est: l’autorisation du port du burqini divise les Grenoblois, divise les musulmans, divise l’arc humaniste que nous avons rassemblé autour du projet de 'Grenoble en commun', et divise jusqu’au sein-même de notre majorité municipale", écrivent les signataires de la majorité opposés au burkini.

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De son côté, Éric Piolle dénonce une instrumentalisation de la part de l'extrême droite, une "zemmourisation du débat''. Des propos qu'il a réitérés, ce dimanche, sur Europe 1. Avant de redire son attachement à la loi sur la laïcité:

"La loi de 1905 dit la liberté de conscience pour tous, l'État est neutre et chacun peut exprimer son culte. La règle est la même pour tous [...] A la piscine vous êtes comme dans la rue, vous vous habillez comme vous voulez."

A l’inverse, les opposants au burkini parlent d’un risque "d'aggravation de la fragmentation sociale" de Grenoble et "d’isolement de notre ville".

Et pour Éric Piolle d’invoquer le “combat féministe [qui] m’est cher”. Il demande au conseil municipal de ne pas “poser des interdits vestimentaires". Sa majorité frondeuse promet, elle, "un nombre significatif d’élus de la majorité municipale à exprimer collectivement un vote 'contre'" lors de la délibération.

Article original publié sur BFMTV.com