Greenpeace déverse 2 tonnes de lisier devant le ministère de l'Agriculture pour dénoncer les "fermes-usines"

L'association de lutte contre le réchauffement climatique veut mettre la pression sur le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau qui doit présenter prochainement un texte sur l'avenir du secteur agricole. 60% des animaux d'élevage sont concentrés dans 3% des fermes en France.

Une action coup de poing. Greenpeace a déversé ce lundi matin devant le ministère de l'Agriculture deux tonnes de lisier. Avec un but: "dénoncer l’élevage industriel qui pousse à surproduire toujours plus de viande sans se soucier des nombreuses conséquences environnementales", comme le rapportent les militants de l'association écologiste.

Dans plusieurs vidéos postées sur les réseaux sociaux, on aperçoit des activistes vêtus de combinaisons blanches qui ouvrent les vannes d'un camion pour déverser des excréments d'animaux. Autour d'eux, une énorme (fausse) tête de cochon dépasse d'un poids lourd, une camionnette ressemble à une volaillère, avec de faux poulets.

60% des animaux dans 3% des fermes

Ce rendez-vous devant le ministère dirigé par Marc Fesneau cherche à attirer l'attention sur les "fermes-usines". Ce terme dénonce la situation de l'élevage français: 60% des animaux qui sont ensuite consommés sont élevés dans 3% des fermes en France, selon des données du ministère de la Transition écologique.

70 % de ces exploitations sont situées en régions Bretagne et Pays de la Loire, entraînant des conséquences environnementales désastreuses. L'explosion des algues vertes sur le littoral breton est directement liée aux apports de lisier épandu par les agriculteurs dans les champs, et dont les excédents sont acheminés par les fleuves côtiers.

Ces ulves, sans risque quand elles sont fraîches, émettent en se décomposant un gaz potentiellement mortel, l'hydrogène sulfuré (H2S).

Un moratoire pour éviter toute nouvelle ouverture

Greenpeace, qui a multiplié les actions ce jour en France - devant la préfecture des Yvelines à Versailles, à la Rochelle, à Quimper ou encore à Quimper -, appelle à un moratoire contre "les fermes-usines" pour qu'aucune nouvelle exploitation de ce type ne soit agrandie ou voie le jour.

L'association qui lutte contre le réchauffement climatique espère ainsi mettre sous pression Marc Fesneau alors que ce proche de François Bayrou doit présenter dans les prochaines semaines une loi pour l'avenir de l'agriculture devant le Parlement. Plusieurs associations de lutte pour le climat ont multiplié les happening ces dernières semaines devant le ministère.

Une action après la réautorisation du glyphosate pour 10 ans

La mobilisation a également valeur de symbole, quelques jours à peine après l'abstention de la France sur la réautorisation du glyphosate dans l'Union européenne jusqu'en 2033. Emmanuel Macron avait promis de faire interdire cet herbicide potentiellement cancérigène d'après l'OMS. L'exécutif a finalement commencé à limiter ses usages dans le monde agricole et interdit son utilisation par les particuliers.

Dans la foulée de ce vote à Bruxelles, Marc Fesneau avait expliqué "vouloir laisser les agriculteurs utiliser le glyphosate" là "où il y a des impasses" techniques pour se passer de ce pesticide très controversé.

Article original publié sur BFMTV.com

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