De la grande utilité des études d’attribution
Mardi 21 mai, trois ONG et huit personnes vivant en Australie, en Belgique, en France, en Grèce, au Pakistan, aux Philippines et au Zimbabwe ont déposé au tribunal judiciaire de Paris une plainte visant le conseil d’administration et les actionnaires de TotalEnergies pour leur contribution au dérèglement climatique et à ses conséquences fatales sur les vies humaines et non humaines. Cette plainte n’est pas la première à laquelle le géant pétrolier est confronté, et rien ne dit qu’elle débouchera sur un procès : la procureure de la République a trois mois pour le décider.
Le plus frappant dans cette affaire, c’est que les principaux plaignants, des personnes de chair et d’os, directement victimes ou qui ont perdu des proches dans des tempêtes, des inondations et des feux de forêt, s’appuient sur des études “d’attribution”.
Il s’agit de travaux scientifiques qui permettent de déterminer le degré d’influence du réchauffement climatique d’origine anthropique sur l’apparition d’événements météorologiques intenses, tout en prenant en considération les fluctuations naturelles connues, comme le phénomène El Niño. “Des centaines d’études d’attribution ont démontré que les phénomènes météorologiques extrêmes étaient devenus plus violents et plus fréquents en raison des émissions [de gaz à effet de serre] issues de la combustion des énergies fossiles”, insiste The Guardian.
La science de l’attribution a fait d’énormes progrès. La première fois que j’en ai entendu parler, en 2015, elle était balbutiante et semblait surtout être un outil développé pour contrecarrer les arguments des climatosceptiques. “Les études montrent que les gens sont plus enclins à soutenir des politiques d’adaptation aux changements climatiques lorsqu’ils ont eux-mêmes vécu l’un de ces phénomènes exceptionnels, écrivait Nature en 2018. L’établissement rapide d’un lien de causalité entre un événement local et le changement climatique pourrait donc s’avérer particulièrement efficace [en matière de décisions politiques et de sensibilisation du public].”
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