La Grande Mosquée de Paris dénonce les propos de Gabriel Attal sur « l’entrisme islamiste »
POLITIQUE - Un appel au « discernement ». Dans un communiqué diffusé sur ses réseaux sociaux, la Grande mosquée de Paris exprime ce lundi 22 avril sa « plus vive préoccupation » après les propos du Premier ministre Gabriel Attal sur l’« entrisme islamiste » et appelle le gouvernement à ne pas « nourrir » l’extrême droite « par la stigmatisation des musulmans ».
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Chems-eddine Hafiz pointe à cet égard l’intervention de Gabriel Attal jeudi dernier sur BFMTV, quelques heures après son déplacement à Viry-Châtillon. C’est dans cette commune de l’Essonne, que Shemseddine, 15 ans, est mort au début du mois d’avril après avoir été tabassé à la sortie de son collège.
Dans cette interview donnée à la chaîne d’information, Gabriel Attal a dénoncé l’existence « de groupes plus ou moins organisés qui cherchent à faire un entrisme islamiste » prônant « les préceptes de la charia, notamment dans les écoles ». Une expression vivement contestée par la Grande Mosquée de Paris qui regrette des « déclarations politiciennes » sans « preuves tangibles. »
𝐂𝐎𝐌𝐌𝐔𝐍𝐈𝐐𝐔𝐄́ | La Grande Mosquée de Paris exprime sa plus vive préoccupation à la suite du discours du Premier ministre @GabrielAttal sur l'« entrisme islamiste » lors de sa récente visite à Viry-Châtillon. Elle déplore une généralisation qui risque de stigmatiser la… pic.twitter.com/6pR99PwCEL
— Grande Mosquée de Paris (@mosqueedeparis) April 22, 2024
« Nous appelons fermement Gabriel Attal et le gouvernement à faire preuve de discernement dans leurs discours, particulièrement en cette période électorale où fort malheureusement l’islam et les musulmans sont trop souvent instrumentalisés comme un argument dans la course aux voix de l’extrême droite », écrit Chems-eddine Hafiz.
Un terme « totalement inapproprié »
« Le gouvernement a le devoir et la responsabilité de combattre l’extrême droite en évitant de la nourrir par la stigmatisation des musulmans », ajoute-t-il. Son communiqué assure que, « en tant que citoyens de confession musulmane, nous sommes fermement engagés à lutter contre toute forme d’extrémisme et nous sommes disposés à être en première ligne pour lutter contre les dérives, pour peu qu’elles nous soient clairement identifiées ».
Les propos du Premier ministre ont aussi provoqué des remous à gauche, Jean-Luc Mélenchon les qualifiant notamment d’« accusation islamophobe tout à fait gratuite ». La cheffe de file des députés écologistes Cyrielle Chatelain a quant à elle estimé dimanche que Gabriel Attal nourrissait « une obsession sur la question des musulmans », l’accusant de « reprendre les mots et les idées » du Rassemblement national.
Dans son communiqué, le recteur conteste aussi l’expression choisie par le Premier ministre. « L’emploi du terme entrisme, issu de l’idéologie politique trotskiste, est totalement inapproprié dans ce contexte », explique Chems-eddine Hafiz qui suggère « vivement » au Premier ministre « de se pencher sur des faits avérés » tels que « le décalage » en mathématiques des élèves issus de l’immigration en France par rapport à des pays comme le Canada ou le Royaume-Uni.
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