Grande Bretagne: Un hôpital a abrégé la vie de plus de 450 patients sans raison

Plus de 450 patients sont morts prématurément entre 1989 et 2000 dans un hôpital du sud de l'Angleterre après avoir reçu de puissants antalgiques administrés sans aucune justification médicale, est-il écrit dans un rapport indépendant qualifiant cette pratique de "mépris envers la vie humaine". /Photo prise le 10 avril 2018/REUTERS/Peter Nicholls

GOSPORT, Grande-Bretagne (Reuters) - Plus de 450 patients sont morts prématurément entre 1989 et 2000 dans un hôpital du sud de l'Angleterre après avoir reçu de puissants antalgiques administrés sans aucune justification médicale, est-il écrit dans un rapport indépendant qualifiant cette pratique de "mépris envers la vie humaine".

Les auteurs de ce rapport écrivent que le Gosport War Memorial Hospital a été le théâtre d'un régime institutionnalisé de prescription et d'administration de doses dangereuses d'opioïdes dépourvues de justification sur le plan clinique.

"Il y avait un mépris pour la vie humaine et une culture consistant à abréger la vie d'un grand nombre de patients", est-il écrit dans ce rapport.

Les mises en garde des infirmières ont été ignorées et les autorités sanitaires tout comme la police se sont montrées incapables de protéger les patients, accusent les auteurs.

Ce rapport estime le nombre de victimes à 456. Il ajoute que "probablement au moins 200 autres patients ont été affectés de manière similaire mais leurs dossiers médicaux n'ont pas été trouvés".

Malgré leur concomitance, les auteurs du rapport ont souligné la différence entre ces morts de Gosport et les révélations sur Harold Shipman. Ce médecin de famille, surnommé "Docteur la mort", a été condamné en 2000 pour le meurtre de 15 patients via des injections de doses mortelles d'héroïne. Une enquête a par la suite évalué à 250 le nombre de ses victimes.

"Nous établissons une distinction parce que Harold Shipman a agi seul alors que ce que nous vous décrivons dans ce rapport, c'est une pratique institutionnalisée et cela fait une différence importante", a dit à la presse le révérend James Jones, président du comité indépendant d'enquête.

(Henry Nicholls; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Pierre Sérisier)