Grand Prix de F1 de Las Vegas : ville défigurée, froid et places bradées... une course moins glamour qu’imaginé

Carlos Sainz, ici sur la Ferrari SF-23 lors des qualifications pour le Grand Prix de F1 de Las Vegas, le 17 novembre 2023.
JARED C. TILTON / Getty Images via AFP Carlos Sainz, ici sur la Ferrari SF-23 lors des qualifications pour le Grand Prix de F1 de Las Vegas, le 17 novembre 2023.

FORMULE 1 - Depuis quelques années, Las Vegas, la ville du jeu et de tous les excès, s’est trouvée une passion pour le sport : une franchise de hockey sur glace depuis 2016, une autre de football américain depuis 2020, bientôt une de baseball et peut-être même dans le futur une de basket... Et désormais un Grand Prix de Formule 1.

Après neuf longs mois de préparation qui ont particulièrement perturbé la vie touristique et frénétique sur le célèbre Strip, celui-ci se déroule depuis jeudi 16 novembre avec en point d’orgue la course dont le départ sera donné ce dimanche à 7h, heure française.

L’organisation de ce Grand Prix démesuré dans le Nevada aura été loin d’être un long fleuve tranquille, suscitant même quelques doutes de dernière minute. Il a même fallu refaire quelques parties du circuit dans la nuit de jeudi à vendredi après qu’une bouche d’égout a endommagé plusieurs voitures lors des essais.

L’installation du circuit de 6,2 km en plein centre-ville, le deuxième plus long de la saison, a défiguré une bonne partie du Strip. Comme le liste une journaliste indépendante sur X, les contraintes se sont accumulées pour laisser place aux gradins : des palmiers arrachés, les canaux imitant Venise et prisés des touristes asséchés, une attraction du Caesars Palace démolie, des barrières visuelles installées pour empêcher les gens d’assister à l’événement depuis les ponts...

Avec ça, les taxis et VTC facturent durant toute la durée de l’événement (du jeudi au dimanche) des « frais supplémentaires » à leurs clients, et les embouteillages à l’aéroport et sur les grands axes routiers de la ville sont légion, rendant difficile la circulation pour les habitants et les milliers de travailleurs de l’hôtellerie.

Des places à moitié prix

Greg Maffei, patron de Liberty Media et propriétaire de Formula One, a tenu cette semaine à s’« excuser auprès de tous les habitants » de Las Vegas, à qui il promet des revenus de 1,7 milliard de dollars. « On espère que le plus dur était pour cette année, avec plusieurs constructions, et que ce sera plus facile dans le futur. »

Comme si cela ne suffisait pas, il n’est même pas sûr que les gradins fassent le plein. À quelques jours de la course, la billetterie officielle continuait de brader ses prix pour tenter d’attirer le plus de monde possible. En milieu de semaine, le billet le moins cher était ainsi proposé à 800 dollars pour la journée de dimanche. Il y a un mois seulement, ce prix d’entrée était encore fixé à 1 645 dollars...

Lors des essais jeudi et vendredi, des parties des gradins restaient même désespérément vides :

Plusieurs facteurs contribuent à cet engouement finalement moins important que prévu : une température qui pourrait descendre à 13 degrés au moment du départ samedi (22h, heure locale), un intérêt moindre pour visiter la ville à cette période « froide » de l’année, ou encore l’intérêt sportif qui a largement diminué pour les fans de F1 avec le titre de champion du monde déjà remporté par Max Verstappen le mois dernier.

Jeff Gluck, journaliste spécialisé dans les sports mécaniques pour The Athletic, a aussi émis l’hypothèse que les téléspectateurs américains qui ont pu être attirés par la série Netflix sur la Formule 1 Drive to Survive ont peut-être déjà perdu leur intérêt pour ce sport automobile, rapporte CNN.

Max Verstappen peu enthousiaste

Brett Goldberg, PDG de TickPick (un site de revente de places pour de grands événements) veut lui croire que ce long week-end de F1 va « créer des images et expériences incroyables pour les spectateurs », avec un circuit au cadre grandiose au milieu des plus célèbres hôtels du monde et tout près de la Sphère, une boule-écran gigantesque inaugurée fin septembre.

Cette Sphère, avec ses couleurs vives et flash lumineux visibles à des kilomètres à la ronde, qui fonctionne en continu, constituait d’ailleurs un point d’interrogation pour les organisateurs de l’événement. Finalement, pour gêner le moins possible les pilotes, il a été acté que les couleurs rouge, jaune et bleu en ont été bannies.

Tout ce barnum reste en tout cas loin d’impressionner le (déjà) champion du monde de cette saison. Interrogé sur le retour de la F1 à Las Vegas 41 ans après le dernier Grand Prix disputé ici, « c’est à 99 pour cent du show et un pour cent du sport », a répondu Max Verstappen.

Avant même le début des péripéties du week-end, le Néerlandais a estimé que le tracé n’était « pas très intéressant » et qu’il « manqu(ait) de virages ». « Je donne toujours mon avis, positif ou négatif, je suis comme ça. Certains aiment les paillettes, je ne suis pas du tout comme ça. J’apprécie d’être à Vegas, mais pas pour une compétition », a encore taclé le pilote. Mais il cherchera tout de même à remporter la course, ce qui serait sa 18e victoire de la saison.

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