"Un grand classique": avec son offensive médiatique, Macron met ses pas dans ceux d'Hollande et Sarkozy

Prendre la parole tous azimuts pour tenter de sortir de la nasse politique. Pour tourner définitivement la page des retraites, Emmanuel Macron n'a eu de cesse de se démultiplier ces derniers jours.

Déplacements de terrain tous azimuts ces dernières semaines tout comme à Dunkerque ce vendredi et une interview dans l'hebdomadaire Challenges, le quotidien L'Opinion et sur TF1 ce lundi soir en seulement quelques jours...

"Un côté réflexe quand les temps sont difficiles"

Le président, qui est au plus bas dans les sondages depuis sa réélection, n'est pas le seul à avoir cherché à repartir à la conquête de l'opinion par les médias avec un. Avec des résultats variés pour ses prédécesseurs.

"On est dans le grand classique des présidents ces quinze dernières années qui n'ont plus la parole rare de François Mitterrand et de Jacques Chirac dans une certaine mesure", décrypte Isabelle Veyrat-Masson, directrice du laboratoire Communication et politique du CNRS auprès de BFMTV.com.

"Il y a un petit côté réflexe quand les temps sont difficiles et Emmanuel Macron ne fait pas exception", ajoute encore cette spécialiste. Le locataire de l'Élysée met ainsi ses pas dans ceux de François Hollande qui, en pleine chute dans les sondages en novembre 2014, se lance dans une tournée médiatique qui dure plusieurs semaines.

D'une interview de deux heures sur France Inter à un entretien fleuve dans Le Monde en passant par une longue émission politique sur France 2, le socialiste se présente comme "un président de combat" pendant les premiers jours de janvier.

"Difficile de sortir d'un défaut d'image"

Abîmé politiquement par sa stratégie économique qui froisse une partie des députés socialistes, François Hollande qui connaît alors une cote de confiance historiquement basse, veut croire à un rebond.

Sans résultats directs. Crédité de 12% d'opinion favorable en novembre 2014 d'après un sondage YouGov France, le chef de l'État ne bouge pas dans les études les semaines suivantes.

"Quand vous avez un défaut d'image, c'est difficile d'en sortir. Hollande souffrait d'un manque de charisme qui lui reprochait les Français. Macron souffre lui d'une image d'un président autoritaire Une interview peut-elle changer cela?", s'interroge Frédéric Saint-Clair, ancien conseiller en communication de l'ex Premier ministre Dominique de Villepin.

Ces semaines d'offensive médiatique du sexagénaire aux résultats décevants sont cependant suivies de l'attentat à la rédaction de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher qui bouleversent le pays, entraînant une très forte hausse de la popularité de François Hollande avec 40% de popularité d'après Odoxa.

"S'appuyer sur des traits de caractère"

La stratégie d'enchaîner les interventions médiatiques a également été très utilisée par Nicolas Sarkozy. Grand adepte des interviews lorsqu'il était ministre de l'Intérieur jusqu'à sa présidence, le chef de l'État pris par la crise bancaire et les printemps arabes est contraint à une pause médiatique de plusieurs mois en 2011.

En très grande difficulté dans les sondages avec une popularité historiquement basse et à quelques mois de la présidentielle de 2012, le président s'offre un retour sur les plateaux de télévision sur "l'Europe et la crise" sur TF1 et France 2 avant à peine 6 jours plus tard de donner une longue conférence de presse commune avec Barack Obama lors du G20 à Cannes.

En janvier 2012, le chef de l'État qui prépare son entrée en campagne est interviewé par pas moins de 4 chaînes de télévision. Le tout, entrecoupé d'une matinale sur RTL, d'un entretien au Figaro et au Monde. De quoi espérer remonter la pente entre la montée du chômage et les affaires judiciaires qui visent ses proches.

"Nicolas Sarkozy avait l'image d'un président combatif et volontaire. Il a toujours su s'appuyer sur ses traits-là dans les interviews pour convaincre", avance Arnaud Benedetti, professeur associé à La Sorbonne.

Avec un certain succès: si en novembre 2011, Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages depuis son élection en 2007 avec seulement 32% d'opinions favorables d'après un sondage LH2 pour L'Obs, il remonte à 37% en janvier.

"Pas de recette miracle"

Le rebond n'empêche cependant pas Nicolas Sarkozy de perdre la présidentielle face à François Hollande en mai. À quelques jours de sa défaite, il est pourtant au plus haut dans les sondages depuis le printemps 2009.

"On voit bien qu'il n'y a pas de recette miracle pour sortir de l'ornière. On peut avoir envie de tourner la page mais à la fin, ce sont bien les électeurs qui choisissent les sujets qui leur semblent capitaux. Les Français ne sont pas prêts à fermer la page des retraites pour Emmanuel Macron", juge encore la communicante politique Émilie Zapalski

Le président va pourtant tenter d'aller sur des terrains qui lui semble plus favorables que le recul de l'âge de départ à 64 ans, que ce soit sur la réindustrialisation avec une moisson record d'investissements étrangers ou la baisse des impôts pour les Français gagnants entre 1500 et 2500 euros par mois.

Pour l'instant, ni son allocution après la promulgation de la réforme des retraites ni son entretien avec des lecteurs du Parisien n'ont permis de renverser la vapeur.

Article original publié sur BFMTV.com