Graffitis géants pour un gratte-ciel abandonné à Los Angeles

La ville de Los Angeles s’est dotée cette semaine d’une œuvre d’art éphémère et proprement monumentale, avec l’apparition inattendue de dizaines de graffitis géants sur un gratte-ciel abandonné.

La carcasse fantomatique, qui hante le centre de la mégapole depuis cinq ans, est l’une des trois tours d’un projet immobilier d’un milliard de dollars, dont développement s’est arrêté net en 2019 quand son promoteur s’est retrouvé à court d’argent.

Selon le Los Angeles Times, les tagueurs ont investi les lieux le lundi 29 janvier et ont travaillé sans relâche pendant trois nuits pour recouvrir “au moins 27 étages du bâtiment à la construction inachevée”.

Selon le grand quotidien de la côte Ouest, les travaux se poursuivaient même en journée : jeudi après-midi, des tagueurs escaladaient encore les clôtures brisées “pour ajouter effrontément leur propre œuvre aux graffitis nocturnes”.

“C’est dangereux”, affirmait cependant un artiste venu “filmer son propre travail sur le bâtiment avec un drone”, inquiet que “les plus jeunes enfants” aperçus sur le site “ne se blessent”.

Fonction urbaine

Selon le photographe Daron Burgundy, qui a suivi les artistes, les nuits n’étaient pas de tout repos pour les tagueurs. Mercredi soir, “les gens allaient et venaient, ils se faisaient choper par la police, qui les verbalisait et les relâchait. Mais ça continuait à taguer pendant que les flics étaient là”, raconte-t-il.

La police a précisé qu’elle allait renforcer la sécurité du bâtiment pour empêcher les infractions, et confirmé qu’elle n’avait “procédé à aucune arrestation en lien avec les activités de vandalisme”.

Pour Stefano Bloch, un ancien tagueur aujourd’hui professeur en criminologie à l’Université de l’Arizona, les graffitis et leurs auteurs ont une vraie fonction urbaine.

“Les gens ont le droit de ne pas apprécier ce que font les tagueurs, mais je les enjoins à respecter les efforts déployés pour utiliser un espace dont personne d’autre ne semble se soucier”, déclare-t-il. Ce gratte-ciel à l’abandon est pour lui le parfait exemple d’un espace négligé, que les tagueurs utilisent “pour rendre la ville plus humaine”.

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