Grèves du 7 mars: Michel Onfray "soutient les blocages" et fustige Emmanuel Macron

Convaincu que "nous avons les moyens d'une retraite à 60 ans", l'essayiste Michel Onfray est opposé au report de l'âge de départ à la retraite que le gouvernement veut fixer à 64 ans. En conséquence, l'intellectuel, qui a récemment publié le troisième tome de sa Nef des fous - une référence empruntée au peintre Jérôme Bosch pour titrer son journal de l'année 2022 - a dit son soutien au mouvement social qui lutte contre le projet de réforme.

"Des tas de gens ont des raisons d'être en colère"

Et tandis que l'intersyndicale, toujours unie, appelle à "mettre le pays à l'arrêt" mardi 7 mars prochain, Michel Onfray a exprimé sa solidarité avec les organisations de travailleurs: "Je soutiens les blocages". "Je suis d'accord avec ce que demandent les syndicats aujourd'hui", a-t-il renforcé plus tard, estimant que les manifestations et les grèves étaient les signes d'un ras-le-bol plus général encore:

"C'est même au-delà de la réforme des retraites, ça devient une espèce d'appel au peuple. C'est une façon de dire: 'Alors vous soutenez Macron ou pas? Vous soutenez sa politique ou pas?'", a-t-il questionné.

"C'est comme avec un référendum où, au bout d'un moment, ce n'est plus la question posée qui importe. C'est simplement on n'en peut plus de cet homme, de cette politique", a-t-il ajouté.

Il a alors illustré cette colère populaire: "Des tas des gens ont des raisons d'être mécontents, ne serait-ce que les boulangers quand ils voient leur facture d'électricité." "Quand le rapport de force peut s'inverser il faut le faire", a-t-il alors insisté.

Sur le fond, Michel Onfray juge que le projet de réforme des retraites n'est qu'une atteinte de la mondialisation sur la souveraineté française, y voyant la traduction d'une exigence de la Commission européenne. "C'est simplement une décision européenne, qu'on nous fait passer pour quelque chose d'important, d'urgent", a-t-il lancé.

"On peut échapper à l'Europe, on peut rester souverain en disant qu'il n'y a pas d'urgence. L'Europe veut une unification sur tout (...) Il s'agit de travailler à une dilution des peuples", a-t-il poursuivi.

L'auteur a même fustigé l'influence des États-Unis: "Vous n'ignorez pas que la France joue un jeu particulier avec l'Europe, que la souveraineté nationale est perdue depuis 1992 (date de la signature du Traité de Maastricht, NDLR) et que l'Europe joue un rôle particulier avec les Etats-Unis".

Michel Onfray pense de surcroît Emmanuel Macron trop mal élu, appuyé sur une majorité trop relative à l'Assemblée nationale, pour avoir les moyens de sa politique, en tout cas en ce qui concerne les retraites: "La légitimité n'existe pas car Macron croit que le peuple est à son service. Mais on consulte le peuple, on lui demande ce qu'il souhaite et quand le peuple dit: 'Non, ça ne nous intéresse pas' on passe à autre chose". "Là, on dit: 'On a une feuille de route, c'est ainsi'", a-t-il déploré.

Article original publié sur BFMTV.com