Grève des éboueurs : les militaires aperçus dans Paris n’ont pas été réquisitionnés pour nettoyer

La photo de ces militaires en plein nettoyage d’une rue du Ve arrondissement de Paris a suscité de nombreuses questions sur les réseaux sociaux.
La photo de ces militaires en plein nettoyage d’une rue du Ve arrondissement de Paris a suscité de nombreuses questions sur les réseaux sociaux.

PARIS - Des soldats réquisitionnés pour nettoyer les rues de Paris ? Au moment où les ordures ménagères continuent de s’accumuler sur le pavé parisien en raison de la grève des éboueurs (la mairie de Paris évoque 10 000 tonnes de déchets dans les rues), une photographie de militaires en plein nettoyage d’un tas d’ordure suscite de nombreuses questions ce vendredi 17 mars.

Suite au refus de la maire de Paris de remettre les grévistes au travail, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur ordre du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a commencé à jeudi soir à réquisitionner des agents municipaux de la ville de Paris, au nom de la salubrité publique.

Mais la confusion de ces derniers jours autour du ramassage des déchets dans la capitale a visiblement conduit à la propagation d’une « fake news », selon laquelle des militaires ont également été réquisitionnés par l’État pour désengorger la capitale de ses détritus, comme en attestent les différentes publications ci-dessous.

« Initiative localisée »

Cette photo, prise ce vendredi matin montre en effet trois hommes en treillis militaire occupés à nettoyer un tas de poubelles rue Mouffetard, dans le Ve arrondissement. Le compte Twitter de la Gendarmerie nationale a rapidement tenu à rétablir la vérité.

« Il s’agit simplement de gardes républicains en treillis qui reconditionnent les déchets pour des raisons de salubrité et - surtout - de sécurité aux abords de leur caserne de gendarmerie. Fin de l’histoire », a tweeté le compte officiel de la Gendarmerie nationale, évoquant une « fake news » pour une simple « initiative localisée ».

Auprès de TF1, la caserne militaire Monge, située tout près de la rue Mouffetard, en dit plus. « Le service de casernement s’est occupé de débarrasser l’avant de la caserne car des détritus se trouvaient le long du trottoir et pouvaient provoquer un départ d’incendie, qui aurait pu toucher le bâtiment et remonter dans les étages », a-t-on expliqué.

Le but étant de rassembler les ordures et de les entreposer de manière plus organisée afin de faciliter le passage sur le trottoir et éviter les risques sanitaires et sécuritaires. Une justification d’ailleurs confirmée par un journaliste de Libération qui évoque des sacs-poubelles toujours présents, « mais désormais, les tas sont un peu plus organisés ».

Des précédents en France

À la suite de plusieurs grèves des éboueurs à Marseille en 2021 et 2022, la question de recourir aux militaires pour nettoyer les rues de la cité phocéenne s’était pourtant posée, comme le rappelait d’ailleurs France Bleu Paca fin janvier 2022. Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille avait alors demandé au préfet de « réquisitionner l’armée pour venir à bout des tonnes de déchets qui jonchent le sol ». Le risque d’un « écocide » pour le littoral méditerranéen avait alors servi d’argument pour cette demande.

Il faut dire que cette demande ne sortait pas de nulle part puisqu’en 1999 et en 2010, la mairie avait justement fait appel aux militaires français pour nettoyer Marseille de ses déchets. La première fois, à la demande de l’ancien maire Jean-Claude Gaudin, dans les quartiers nord de la ville. Puis en 2010, où Michel Sappin, alors préfet des Bouches-du-Rhône avait eu recours à l’armée, ou plus précisément à du personnel de la légion étrangère et de la sécurité civile de Brignole, comme le rappelle encore France Bleu.

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