Grève des éboueurs : à Paris, Hidalgo sommée d’agir par le préfet de police

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, et la maire de Paris, Anne Hidalgo, ici le 27 septembre 2022 à Paris.
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, et la maire de Paris, Anne Hidalgo, ici le 27 septembre 2022 à Paris.

PARIS - Ultime avertissement pour la maire de Paris ? Après qu’il a été invité mardi 14 mars au soir par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à demander à la mairie de Paris de « réquisitionner » des moyens pour nettoyer la capitale de ses détritus, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez est passé à l’action ce mercredi 15 mars. Et cela sous la forme d’une lettre de mise en demeure d’agir, comme le confirme la préfecture de police au HuffPost.

En ce jour de nouvelle mobilisation contre la réforme des retraites, le préfet de police a ainsi écrit à Anne Hidalgo, à la suite de dix jours d’accumulation d’ordures ménages dans les rues de la capitale, conséquence directe de la grève des éboueurs dans la capitale.

Or avec pas moins de 7 000 tonnes de déchets cumulées dans une dizaine d’arrondissements, la situation se tend et oblige Laurent Nuñez à faire un constat préoccupant. « La concentration de détritus, notamment alimentaires, dans certaines rues de Paris, fait courir des risques à la population, en ce qu’elle entrave le cheminement sécurisé des piétons, en particulier celui des personnes à mobilité réduite, pose un problème d’hygiène publique et favorise la prolifération des rats, vecteurs de maladies transmissibles à l’homme », liste-t-il dans son courrier, une manière faire prendre conscience de l’urgence de nettoyer les rues de Paris.

Le préfet de police évoque aussi un risque accru d’incendies à cause de l’amoncellement de poubelles, comme en témoignent plusieurs départs de feu d’ordinaire peu communs dans Paris. « Cet amoncellement favorise les risques d’incendies, comme la brigade de sapeurs-pompiers de Paris a pu le constater la nuit du 13 au 14 mars dans le XVIe arrondissement avec le départ de 8 à 9 feux entre 1 heure et 2 heures, situation qu’elle qualifie de très inhabituelle ».

Réquisitions en ligne de mire

Autant d’éléments accumulés qui devraient inviter Anne Hidalgo à réagir au plus vite, selon Laurent Nuñez. Car malgré les mesures dites « palliatives pour gérer les points d’urgence absolue » défendues par la Ville, ces dernières ne sont pas « de nature à prévenir les risques pour la population, si la grève devait s’installer dans la durée », reconnaît la municipalité par la voix du premier adjoint Emmanuel Grégoire. Pourtant, cela risque d’être le cas avec la reconduction du mouvement de grève des éboueurs jusqu’au 20 mars.

Dans son courrier, le préfet de police de Paris demande par conséquent « des mesures plus adaptées et fortes, notamment par le recours à la réquisition ». Une mesure déjà évoquée ces derniers jours par plusieurs maires d’arrondissement. Conscient qu’il sera sans doute difficile de faire changer d’avis la maire de Paris, qui se dit toujours « solidaire » des grévistes comme elle l’a encore rappelé ce mercredi, Laurent Nuñez se dit en outre prêt à « intervenir directement par substitution ».

« Dans cette hypothèse, je vous remercierai de me communiquer la liste des agents relevant de votre autorité que je serai amené à réquisitionner », demande-t-il à Anne Hidalgo, sans toutefois donner de date claire sur la mise en place de cette réquisition, prochain dossier brûlant de la grève des éboueurs.

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