Grève des éboueurs : à Paris, ces habitants se cotisent pour le ramassage des ordures

Depuis que les éboueurs se sont mis en grève contre le projet de réforme des retraites du gouvernement français, les poubelles ne cessent de s’accumuler à Paris.
Depuis que les éboueurs se sont mis en grève contre le projet de réforme des retraites du gouvernement français, les poubelles ne cessent de s’accumuler à Paris.

PARIS - Grève des éboueurs, jour 16. À Paris, où les agents municipaux restent mobilisés dans leur mouvement de grève contre la réforme des retraites, certains habitants ont décidé d’opter pour une nouvelle méthode de ramassage des ordures, quitte à y mettre le prix.

Reconduite jusqu’au lundi 27 mars par la CGT services publics, la grève des éboueurs continue d’avoir des répercussions plus ou moins fortes sur les arrondissements de la capitale, où l’on comptait encore plus de 9 000 tonnes non ramassées ce lundi 20 mars.

Raison pour laquelle des habitants et certains commerçants de quartiers fortement touchés par l’accumulation des déchets ont décidé d’agir eux-mêmes pour désengorger les trottoirs. BFMTV cite le cas d’habitants du XVIe arrondissement de Paris qui se sont cotisés pour faire intervenir une société privée dans leur rue.

Le riverain à l’origine de l’initiative raconte : « Samedi après-midi, j’ai vu qu’un camion ra massait les poubelles à certains endroits de la rue, mais pas à d’autres. Je leur ai posé la question de savoir s’ils pouvaient prendre mes poubelles. Ils m’ont répondu qu’ils étaient une entreprise privée et qu’ils pouvaient le faire sur commande. »

Et sans attendre, l’homme évoque le sujet avec d’autres résidents de son immeuble, situé au 11 rue Eugène Labiche. Ensemble, ils se sont alors cotisés donc pour débarrasser les 3 à 4 m3 de déchets accumulés depuis plusieurs jours devant leur domicile. « C’était 20 euros du m3 hors taxe pour avoir une entrée propre », assure cet habitant.

Et auprès de BFMTV, une société privée confirme bel et bien la tendance. « C’était un appel par particulier tous les 10 jours et là c’est dix appels de dix particuliers toutes les dix secondes », reconnaît Yoad Atlan, gérant de l’entreprise Dr Cleaner.

Réquisitions et opération « Christophe Maé »

Si tous les Parisiens ne peuvent pas se permettre mettre la main au porte-monnaie pour faire enlever leurs détritus, la préfecture de police de Paris a communiqué ce mardi les premiers chiffres officiels sur les réquisitions effectuées pour assurer un service de ramassage minimum en adéquation avec le respect du droit de grèves des agents municipaux parisiens.

Ainsi, depuis le 16 mars, ce ne sont pas moins de 674 agents qui ont été visés par des réquisitions, permettant déjà de débarrasser certaines rues des poubelles abandonnées depuis plus de deux semaines sur le trottoir.

La préfecture de police de Paris évoque également « onze sociétés » réquisitionnées à cette occasion. Soit « 206 camions » mobilisés pour sillonner les rues de Paris, alors que « quatre centres de tri de déchets ont fait l’objet d’un déblocage par les forces de l’ordre, pour permettre la sortie de ces véhicules ».

Des forces nécessaires, d’autant plus que certains militants engagés contre la réforme des retraites n’hésitent pas à faire preuve d’ingéniosité pour entraver le travail des agents réquisitionnés et donc soutenir la grève des éboueurs. Ainsi, le collectif Alternatiba Paris apprend sur ses réseaux sociaux depuis quelques jours comment attacher deux poubelles ensemble à l’aide d’un collier de serrage en plastique. Nom de l’opération ? « Christophe Maé », en hommage à son tube On s’attache.

« Ces déchets visibles, c’est un moyen de visibiliser notre surconsommation et surproduction, notamment dans les quartiers riches. C’est un moyen de montrer l’importance des éboueurs, pourtant dévalorisés, sous-payés, maltraités. Tous ces déchets ont rapidement énervé les plus riches, habituellement préservés de tout. Maintenant que l’opposition à la réforme arrive en bas de chez eux, ils ne peuvent plus l’ignorer », avance le mouvement citoyen et de préservation du climat.

Cellule de crise ouverte

Avec le prolongement de la grève pour une semaine supplémentaire, la maire de Paris, Anne Hidalgo, s’est elle aussi mobilisée pour améliorer la situation sanitaire et sécuritaire dans Paris. Ce mardi 21 mars, elle a annoncé la mise en place d’une cellule de crise dans la capitale, qui mobilisera chaque jour « les adjoints, les maires d’arrondissement, le secrétariat général de la ville et les directeurs concernés » dans le but de faire le point quotidiennement sur la situation.

« La cellule de crise permettra également d’identifier et de prioriser les actions à engager et de prendre les décisions qui s’imposent afin d’assurer la continuité des services publics pour les Parisiennes et les Parisiens et les en informer en temps réel », assure le communiqué de presse de la maire de la Paris. Elle en profite d’ailleurs pour réitérer son appel « au calme » et « exhorte le gouvernement à retirer sa réforme et d’engager le dialogue avec les partenaires sociaux ».

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