"Le gouvernement est d'ores et déjà mort": les oppositions réagissent après l'adoption de la réforme des retraites

Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, Aurélien Pradié, député Les Républicains qui a voté la motion de censure du gouvernement et Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale. - BFMTV - LUDOVIC MARIN / AFP

Face aux rejets des deux motions de censure par l'Assemblée nationale, les députés des oppositions appellent au départ d'Élisabeth Borne. La gauche continue de demander le retrait du texte.

La motion de censure transpartisane a manqué de neuf voix pour être adoptée, la motion du Rassemblement national en a manqué de 193. Le gouvernement n'a donc pas été renversé par un vote des députés à l'Assemblée nationale, ce lundi. Les oppositions de gauche et RN ont immédiatement appelé à la démission d'Élisabeth Borne. La Nupes a appelé Emmanuel Macron à ne pas signer le texte, la dernière étape pour ratifier le texte.

Élisabeth Borne "doit partir"

Marine Le Pen a estimé lundi qu'Élisabeth Borne "doit partir" ou "le président doit démissionner" après le vote serré sur la motion de censure, qui est "une sanction claire et du fond et de la forme du gouvernement", selon la leader d'extrême droite.

"Il y a ce que dit le résultat du scrutin mathématiquement, (mais) il y a ce qu'il dit politiquement: je pense que le président de la République devrait écouter ce que dit ce scrutin politiquement", a ajouté la présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale.

Son groupe avait déposé sa propre motion de censure, votée par 94 députés. Le texte "a recueilli plus de voix que les simples voix du Rassemblement national et nous nous félicitons", a expliqué Marine Le Pen sur BFMTV.

Demande de retrait et d'une "censure populaire"

Dès l'annonce du rejet de la motion, les élus de gauche ont brandi debout dans l'hémicycle des pancartes proclamant "RDV dans la rue, "on continue" ou "64 ans c'est non. La Nupes a aussi scandé "démission, démission", à l'adresse des ministres présents, au premier chef Élisabeth Borne.

La cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, ensuite estimé, au cours d'une interview dans la salle des Quatre colonnes, que le gouvernement est "d'ores et déjà mort aux yeux des Français", annonçant également que "rien n'est fini dans ce pays et nous continuerons jusqu'au bout". Le député insoumis François Ruffin a lui aussi appelé la Première ministre à démissionner, estimant aussi que le président Emmanuel Macron, pour "l'apaisement du pays", devait "ne pas promulguer" la réforme des retraites.

"Le moment est venu de passer à la censure populaire. Je veux que cette censure populaire s'exprime massivement" et ce "en tout lieu et en toute circonstance", a jaugé pour sa part le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon. Il considère que c'est par "la démocratie sociale qu'il va falloir imposer cette décision".

"En aucune manière, le gouvernement ne peut se prévaloir d'un vote de sa réforme à l'Assemblée nationale", a quant à lui estimé le chef des députés socialistes, Boris Vallaud.

La gauche a par ailleurs soumis une demande de référendum d'initiative partagée, pour contester la réforme des retraites, au Conseil constitutionnel. L'institution va à présent en examiner la recevabilité. Quelque 250 parlementaires, députés et sénateurs principalement de gauche, l'ont déposée. Si le texte est jugé recevable, le recueil des signatures citoyennes pourrait s'ouvrir afin de tenter d'atteindre un dixième des électeurs, soit 4,87 millions de signatures, dans un délai de neuf mois, pour ouvrir la voie à un référendum.

19 députés LR ont voté la motion transpartisane

Le député LR Aurélien Pradié, qui a voté la motion de censure avec 18 autres députés de droite, a appelé lundi Emmanuel Macron à retirer cette "loi empoisonnée", assurant que le gouvernement d'Élisabeth Borne a un "problème de légitimité".

"Je me rallie naturellement derrière ce vote qui est la décision démocratique. Il n'est pas question pour moi de contester ce verdict", mais "il est évident aujourd'hui que le gouvernement a un problème de légitimité, que le président de la République ne peut pas rester spectateur de cette situation", a déclaré sur BFMTV le député qui n'a pas suivi les consignes des patrons de son parti qui avaient appelé à ne pas soutenir la motion de censure.

"Le premier acte de courage du président de la République c'est de retirer ce texte, de remettre tout le monde autour de la table, que nous retravaillions une nouvelle réforme des retraites", a-t-il affirmé, assurant que "cette loi sur les retraites est empoisonnée".

"Ce texte est devenu un boulet pour notre vie démocratique", a soutenu Aurélien Pradié. "Nous ne pourrons pas rebâtir quoique ce soit du dialogue social, politique, démocratique sans un retrait de ce texte-là. Quand on est président de la République, on a un devoir, c'est l'unité de la nation", a-t-il tancé.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO-La motion de censure déposée par le RN est rejetée, la réforme des retraites est adoptée