Comment le gouvernement compte s'y prendre pour empêcher les Français de skier à l'étranger à Noël

Alors que les stations françaises n'ouvriront pas leurs remontées mécaniques pour les vacances de Noël, le gouvernement tente de convaincre l'Espagne de fermer ses stations aux étrangers. - Fabrice COFFRINI / AFP
Alors que les stations françaises n'ouvriront pas leurs remontées mécaniques pour les vacances de Noël, le gouvernement tente de convaincre l'Espagne de fermer ses stations aux étrangers. - Fabrice COFFRINI / AFP

L'annonce a été faite par Emmanuel Macron mardi après-midi: le gouvernement envisage de prendre "des mesures restrictives et dissuasives" pour empêcher les Français d'aller skier à l'étranger, notamment en Suisse, à Noël alors que les remontées mécaniques seront fermées en France.

"S'il y a des pays qui maintiennent des stations ouvertes, il y aura des contrôles pour dissuader les Français" et pour "ne pas créer une situation de déséquilibre avec des stations en France", a expliqué le chef de l'État devant la presse après avoir reçu le Premier ministre belge Alexander de Croo.

Ces mesures "seront affinées dans les prochains jours avec le gouvernement et en fonction de la clause de revoyure qu'on a prévue vers le 11 décembre", a ajouté Emmanuel Macron.

Arguments de santé et d'égalité

Pour justifier cette volonté, deux arguments. Le premier est de santé publique: certains experts estiment que, compte-tenu de la promiscuité dans les stations, dans les appartements, dans les remontées mécaniques, cela pourrait contribuer à une relance de la propagation du virus.

Le second est un argument d'égalité économique quant aux stations hexagonales, alors que les stations à l'étranger pourraient rester ouvertes, comme les Suisses ou celles des Pyrénées espagnoles. Les autorités autrichiennes ont en ce sens annoncé ce mercredi que les pistes de ski seraient accessibles pendant les vacances de Noël.

Pour autant, si l'intention est affichée, la méthode semble beaucoup moins claire et des zones d'ombre subsistent.

"L'idée, c'est d'empêcher les Français d'aller se contaminer dans les stations", a développé le Premier ministre Jean Castex sur BFMTV mercredi matin, tout en semblant hésiter sur la méthode: "On va instaurer, avec le préfet des départements limitrophes, une quarantaine, c'est-à-dire qu'on fera des contrôles aléatoires à la frontière", a poursuivi le chef du gouvernement.

Vers un isolement contraint?

Et si malgré tout on se risquait à aller skier, en Suisse par exemple? "Vous serez placé, et vous subirez les tests, en isolement de sept jours", a répondu Jean Castex sur notre antenne.

La première zone d'ombre tient à la preuve du fait qu'on s'est rendu à l'étranger pour skier, et non pour faire du tourisme. La deuxième concerne les travailleurs transfrontaliers: devront-ils se munir d'une attestation pour prouver qu'ils traversent la frontière pour aller travailler?

La troisième concerne le placement en quarantaine des personnes qui se risqueront à aller skier. À l'heure actuelle, une personne testée positive au Covid-19 en France est tenue de s'isoler, mais la loi ne peut l'y contraindre. Dans son allocution télévisée du 24 novembre, Emmanuel Macron avait toutefois souhaité que le gouvernement et le Parlement prévoient "les conditions pour s'assurer de l'isolement des personnes contaminées, y compris de manière plus contraignante". Une piste qui est loin de faire consensus.

Il faut aussi garder en tête que ces restrictions ne concerneraient qu'une poignée de personnes. Interrogés par BFMTV sur la mise en musique de cette interdiction envisagée, des conseillers ministériels et ministres actuels n'ont pas pu apporter de détails supplémentaires.

Article original publié sur BFMTV.com