Le glyphosate réautorisé par la Commission européenne : la gauche dénonce la position de la France

Un manifestant anti-glyphosate photographié à Rennes le 12 octobre (illustration).
DAMIEN MEYER / AFP Un manifestant anti-glyphosate photographié à Rennes le 12 octobre (illustration).

POLITIQUE - La décision a provoqué une avalanche de réactions en France, où le sujet est particulièrement éruptif. Ce jeudi 16 novembre, la Commission européenne a réautorisé pour une durée de 10 ans l’utilisation du glyphosate dans l’agriculture, faute d’accord entre les 27 pays membres de l’UE sur ce dossier. Plus précisément, que ce soit pour l’interdiction ou l’autorisation, il fallait atteindre une majorité de 15 États représentant au moins 65 % de la population européenne.

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Comme aucune majorité ne s’est dégagée, la Commission européenne a tranché en faveur de l’autorisation, en se fondant sur les conclusions d’un rapport d’un régulateur européen, l’Efsa, et de l’Agence européenne des produits chimiques.

Vue de Paris, cette décision a été vivement décriée, puisque le chef de l’État, Emmanuel Macron, avait promis en 2017 l’interdiction pure et simple de cet herbicide controversé, dont la toxicité est démontrée.

Président de la commission Environnement du Parlement européen, l’eurodéputé macroniste Pascal Canfin a dénoncé sur le réseau social X (ex-Twitter) un « passage en force » de la part d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et ce « alors que les trois plus grandes puissances agricoles du continent (la France, l’Allemagne et l’Italie) n’ont pas soutenu cette proposition ».

Une lecture des événements qui fait bondir les plus farouches défenseurs de l’interdiction du glyphosate, qui dénoncent, eux, une timide « abstention » de la France sur le dossier, en lieu et place d’un vote contre en bonne et due forme. Soit l’application politique de l’adage « qui ne dit mot consent ».

« Fausses larmes macronistes »

« Le culot. Le gouvernement aurait pu envoyer un signal fort en votant contre le renouvellement du glyphosate. Il s’est abstenu. Leur responsabilité est entière », a répliqué sur le même réseau social l’eurodéputée Marie Toussaint, tête de liste pour Les Écologistes pour les prochaines élections européennes.

Même son de cloche chez l’insoumise Manon Aubry. « Ça suffit les fausses larmes macronistes ! La France n’a pas voté contre l’autorisation pour 10 ans : elle s’est abstenue. La France n’a pas construit d’alternative et d’opposition : elle s’est défilée », a-t-elle commenté, estimant que « tout a été fait pour en arriver là ».

« Alors que la France pouvait faire basculer le vote pour interdire le glyphosate, elle décide une fois de plus de laisser passer. Une promesse de plus non tenue par Emmanuel Macron ! », dénonce dans un communiqué le Parti socialiste. Au-delà de la seule sphère politique, les ONG environnementales déplorent également la position française. En amont du vote, Greenpeace avait appelé Paris à s’opposer à cette reconduction d’autorisation.

« Emmanuel Macron avait promis en 2017 de sortir du glyphosate sous trois ans. Il doit tenir ses promesses et écouter les avis scientifiques en se positionnant fermement contre l’autorisation du glyphosate afin de protéger l’environnement et la santé humaine, et engager la transition agroécologique », plaidait l’association environnementale. Face aux critiques, Pascal Canfin a réfuté l’analyse selon laquelle la France serait responsable de cette décision.

« En même temps »

« La France s’est abstenue ce qui revient à ne pas soutenir cette proposition. Le pays qui aurait pu faire pencher la balance c’est l’Espagne dirigée par un gouvernement socialiste et qui a voté pour ! », s’est-il défendu. Dans un communiqué diffusé à la mi-journée, le gouvernement « regrette » officiellement la décision de la commission européenne, tout en affirmant que « la France n’est pas contre le principe du renouvellement de la molécule ».

Une sorte de « en même temps » dénoncé depuis des jours par les défenseurs de l’environnement. Pour les ONG Foodwatch et Générations futures, « cette position est une trahison, sans surprise, de la promesse faite par le président de la République en 2017 ».

Selon ces deux associations, cette issue contre laquelle la France ne s’est pas opposée « va à nouveau à l’encontre du principe de précaution alors que les preuves de la dangerosité du glyphosate pour l’homme et pour l’environnement continuent de s’accumuler ».

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