Giscard, un grand destin
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Giscard, un grand destin
Valéry Giscard d’Estaing est né le 2 février 1926 à Coblence, en Allemagne, où son père est directeur des finances du Haut-Commissariat français en Rhénanie, région occupée par les forces françaises à l’issue de la Première Guerre mondiale. Quelques mois après sa naissance, son père est rappelé à Paris par l'Inspection des finances. La famille - nombreuse - s'installe dans le très chic 8e arrondissement de la capitale. - 2/29
Giscard, un grand destin
De l’école Gerson au lycée Louis-le-Grand, Valéry Giscard d’Estaing fait des études brillantes, obtenant un double baccalauréat en philosophie et en mathématiques à 16 ans à peine. Alors que la prestigieuse École polytechnique lui tend les bras, le jeune homme préfère s’engager dans la 1ère armée du général de Lattre de Tassigny pour participer à la libération. Un engagement qui durera plusieurs mois, et qui lui vaudra d’être décoré de la croix de guerre. - 3/29
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Après la capitulation allemande, le jeune homme reprend le cours de son enviable cursus. Il est reçu sixième (sur 385) au concours de Polytechnique en juillet 1946, et intègre l’École nationale d'administration (ENA), fraîchement créée à l’initiative du général de Gaulle, afin de démocratiser l'accès à la haute fonction publique de l’État. Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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En 1952, "VGE" comme il sera commodément surnommé plus tard, épouse Anne-Aymone Sauvage de Brantes, la fille du comte romain François Sauvage de Brantes, résistant mort dans le camp de concentration de Melk-Mauthausen en 1944. Ensemble, ils auront quatre enfants (Valérie-Anne, Henri, Louis et Jacinte, morte en 2017 à l’âge de 57 ans). - 5/29
Giscard, un grand destin
C’est en 1956 que Giscard entame son ascension politique. Cette année-là, il devient, à 30 ans à peine, député du Puy-de-Dôme, une circonscription bien connue de ses aïeux, familiers du mandat. En 1958, il est élu conseiller général du Puy-de-Dôme dans le canton de Rochefort-Montagne, un poste qu’il occupera sans discontinuer pendant 16 ans. - 6/29
Giscard, un grand destin
L’année suivante, il fait son entrée dans la cour des grands. L’arrivée au pouvoir de de Gaulle le propulse au secrétariat d'État aux Finances aux côtés du ministre des Finances et des Affaires économiques, Antoine Pinay. Travailleur aussi acharné que méticuleux, VGE s’attire la considération du général, qui dira plus tard à son fils, Philippe, qu’il fut "son meilleur argentier". Sans surprise, il est nommé ministre des Finances et des Affaires économiques dans le gouvernement Debré, en 1962. Une responsabilité qu’il va exercer sans discontinuer durant quatre ans, puis de nouveau entre 1969 et 1974. Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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Remise à plat des services de l’administration financière du pays, création des SICAV, extension de la TVA aux commerce de détail constituent ainsi quelques-unes des innovations à mettre à son crédit lors de son premier passage au ministère de l’Économie et des Finances (1962-1966). - 8/29
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Son retour au ministère coïncide avec l’arrivée au pouvoir de Georges Pompidou, en 1969. Sa première décision consiste alors à dévaluer le franc. "Un franc amaigri mais guéri", délesté de plus de 10% de sa valeur, est alors mis en place pour restaurer la compétitivité de la France. La priorité est désormais de faire du pays un géant industriel. Pari tenu : la production industrielle progresse de 40% sous le mandat de Pompidou, et la croissance flirte avec les 5,5% - de quoi faire rêver bien des dirigeants aujourd’hui. - 9/29
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Le début des années 1970 marque néanmoins la fin des "Trente Glorieuses". Le premier choc pétrolier (1973) fait sentir ses effets délétères sur l’économie française, et des tensions apparaissent au sein du gouvernement. Le torchon brûle d’ailleurs entre VGE et le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas. La mort brutale de Georges Pompidou, deux ans avant la fin de son mandat, va exacerber la rivalité qui oppose les deux hommes forts de la droite. Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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La mort du président de la République, le 2 avril 1974, va entraîner une véritable guerre de succession, Georges Pompidou n’ayant pas exprimé de préférence sur un éventuel successeur. Commencée à quatre, la bataille va très vite opposer Giscard au promoteur de la "Nouvelle Société". Et si, au départ, le rapport de force est clairement en faveur de Chaban-Delmas, celui-ci va graduellement s’inverser. - 11/29
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À l’organisation et aux moyens financiers dont dispose le gaulliste, VGE oppose sa science de la communication - notamment audiovisuelle - et son dynamisme. Sa campagne "à l’américaine" - à laquelle s’associent des personnalités du monde du spectacle (Brigitte Bardot, Alain Delon, Charles Aznavour…) est une réussite. Le 5 mai 1974, il arrive en deuxième position, derrière François Mitterrand, candidat de l'Union de la gauche, mais largement devant Jacques Chaban-Delmas. - 12/29
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Le débat de l’entre-deux-tours, entre le premier secrétaire du PS et VGE, est quant à lui entré dans l’histoire : Mitterrand se souviendra longtemps du fameux "monopole du coeur" que le centriste lui dénia ce soir-là… Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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Le 19 mai 1974, Valéry Giscard d'Estaing emporte le second tour de l’élection présidentielle, avec 50,81 % des suffrages et 424 599 voix d'avance sur son adversaire. Cette élection reste à ce jour la plus serrée de l'histoire de la Vè République et celle pour laquelle la participation a été la plus élevée (87,33 % des inscrits). - 14/29
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Le 27 mai 1974, VGE devient le troisième président de la Ve République. À 48 ans, il en est aussi le plus jeune - un statut que lui ravira Emmanuel Macron en 2017. Une jeunesse qui explique la volonté du nouveau chef de l’État d’instaurer une nouvelle pratique du pouvoir. Illustration immédiate de ce changement : c'est à pied qu'il remonte les Champs-Élysées, afin d'aller fleurir la tombe du Soldat inconnu et de ranimer la flamme sous l'Arc de triomphe. - 15/29
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C’est surtout dans sa pratique du pouvoir que VGE innove. Exit les gouvernements pléthoriques et vieillissants. Place à une équipe resserrée de 15 ministres aux titres simplifiés, dont la moyenne d’âge n’excède pas les 52 ans. Dès le 16 juillet, un secrétaire d'État à la Condition féminine est créé et confié à la journaliste Françoise Giroud. Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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À l’image de sa campagne, le nouveau président de la République innove aussi en matière de communication. Son portrait officiel est ainsi pour la première fois réalisé en extérieur, le protocole de l’Élysée simplifié, quant à La Marseillaise, elle sera désormais jouée sur un rythme plus lent. VGE se distingue également par sa pratique courante de l’anglais. Désireux de se rapprocher des Français, il conduit sa propre voiture et multiplie les occasions de se montrer à leurs côtés, notamment lors de dîners dans des familles restés célèbres. Enfin, il ordonne le démantèlement de l'Office de radiodiffusion-télévision française (le célèbre ORTF), qui était en situation de monopole, et qu’il souhaite dépolitiser. - 17/29
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Au-delà de ces mesures symboliques, le nouveau président met en oeuvre toute une série de lois destinées à accompagner l’évolution de la société française. Loi instaurant le divorce par consentement mutuel, dépénalisation de l’IVG - une mesure qui lui aliène pourtant le soutien des électeurs catholiques -, droits fondamentaux pour les handicapés, abaissement de l’âge de la majorité : les débuts de la présidence giscardienne font souffler un vent nouveau sur l’Hexagone. - 18/29
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Une période de transformations qui s’achève néanmoins à la fin de l’année 1976. Aux réformes progressistes des débuts succèdent des lois plus conservatrices (en matière de sécurité et d’immigration notamment). Dans un contexte de récession, les mesures d’austérité économiques portées par le gouvernement de Raymond Barre se multiplient également. En dépit de la préservation des grands équilibres du pays (dette et déficits publics contrôlés), le président et son gouvernement ne parviennent pourtant pas à juguler les effets du deuxième choc pétrolier (1979), au nombre desquels l’accroissement du chômage de masse. Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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En dépit de ces difficultés, le président de la République maintient le cap sur les grandes orientations industrielles du pays. Il favorise ainsi, comme ses prédécesseurs, le développement de l’énergie nucléaire civile, ainsi que celui du TGV. - 20/29
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VGE se montre également très actif sur la scène internationale. C’est lui qui initie la première réunion des pays les plus riches de la planète, le G5, devenu depuis le G8. Européen convaincu, il participe à la création du Conseil européen (qui réunit les chefs d'État ou chefs de gouvernement des États membres) et au Système monétaire européen (l’ancêtre de l’Euro). - 21/29
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Sur la scène hexagonale en revanche, la situation s’avère de plus en plus délicate pour VGE, qui subit un isolement croissant. Dès 1976, sa relation avec son Premier ministre et patron de l’UDR, Jacques Chirac, atteint le point de non retour. Celui-ci démissionne au profit de Raymond Barre, et entre dans une opposition qui ne dit pas son nom. Quant à la gauche, elle s’affirme élections après élections. En dépit de ces difficultés, VGE et le nouveau parti de la majorité, l’UDF - fondé en 1978 - parviennent à se positionner en 2è position aux législatives de 1978, derrière le RPR de Jacques Chirac. Par le jeu des alliances, Giscard conserve la majorité à l’Assemblée nationale. Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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Giscard, un grand destin
La concorde entre les deux grands partis de la droite classique va néanmoins faire long feu. Violemment opposés lors des européennes de 1979, centristes et gaullistes sont à couteaux tirés lorsque l’élection présidentielle de 1981 arrive. - 23/29
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Alors que Giscard vire en tête à l’issue du 1er tour devant François Mitterrand et Jacques Chirac, le président du RPR refuse d’appeler officiellement à voter pour lui au second tour. Trahi par Chirac, affaibli par "l’affaire" des diamants de Bokassa et les révélations concernant le passé vichyste du ministre du Budget, Maurice Papon, VGE affronte par ailleurs un François Mitterrand désormais plus aguerri lors du débat de l’entre-deux-tours. - 24/29
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Le 10 mai 1981, Valéry Giscard d'Estaing perd le second tour de l'élection en recueillant 48,24 % des suffrages exprimés, contre 51,76 % à François Mitterrand. Neuf jours plus tard, il prononce un discours de fin de mandat diffusé au journal télévisé d'Antenne 2, qu'il conclut par un "Au revoir" demeuré célèbre. Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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Giscard ne se remettra jamais de cette défaite, qu’il jugera longtemps injuste. Ce qui ne l’empêchera pas de garder un rôle politique actif. Dirigeant de l’opposition au pouvoir socialiste de premier plan, il retrouve l’Assemblée nationale en 1984, et préside aux destinées de l’UDF de nombreuses années (1988-1996). Il renonce toutefois par deux fois à se représenter à l’élection présidentielle, considérant que d’autres doivent lui succéder ou que ses propositions ne rencontrent pas un écho favorable chez les Français. Par deux fois (1988 et 1995), il apportera son soutien à Jacques Chirac dans sa quête de l’Elysée. - 26/29
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Sa dernière grande contribution à la vie politique, VGE va l’apporter au début des années 2000. Nommé à la tête de la Convention sur l'avenir de l'Europe, dont l’objectif est de simplifier les différents traités européens, il préside la Commission chargée de rédiger un projet de Constitution européenne. Signé par les 25 membres de l'UE en octobre 2004, il est pourtant rejeté par la France lors du référendum de 2005. Le texte servira néanmoins de socle au traité de Lisbonne qui lui succèdera en 2007. - 27/29
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N’attendant pas le train de la postérité, VGE devient immortel en 2003 : il est en effet élu à l’Académie française le 11 décembre, au fauteuil de Léopold Sédar Senghor. Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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S’il siège à partir de 2004 au Conseil constitutionnel, Valéry Giscard d’Estaing se retire toutefois de l’arène politique au mi-temps des années 2000. Il en demeure malgré tout un spectateur attentif et scrupuleux, n’hésitant pas à prendre ponctuellement position dans les médias, notamment au travers de ses chroniques publiées dans Le Point. - 29/29
Giscard, un grand destin
En 2017, VGE était devenu le président de la République ayant vécu le plus longtemps, après en être demeuré pendant plus de quarante ans le plus jeune. Réformisme libéral ayant su épouser les contours d’une société française en pleine mutation, Giscard - que certains comparent aujourd’hui à Emmanuel Macron - occupait une place de choix dans le coeur des Français. Il en a désormais rejoint la mémoire.