Gironde: L214 demande la "fermeture d'urgence" d'un abattoir public et attaque l'État

L'association de défense des animaux L214 a réclamé mercredi la "fermeture d'urgence" d'un abattoir public de Gironde contre lequel elle porte plainte pour "cruauté et sévices", en engageant un recours en responsabilité contre l'État.

La préfecture de Gironde a ordonné une "inspection complète" des lieux qui sera réalisée "sans délai", tout en assurant que l'abattoir concerné était "régulièrement contrôlé" par des vétérinaires, les dysfonctionnements relevés faisant à chaque fois l'objet de "mesures correctives".

Coups d'aiguillon électrique dans l'anus et les yeux

À l'appui de ces accusations, L214 a mis en ligne des images tournées en avril et mai dans cet établissement situé à Bazas, détenu majoritairement par la communauté de communes locale et en difficulté financière depuis plusieurs années.

Cette vidéo montre "des pratiques et des installations qui sont en violation grave de la réglementation", affirme L214 qui annonce une plainte "pour cruauté et sévices graves commis envers des animaux" (vaches, taureaux, veaux, agneaux, porcelets) auprès du parquet de Bordeaux.

L'association pointe "des coups d'aiguillon électrique dans l'anus et les yeux", des "étourdissements ratés" en raison d'un outillage "défaillant", des animaux suspendus et saignés "encore conscients", parfois devant leurs congénères, ainsi qu'un box d'immobilisation "inadapté".

Pour la préfecture, la vidéo diffusée par L214 résulte "d'un montage isolant de leur contexte des séquences non datées et choisies pour leur caractère choquant" et "ne reflète pas la réalité du fonctionnement" de l'abattoir.

Des difficultés depuis plusieurs années

En avril 2016, un rapport d'inspection des services sanitaires de Gironde avait listé de nombreuses "non-conformités" au sein de l'abattoir de Bazas, touchant en particulier aux locaux, aux matériels et à la gestion de la protection animale.

"Les inspecteurs avaient relevé nombre d'infractions qu'on retrouve sur les images de 2023", accuse L214 qui annonce également un recours en responsabilité contre l'État auprès du tribunal administratif de Bordeaux pour "manquement à sa mission de contrôle de l'application de la réglementation".

Selon la préfecture, des inspections plus récentes, en 2022, avaient relevé des difficultés touchant à la maintenance, des insuffisances en matière d'hygiène alimentaire et un défaut de formation en protection animale.

En février dernier, l'abattoir a renoncé à abattre des porcelets de moins de 40 kilos après avoir été averti de l'inadéquation de son équipement ; en juin, l'administration lui avait ordonné de mieux contrôler le cheminement des animaux.

L'État a été condamné à trois reprises cette année dans le cadre d'actions similaires intentées par L214 pour des abattoirs situés à Rodez (Aveyron), Briec (Finistère) et Faouët (Morbihan).

Article original publié sur BFMTV.com