GHB : peut-on se rendre compte qu'on a été drogué au GHB ?

Photo d'illustration / Getty

Les témoignages de jeunes estimant avoir été drogués au GHB se multiplient ces dernières semaines, sans pour autant en avoir la preuve formelle ou scientifique.

Montpellier, Nancy, Tours, Grenoble... Les témoignages de jeunes adultes qui affirment avoir été drogués au GHB, la "drogue du violeur", se multiplient ces dernières semaines. À Grenoble, une enquête est ouverte par le parquet après une dizaine de signalements d'étudiants au sein de l'école de management après différents symptômes ressentis par des participants.

"Les effets sont assez proches de ceux de l'alcool car ils agissent sur les mêmes récepteurs. On ressent des bouffées de chaleur, une faiblesse musculaire, un mélange de tranquillité et de somnolence. Le lendemain, il y a un 'trou' dans la soirée, de plusieurs heures, dont la victime n'a aucun souvenir", nous explique William Lowenstein, président de SOS Addictions.

"Le GHB n'est détectable que 12h dans les urines"

Des effets très proches de ceux que procure l'alcool et qui peuvent durer quelques heures. Mais si beaucoup de jeunes pensent avoir été drogués au GHB, il est difficile d'en apporter la preuve. "Il est impossible de le détecter dans un verre par exemple car le GHB est inodore et incolore. Une fois ingéré, cette drogue n'est détectable dans le sang que durant 4 à 6 heures après l'ingestion et en moyenne 12h dans les urines, ce qui rend le laps de temps pour faire une détection très court", poursuit le président de SOS Addictions. Le temps que la victime prenne conscience qu'il lui est arrivé quelque chose, qu'elle envisage de porter plainte, il est souvent trop tard pour faire ces analyses.

"Si durant une fête vous sentez que vous ne tenez plus du tout sur vos jambes, que vous avez une l'impression de somnolence, de tranquillité en ayant bu modérément, allez voir quelqu'un de confiance et faites vous raccompagner chez vous. Si le lendemain vous avez un 'trou' de mémoire de plusieurs heures sur la soirée, il faut aller faire un test de dépistage s'il n'est pas trop tard, conseille William Lowenstein.

"Des mélanges d'alcools, de médicaments peuvent avoir des effets similaires"

Pour autant, précise le président de SOS Addictions "il faut être vigilant mais ne pas tomber dans la paranoïa. Certains mélanges d'alcool, voire de drogue et de médicament peuvent causer des effets très similaires. On sous-estime beaucoup les autres modes de soumission chimique", prévient-il.

La soumission chimique est l’administration à des fins criminelles (viols, actes de pédophilie) ou délictuelles (violences volontaires, vols) de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace" rappelle l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), dans une étude dédiée au phénomène.

La soumission chimique, sous-estimée en France

En 2017, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a recensé 462 cas de soumission chimique en France. Parmi eux, seules trois personnes ont été intoxiquées au GHB. "On a tendance a évoquer le GHB le plus souvent, mais on sous-estime l'effet d'autres médicaments". L'étude de l'ANSM montre que ce sont des médicaments du quotidien qui sont les plus détectés dans les cas de soumission chimique : les antihistaminiques sont en tête. Cumulés à de l'alcool, ces anti-allergies ont un effet puissant de sédation. Puis les benzodiazépines, des anxiolytiques notamment utilisés contre les troubles du sommeil.

Si le GHB a des propriétés sédatives et hypnotiques, il peut aussi être ingéré volontairement dans un cadre festif ou sexuel. Une utilisation grandissante qui a suscité l'inquiétude des autorités. En 2018, drogues-info-service alertait sur les risques d'une telle consommation, qui a abouti à plusieurs comas dont la mort d'un jeune homme.

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