Sur la gestion des émeutes, Emmanuel Macron désavoué jusque dans son propre camp - EXCLUSIF

Macron (ici le 14 juin 2023) désavoué jusque dans son camp dans sa gestion des émeutes - SONDAGE EXCLUSIF
Macron (ici le 14 juin 2023) désavoué jusque dans son camp dans sa gestion des émeutes - SONDAGE EXCLUSIF

POLITIQUE - Mois maudits. Depuis sa première élection en 2017, Emmanuel Macron ne vit que très rarement des étés apaisés. Après la démission du général de Villiers, l’affaire Alexandre Benalla, les homards de François de Rugy ou, plus récemment, les révélations autour des UberFiles, le président de la République se retrouve confronté à une crise autrement complexe.

La mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre, et les émeutes qu’elles ont entraînées ont sidéré le pays et fait partir en fumée ses derniers espoirs « d’apaisement ». Emmanuel Macron espérait cheminer jusqu’au 14 juillet, date butoir de ses 100 jours, pour enclencher une nouvelle phase de son quinquennat. Raté, le voilà à chercher des réponses à une énième crise, sous le regard défiant des Français.

Dans l’opinion, les voyants sont effectivement au rouge après cette semaine d’émeutes. Selon un sondage mené par YouGov pour Le HuffPost, lundi 3 et mardi 4 juillet, au lendemain des nuits les plus violentes, les Français jugent sévèrement l’action du président de la République pendant les exactions et doutent vivement de sa capacité à trouver la parade.

Victime de l’effet de blast

Dans le détail, 79 % des sondés estiment que le chef de l’État « n’est pas à la hauteur » dans la gestion de cette crise. Sans surprise, les électeurs du RN (97 %) et de la NUPES (78 %) sont les plus rudes à son égard. Il est en revanche plus significatif encore d’observer que cette défiance gagne les sympathisants de son propre camp qui sont, d’ordinaire, de solides soutiens de l’action de l’exécutif.

Cette fois-ci, 51 % des Français proches des idées de la majorité présidentielle répondent par la négative quand on leur demande si Emmanuel Macron est à la hauteur. Le signe d’un effet de blast majeur ?

Force est de constater que l’embrasement des quartiers populaires, presque instantané et aux dimensions inédites, a laissé des traces dans la société. Emmanuel Macron, en visite à Marseille mardi, jour de la mort de Nahel, puis au Conseil européen en fin de semaine, a pu donner l’impression d’être dépassé, dans un premier temps par la tournure des événements.

Ni sa communication empathique après le drame du mineur à Nanterre, ni l’optimisme de son ministre de l’Intérieur qui affirmait dès jeudi que « l’ordre républicain » reviendrait le soir même, n’aura empêché les images de pillages d’occuper la Une des médias nationaux et internationaux de longs jours durant. Au contraire, le caractère croissant des émeutes a pu entretenir l’idée que les cellules de crises et autres points d’étape n’avaient que peu d’effets sur le terrain. Ceci, jusqu’à l’attaque du domicile personnel du maire de L’Hay-les-Roses, dans le Val-de-Marne, dimanche.

Une chose est certaine, cet épisode de violences urbaines est venu percuter le récit que le chef de l’État essayait de mettre en musique pour sortir d’une précédente crise, celle de la réforme des retraites. Le report de la visite d’État en Allemagne, qu’il devait effectuer cette semaine, la première pour un président français en 20 ans, en est le parfait reflet.

Macron, incapable de sortir de la crise ?

Dimanche, à l’heure où il devait s’envoler pour un « tour physique » outre-Rhin, et prendre « de la hauteur » sur l’histoire franco-allemande, Emmanuel Macron tenait un nouveau conciliabule avec ses ministres à Paris. Cruelle redite. Fin mars, c’est le roi Charles III qui avait décidé de reporter sine die sa propre visite d’État en France alors que, déjà, des incidents rythmaient la contestation sociale contre la réforme des retraites.

Un double coup dur pour le blason tricolore. Et comme un goût de jour sans fin pour les Français, soumis aux crises à répétition, qui semble se traduire dans l’opinion. D’autant que l’heure n’est pas à l’optimisme, à en croire les données de notre sondage YouGov. Selon cette même étude, 76 % de la population ne fait pas confiance au chef de l’État pour « sortir de la crise et apaiser les banlieues ».

Prudent, le chef de l’État attend que la poussière retombe avant de dévoiler ses premières réponses et de prendre la parole publiquement. Une stratégie assumée par l’exécutif à en croire Olivier Véran, lequel évoquait mercredi la nécessité d’un « travail de fond » dans les prochaines semaines pour « tirer les leçons » de ces épisodes. Mais qui prête le flanc à un procès en « attentisme », ou en « indécision », après ces événements pourtant majeurs.

Pour l’instant, le président de la République se borne à parler répression (et reconstruction), en ciblant principalement le rôle des réseaux sociaux, des jeux vidéo, ou la démission des parents, dans l’irruption des violences. Une première réponse sans grande vision politique, sans doute propice à alimenter le pessimisme.

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