Gérald Darmanin accusé de viol : le différent traitement des affaires en Macronie

Gérald Darmanin a été nommé ministre de l'Intérieur, malgré une plainte pour viol.
Gérald Darmanin a été nommé ministre de l'Intérieur, malgré une plainte pour viol.

Gérald Darmanin vient d’être nommé ministre de l’Intérieur. Une décision qui peut surprendre, puisqu’il est accusé de viol. Et si la présomption d’innocence prime, d’autres ministres ont quitté leur poste pour moins que ça.

Il n’y a pas vraiment de règle sur le sujet, dans la république exemplaire d’Emmanuel Macron. Face à diverses accusations, certains ont dû quitter le gouvernement, d’autres ont pu y rester. La question se pose une nouvelle fois avec le remaniement, annoncé ce lundi 6 juillet, puisque le nouveau ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin - auparavant ministre de l’Action et des Comptes publics - est accusé de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance. Si l’affaire a d’abord conduit à un classement sans suite puis un non-lieu en 2018, la Cour d’appel de Paris a demandé la reprise des investigations, le 9 juin dernier, rappelle France Info.

Les faits supposés remontent à 2009. La plaignante, Sophie Patterson-Spatz, accuse Gérald Darmanin de lui avoir fait du chantage en échange de faveurs sexuelles, précise Le Point. Une habitante de Tourcoing, dont le ministre a été maire - et réélu lors des dernières municipales - lui a reproché des faits similaires et a porté plainte pour “abus de faiblesse”. L’affaire a été classée sans suite, ajoute l’hebdomadaire.

“Pas un obstacle”

L’Élysée a assuré que la première plainte, toujours en cours depuis la reprise de l’enquête, n’était “pas un obstacle”. Ce n’est pas l’avis des associations féministes, ni de l’avocate de la supposée victime, Sophie Patterson-Spatz. Sur Europe 1, Maître Élodie Tuaillon-Hibon s’est interrogée sur la suite de la procédure. “Nous nous demandons comment ça va se passer lorsque le premier flic de France [sera] interrogé dans le bureau d’un magistrat instructeur alors qu’il est en exercice”, a-t-elle réagi à la radio. “On ne peut pas s’empêcher de [...] se demander qu’est-ce qui, aujourd’hui, nous garantit et garantit à notre cliente que les investigations qui doivent être reprises vont se dérouler sans aucune pression, d’aucune sorte, de la part de l’exécutif”.

Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, plusieurs membres de son gouvernement ont été rattrapés par la justice. Difficile de comparer tous les cas, puisque les enquêtes n’en étaient pas au même stade et que les faits reprochés étaient différents. Mais une chose est sûre : certains ont dû plier bagages rapidement.

François de Rugy, dépassé par les révélations

Au début de l’été 2019, François de Rugy a été accusé par Mediapart d’avoir organisé, lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale, des dîners informels dans sa résidence de fonction, l’hôtel de Lassay. Or, le personnel, la vaisselle, la nourriture et les boissons de l’Assemblée nationale ont été utilisés lors de ces soirées.

Mediapart, qui a multiplié les révélations contre celui qui était alors ministre de la Transition écologique et solidaire, a également dévoilé que des dizaines de milliers d’euros d’argent public avaient été utilisés pour rénover les appartements du couple au ministère.

Si Emmanuel Macron avait apporté tout son soutien à François de Rugy, expliquant prendre des décisions sur les “faits” et non selon des “révélations”, le ministre avait tout de même annoncé sa démission le 15 juillet. Par la suite, deux rapports parlementaires ont montré que, si certaines dépenses étaient “excessives”, elles ne relevaient pas “d’irrégularités”, comme l’a précisé Le Monde.

Le départ précipité des ministres MoDem

Ce fut notamment le cas des trois MoDem, François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard, respectivement ministres de la Justice, des Affaires Européennes et des Armées, sous le premier gouvernement d’Édouard Philippe. Après seulement un mois à leur poste, ils ont tous trois démissionné à la fin du mois de juin, à cause de soupçons d’emplois fictifs d’assistants au Parlement européen. Une information judiciaire pour “abus de confiance”, “escroquerie” et “détournement de fonds publics” a été ouverte par le parquet de Paris en juillet 2017, mais aucun d’eux n’avaient alors été mis en examen.

La situation a depuis changé. L’enquête a montré qu’au moins neuf collaborateurs d’eurodéputés MoDem ont été payés par le Parlement européen alors qu’ils travaillaient essentiellement pour le parti politique de François Bayrou, dévoile France Inter. En décembre dernier, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard ont été mises en examen pour “détournement de fonds publics”, quant au maire de Pau, il l’a été pour “complicité de détournement de fonds publics”.

Françoise Nyssen débarquée après des révélations

L’ancienne ministre de la culture, Françoise Nyssen, a également été débarquée du gouvernement après l’ouverture d’une enquête préliminaire, en août 2018, pour des soupçons d’irrégularités dans des travaux réalisés dans deux locaux de la maison d’édition Acte Sud.

Selon des révélations du Canard Enchaîné, elle et son mari auraient fait réaliser des travaux au siège de la maison d’édition - dont elle a été présidente avant de passer le flambeau à son mari - à Arles, sans autorisation. Toujours selon l’hebdomadaire, des travaux auraient aussi été entrepris dans les locaux d’Acte Sud à Paris, “sans autorisation de travaux ni déclaration fiscale”. Officiellement, son départ n’est pas dû aux affaires. Mais le timing laisse supposer que ces révélations ont tout de même influencé la décision du Premier ministre : elle a quitté son poste au cours du mois d’octobre 2018.

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