George Santos, représentant américain, s’est servi des fonds de sa campagne pour tout et surtout n’importe quoi

ÉTATS-UNIS - Le rapport est si accablant qu’il est presque difficile à croire. Et pourtant, le comité d’éthique de la Chambre des représentants américaine publié jeudi 16 novembre prouve, en 56 pages, comment le républicain George Santos a menti sur sa vie, détourné de l’argent et « discrédité » l’institution. Acculé par les révélations, l’élu a annoncé qu’il ne se représenterait pas au Congrès en 2024.

Le comité a enquêté pendant neuf mois sur George Santos, qui s’était présenté lors de sa campagne comme un diplômé de l’Université de New York passé par la célèbre banque Goldman Sachs, propriétaire de multiples biens, venant d’une famille riche dont la mère est décédée après le 11 septembre 2001 des suites d’une longue maladie liée aux attentats. « Aucun de ces éléments n’a pu être authentifié », lâchent les rédacteurs du rapport.

Cette partie de l’histoire était déjà connue. Élu en novembre 2022 aux élections de mi-mandat, George Santos a reconnu à peine deux mois plus tard qu’il avait « embelli » son CV après une enquête fouillée du New York Times. Les premiers appels à sa démission ont retenti à ce moment-là, alors qu’il n’occupait pas encore son siège (les élus américains arrivent au Congrès seulement en janvier). Le républicain originaire du Queens a tenu bon, mais ses ennuis ne se sont pas arrêtés là.

Hermès, Ferragamo, Airbnb…

Après ses premiers mensonges, les représentants démocrates et républicains ont voté en mars en faveur de l’ouverture d’une enquête menée par le comité d’éthique. Les résultats de cette investigation dévoilent à quel point George Santos a « cherché à exploiter frauduleusement chaque aspect de sa candidature pour son profit financier personnel » en plus d’avoir menti sur son passé.

Il a ainsi demandé de l’argent à ses donateurs pendant sa campagne, argent qui n’a pas du tout servi à sa carrière politique. Grâce à des centaines de documents, le comité montre que les milliers de dollars récoltés se sont retrouvés sur son compte personnel et ont servi pour rembourser ses dettes, faire des achats auprès des marques de luxe Hermès (plus de 4 000 dollars) et Ferragamo (environ 6 000 dollars) mais aussi Sephora, faire ses courses ou payer le parking.

La liste continue. George Santos a aussi utilisé ces fonds pour payer ses locations sur Airbnb, son loyer, ses dépenses de taxi et d’hôtel à Las Vegas pendant une période où son équipe le croyait en lune de miel, et des injections de Botox. George Santos a encore utilisé illégalement l’argent des donateurs pour régler des frais sur OnlyFans, une plateforme sur laquelle des internautes vendent des contenus X.

Après ces révélations, une vidéo du représentant interrogé sur Fox News le 30 mars a refait surface sur les réseaux sociaux. Dans celle-ci, une journaliste plutôt sympathique à son égard plaisante avec lui et fait référence à sa propension à mentir autant que Leonardo DiCaprio dans le film Attrape-moi si tu peux.

George Santos bientôt exclu de la Chambre ?

« Est-il est vrai que vous pouvez éplucher une banane avec vos pieds et avez-vous un compte OnlyFans ? », lui demande alors la présentatrice au milieu de l’interview que vous pouvez écouter ci-dessous (en anglais). De quoi rendre hilare George Santos. « Je n’ai pas de compte, j’ai découvert ce qu’était OnlyFans il y a seulement trois semaines quand le sujet a été abordé à mon bureau. Je ne connaissais pas du tout le concept », affirme-t-il. « Il ne peut vraiment pas dire la vérité », chuchote son interlocutrice suffisamment fort en retour. La réplique de la journaliste, qui semblait plutôt humoristique à l’époque, prend un autre sens désormais.

Les affabulations de l’élu de 35 ans sont tellement nombreuses que des membres de son équipe, interrogés par le comité d’éthique, se sont inquiétés au point de lui conseiller de se faire soigner. George Santos, lui, continue de nier la plupart des faits. Sur X (anciennement Twitter), il a qualifié le rapport de « biaisé » et dénoncé « une mascarade de justice ».

Reste à savoir, même s’il n’a plus l’intention de se représenter en 2024, s’il peut rester à son poste jusque-là. Après avoir survécu à un vote relatif à son exclusion de la Chambre le 1er novembre – en raison de ses 23 inculpations au niveau fédéral pour escroquerie, blanchiment ou encore fraude électronique – une nouvelle motion pour le chasser a été introduite par le républicain Michael Guest ce vendredi 17 novembre. Le vote pourrait être organisé après la pause de Thanksgiving, le 28 novembre.

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