Adama Traoré, Cédric Chouviat, Lamine Dieng... En France, des morts similaires à celle de George Floyd

Marche en hommage à Adama Traoré, le 22 juillet 2017.

George Floyd est mort après avoir fait un “arrêt cardiaque et pulmonaire” à cause de la “pression” exercée sur son cou par les policiers, selon le médecin légiste. Des cas similaires ont eu lieu en France.

“I can’t breathe”, “Je ne peux plus respirer”. Ce sont les derniers mots prononcés par George Floyd, un homme afro-américain de 46 ans mort lors d’une interpellation suite à la pression exercée par les policiers sur son cou. Les conditions de sa mort rappellent plusieurs affaires similaires en France.

  • Adama Traoré

“Adama répétait ‘Je n'arrive plus à respirer. Il avait trois gendarmes sur son corps, 250 kilos, compression de sa cage thoracique, il a agonisé”, écrit Assa Traoré, la soeur d’Adama Traoré en écho à la mort de George Floyd.

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré, 24 ans est interpellé à Beaumont-sur-Oise (Val d’Oise) chez un proche, après avoir fui un premier contrôle. Pour le maîtriser, les gendarmes ont recours à la technique du placage ventral.

Le “placage ventral” pointé du doigt

Dans le fourgon qui l’amène à la caserne de Persan, Adama Traoré semble faire un malaise. Il décèdera quelques heures plus tard, malgré l’intervention des secours. Sa mort marque l’opinion, plusieurs manifestations sont organisées, le comité “La vérité pour Adama” est crée, pour dénoncer les violences policières.

Plusieurs expertises médicales sont réalisées. Si toutes concluent à une mort par asphyxie, son origine diverge. L’une attribue la mort à la compression exercée sur sa cage thoracique lors du “plaquage ventral” par les gendarmes, d’autres l’expliquent par une ou plusieurs fragilités antérieures du jeune homme.

Sa soeur compare la mort d’Adama Traoré à celle de George Floyd

Ces derniers jours, une nouvelle expertise disculpe les gendarmes et affirme qu’Adama Traoré “n’est pas décédé à la suite d’une “asphyxie positionnelle” mais d’un œdème cardiogénique”.

Une contre-expertise indépendante a été demandée par la famille du jeune homme, rapporte France Info. Le comité Adama a appelé à une manifestation devant le Tribunal de grande instance de Paris ce 2 juin. Elle vient d’être interdite par la préfecture en raison du Covid-19. Une manifestation dont l’ampleur pourrait, malgré tout, être amplifiée par la mort de George Floyd aux États-Unis.

  • Cédric Chouviat

Le 3 janvier dernier, Cédric Chouviat, livreur de 42 ans, est contrôlé alors qu’il circule à scooter, téléphone à la main. Le contrôle dégénère. Sur des vidéos tournées par des témoins, Cédric Chouviat apparaît casque sur la tête et téléphone en main, en train de s’approcher des policiers. Il semble tenter de les filmer.

Quelques secondes plus tard, une autre vidéo d’un témoin montre Cédric Chouviat maintenu face contre terre par trois agents de police qui semblent faire pression sur le thorax. Les jambes du livreur s’agitent.

Décédé suite à une fracture du larynx

Selon le rapport d’autopsie, Cédric Chouviat est décédé des suites d’une asphyxie et d’une fracture du larynx lors d’un contrôle de police. Une information judiciaire pour homicide involontaire a été ouverte. La mort de Cédric Chouviat met en avant le danger d’une technique d’interpellation déjà pointée du doigt dans la mort d’Adama Traoré : le placage ventral, interdite dans certains pays comme la Suisse et la Belgique.

  • Lamine Dieng

Le 17 juin 2007 à Paris, la police intervient dans le 20e arrondissement pour des violences contre une femme, dans une chambre d’hôtel. Devant l’établissement, les policiers interpellent Lamine Dieng. Ils le trouvent allongé au sol, entre deux voitures. Pour maîtriser l’homme, sous l’emprise de cocaïne et de cannabis, des renforts sont appelés. Lamine Dieng est finalement maîtrisé face contre terre, son bras droit est passé par dessus son épaule et menotté à son bras gauche replié dans le dos.

Mort dans un fourgon de police

Il est ensuite transporté à l’intérieur du fourgon de police. Selon le rapport de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, il est posé à plat ventre sur le plancher, et quatre fonctionnaires l'empêchent "de manière ferme" de se mouvoir. Quelques instants plus tard, un policier constate que Lamine Dieng ne bouge plus. Repositionné sur le dos, les policiers tentent de le réanimer. Il est trop tard, Lamine Dieng est décédé.

Une première expertise conclut à une mort naturelle et exclut toute responsabilité des policiers, mais une contre-expertise met en avant une mort par asphyxie mécanique, due à l'appui de la face contre le sol maintenue au niveau crânien. Un non-lieu général est finalement prononcé, en 2014, et confirmé par la cour de cassation en 2017.

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