Geneviève de Fontenay est morte : Retour sur un engagement politique tous azimuts, de Laguiller à Philippot

Geneviève de Fontenay (ici en octobre 2020), un engagement politique tous azimuts, de Laguiller à Philippot
Geneviève de Fontenay (ici en octobre 2020), un engagement politique tous azimuts, de Laguiller à Philippot

POLITIQUE - Il y avait Miss France, et le reste. Geneviève de Fontenay, l’emblématique présidente du comité Miss France - qui ne l’était plus depuis 2010 - s’est éteinte mardi 1er août à 90 ans. Elle laisse derrière elle une certaine idée de l’élégance désuète à la française, un chapeau indémodable, et des prises de position politiques singulières.

Geneviève de Fontenay n’a effectivement jamais caché ses colères ou ses espoirs, en s’affichant régulièrement aux côtés de personnalités politiques. Le plus souvent à gauche, avant de soutenir Emmanuel Macron en 2017… puis, la fronde des gilets jaunes, qui aura marqué le premier quinquennat de ce dernier. Comme un paradoxe ?

Si les engagements de l’ancienne mannequin paraissent aller dans tous les sens - elle ira jusqu’à s’opposer à l’adoption pour les couples de même sexe - ils semblent pourtant guidés par plusieurs fils rouges : l’attention portée aux plus précaires, la lutte pour un meilleur partage des richesses, et une vision somme toute traditionaliste de la famille et de la société.

Geneviève la rouge

Retour en 2002. Geneviève de Fontenay, qui approche alors de ses 70 ans, soutient ostensiblement Arlette Laguiller, la candidate de Lutte ouvrière à la présidentielle. « Elle est fidèle à ses pensées, à ce qu’elle croît. Et puis elle n’est pas corrompue », explique-t-elle au journal de France 2, quand la responsable politique lui répond en évoquant une femme « qui se sent proche des couches populaires et des revendications du monde populaire ».

La dame au chapeau ira même jusqu’à envoyer un chèque de soutien de 700 euros à la campagne de la candidate trotskiste. Et ce ne sera pas son seul coup d’essai à gauche : cinq ans plus tard, la voilà qui soutient Ségolène Royal à la présidentielle de 2007, puis François Hollande en 2012.

« Je suis de gauche depuis longtemps. Dans ma famille, nous avons été élevés dans le culte de Pierre Mendès France et de son livre “Liberté, liberté chérie” », explique-t-elle alors, dans une tribune publiée sur le site de L’Obs, pour justifier sa préférence pour le candidat socialiste, regrettant même que « son discours (ne soit) toujours pas assez à gauche ».

« Je pense qu’il doit opérer un virage important car notre pays connaît la misère, beaucoup de citoyens sont pauvres, et ces gens-là ne savent plus à quel saint se vouer et sont inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants », écrivait encore Geneviève de Fontenay en ce printemps 2012. Et d’alerter sur le risque de voir les classes populaires basculer, elles qui sont « de plus en plus dans l’angoisse et l’incertitude » et qui « se tournent vers Marine Le Pen, hélas ! »

La « lutte finale »… mais avec Philippot

C’est cette même logique qui guidera Geneviève de Fontenay à s’afficher avec… Florian Philippot, un ancien frontiste devenu symbole du populisme complotiste. Après avoir soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle 2 017, du bout des lèvres, l’ancienne présidente du comité Miss France s’est en effet engagée aux côtés des gilets jaunes pour protester contre la politique « antisociale » du jeune président.

Jusqu’à ce mois d’avril 2018, où elle tient une conférence de presse - pour le moins particulière - aux côtés de Florian Philippot, ancien numéro 2 du FN qui vient alors de monter sa propre boutique, Les Patriotes, lui aussi en soutien au mouvement social venu des « ronds points ».

« Révoltée » par l’exercice du pouvoir à la sauce Macron, Geneviève de Fontenay entonne alors l’hymne révolutionnaire L’Internationale pour appeler à la « lutte finale » contre la réduction des acquis sociaux. Une référence internationaliste, donc, qui appelle les « damnés de la terre » et les « forçats de la faim » au dépassement des frontières, sous le regard un brin gêné du souverainiste Philippot.

L’ancienne mannequin explique alors rapidement qu’elle ne rejoint pas le parti de l’ancien frontiste. Avant de prendre définitivement ses distances avec lui quelques semaines plus tard, « choquée » face aux commentaires de ceux qui l’accusent de passer de l’extrême gauche à l’extrême droite.

Reste toutefois une marque indélébile dans l’héritage de Geneviève de Fontenay et dans son cheminement politique : son opposition au mariage pour les personnes de même sexe, en vertu d’une vision traditionaliste, éculée, de la famille. À plus de 80 ans, l’ancienne patronne des Miss rejoindra même la manif pour tous à l’automne 2016.

Autant d’engagements publics que la dame au chapeau se voyait bien porter. Vingt ans avant sa disparition, Geneviève de Fontenay se réjouissait du parcours d’Arlette Laguiller, candidate à plusieurs reprises à la présidentielle, en estimant que son aventure allait « peut-être motiver d’autres femmes. » Et d’ajouter, dans un sourire : « Un jour, si j’ai le temps, pourquoi je ne me présenterais pas, moi ? »

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