Un gendarme du GIGN jugé pour avoir tué Henri Lenfant, un cambrioleur présumé, lors d’une intervention

Un gendarme du GIGN jugé pour avoir tué un cambrioleur présumé lors d’une intervention. Photo d’illustration.
LUDOVIC MARIN / AFP Un gendarme du GIGN jugé pour avoir tué un cambrioleur présumé lors d’une intervention. Photo d’illustration.

JUSTICE- Les faits remontaient à 2018. Ce lundi 19 février marque l’ouverture du procès d’un gendarme du GIGN accusé d’avoir involontairement tué un jeune homme vingtenaire lors d’une intervention liée à des cambriolages. Il est actuellement jugé devant la cour criminelle du Pas-de-Calais.

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Alexandre B., 44 ans, chef de groupe d’une unité au GIGN de Reims, est poursuivi à Saint-Omer pour « violence d’une personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Il est l’auteur d’un tir mortel à la nuque sur Henri Lenfant lors d’une interpellation le 28 septembre 2018.

Les faits avaient eu lieu dans la nuit du 27 au 28 septembre 2018. Le gendarme appelé à la barre faisait partie des militaires appelés en renfort à Arras pour enquêter sur des vols en bande organisée lors de périples nocturnes. Le soir de l’opération, deux parkings sont surveillés par deux équipes du GIGN, six hommes à chaque fois, lorsque l’escouade d’Alexandre B tente d’interpeller trois suspects au bord d’une BMW.

Henri Lenfant, tué par balle dans la nuque

Sur les trois, un a réussi à s’échapper et l’autre est interpellé tandis que le conducteur, Henri Lenfant reste au volant moteur éteint. Les gendarmes essayent de l’extirper du véhicule, mais il refuse de sortir. Alexandre B. ouvre la portière côté passager et tire le frein à main, à genoux sur le siège passager et s’applique, en vain, à retirer les clés du contact.

Henri Lenfant redémarre la voiture et accélère soudain tout en tentant de pousser le gendarme à l’extérieur. Celui-ci, toujours à genoux sur le siège passager, a l’extrémité des jambes dans le vide et s’acharne à rester dans le véhicule. Ensuite, tout va très vite. Se sentant en danger, Alexandre B. sort son arme et tire. La balle se loge dans la nuque du jeune homme qui décède aux alentours de 4 heures du matin.

« J’ai agi. J’ai fait mon tir. Mais mon souhait n’était pas de tuer la personne mais de sauver ma vie », a-t-il regretté devant la quinzaine de proches de la victime, dont certains en larmes.

Jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle

Les gendarmes avaient été conduits jusqu’à ces membres d’un camp de gens du voyage, dont faisait partie Henri Lenfant, grâce aux véhicules utilisés lors des cambriolages. Le jeune homme n’était pas armé. Les proches de la victime, de leur côté, attendent une condamnation.

Pour son père, Georges Lenfant et toute la famille qui se bat depuis six ans pour qu’Henri ne soit pas oublié, ce procès est un « soulagement, car la justice va enfin pouvoir faire son travail », rapporte France Bleu.

Ce lundi, la présidente de la cour criminelle a souligné que les personnes mises en cause étaient très violentes, avec des comportements dangereux, prêtes à tout pour échapper à leur arrestation. L’avocate de l’accusé a aussi précisé que ces jeunes ont « mis en danger des militaires ».

Au cours de ces quatre jours de procès, la cour criminelle s’appliquera à déterminer si le tir était légitime ou non. Le gendarme risque jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.

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