« Pour geler le prix des transports pendant les JO de Paris 2024, taxons les touristes les plus riches » - TRIBUNE

« Pour geler le prix des transports pendant les JO de Paris 2024, taxons les touristes les plus riches » , la tribune d’Olivier Faure, Boris Vallaud et Jérôme Guedj, députés PS 
(Photo d’illustration : à Paris le 15 novembre).
THOMAS SAMSON / AFP « Pour geler le prix des transports pendant les JO de Paris 2024, taxons les touristes les plus riches » , la tribune d’Olivier Faure, Boris Vallaud et Jérôme Guedj, députés PS (Photo d’illustration : à Paris le 15 novembre).

TRIBUNE - En 2017, dans son dossier de candidature aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, la Ville de Paris promettait de garantir un « accès gratuit à l’ensemble du réseau de transports en commun pour les populations accréditées et les détenteurs de billets » pendant toute la période des Jeux. En novembre dernier, balayant cet engagement d’un revers de la main, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse a annoncé un doublement des tarifs des transports publics franciliens, hors abonnement.

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L’argument avancé est un surcoût estimé à 200 millions d’euros lié à la prise en charge des millions de personnes supplémentaires sur le réseau.

Cette décision va faire supporter le surcoût à tous les usagers des transports du 20 juillet au 8 septembre 2024, le ticket de métro passant de 2€10 à 4€, tandis que celui du RER coûtera 6€ par trajet !

Tout semble être fait pour dissuader les Franciliens de profiter des JO

La solution proposée par la présidente de région confine au ridicule : acheter l’ensemble des tickets de manière anticipée, avant la hausse des prix donc, ou bien souscrire à un abonnement Navigo « liberté + » aujourd’hui connu de tout juste 500 000 utilisateurs, qui ne concerne d’ailleurs que les déplacements dans Paris intra-muros et vers les aéroports. La présidente de région semble donc oublier que l’Île-de-France ne s’arrête pas au périphérique.

Entre le prix délirant des places pour les évènements sportifs, les expulsions temporaires d’étudiants des CROUS de la capitale, les appels aux habitants de la région à télétravailler pendant la période des JO et ces annonces sur les transports, tout semble être fait pour dissuader les Franciliens de profiter de ces JO.

90 % d’usagers des transports en commun seront des Français venus de tout le pays. C’est donc à eux que Valérie Pécresse et le gouvernement souhaitent faire payer ce surcoût.

Selon la RATP, pendant les Jeux, ce sont entre 1 et 1,5 million de voyageurs supplémentaires qui sont attendus quotidiennement dans les transports, en plus des 10 millions d’usagers habituels. 90 % de ces utilisateurs seront des Français venus de tout le pays. Des Franciliens, évidemment, mais aussi des Bretons, Normands, Alsaciens ou sudistes venus passer quelques jours en région parisienne à l’occasion de l’événement sportif d’une vie.

Actuellement, c’est donc à eux que Valérie Pécresse et le gouvernement souhaitent faire payer ce surcoût.

Il y a pourtant d’autres solutions de financement. Car, lorsqu’un surcoût est établi, la seule question est de savoir qui le supportera.

Pour que « les Jeux financent les Jeux », changeons la taxe de séjour des hôtels

Alors que le président de la République déclarait, en juillet 2022, que « Les Jeux doivent financer les Jeux », nous, députés socialistes, appelons à geler les prix des transports en Île-de-France, et à financer cette mesure de justice sociale en mettant à contribution ceux des touristes les plus aisés, au profit direct des usagers et du pouvoir d’achat du plus grand nombre. Car ces hausses impacteront évidemment disproportionnellement les classes moyennes et précaires, qui ne peuvent pas anticiper l’achat de tickets.

Notre proposition est claire : empêcher toute hausse des prix des transports publics franciliens en 2024, et financer les 200 millions d’euros que coûtera la mesure par le biais de la taxe de séjour appliquée aux touristes les plus fortunés. C’est-à-dire celle qui s’applique dans les palaces et hôtels 4 et 5 étoiles.

Un exemple concret vaut mille explications : à l’hôtel Bristol, dans le 8e arrondissement de Paris, la réservation d’une seule nuit pour le 23 juillet 2024 (avant même le début des JOP) est facturée 2620€. Actuellement, le montant de la taxe de séjour est de 15€, soit 0,5 % du prix total.

Faire passer la taxe séjour de 15 à 51€ pour tous les palaces n’a rien de dissuasif pour le touriste prêt à débourser 2600€ par nuit

Notre proposition consiste à faire passer cette taxe à 51€ pour tous les palaces. Admettons que cela n’a rien de spoliateur ou dissuasif pour le touriste prêt à débourser 2600€ par nuit. Et cela représenterait une hausse de 13€ pour les 5 étoiles et de 7€ pour les 4 étoiles. La hausse serait donc très limitée, et cela au moment où les hôteliers ont fait le choix d’augmenter démesurément le prix de leurs chambres durant les JOP, allant jusqu’à des hausses de 1500 % !

Qui peut sereinement soutenir qu’il n’est pas possible d’augmenter de 13€ la nuit en 5 étoiles, mais qu’il est opportun de faire payer 12€ l’aller-retour entre Paris et la grande couronne. Un jeune cherchant à rejoindre une fan-zone parisienne pourrait être taxé, mais un riche spectateur des JO ne le pourrait pas ? Et cela suffirait à financer le surcoût avancé par IDFM et donc à permettre à l’immense majorité des utilisateurs de ne pas avoir à payer de leur poche l’impréparation de Valérie Pécresse ainsi que l’inertie du gouvernement en matière de transports en commun.

Le financement solidaire des transports relève de la justice sociale

Notre proposition est précisément chiffrée et ne demande qu’à être débattue à l’Assemblée, à l’occasion de la niche parlementaire socialiste du 29 février prochain. Malheureusement, le 13 février, lors de l’examen de ce texte en commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, les députés de la coalition présidentielle, les députés LR et les députés de l’extrême droite ont voté contre toutes ces mesures. Triste rappel, s’il en fallait, des intérêts défendus par ces formations politiques.

Le 29 février, les 31 députés du groupe socialiste contrôleront l’ordre du jour de la chambre basse, le seul jour dans l’année. À cette occasion, cette proposition, trop sociale pour que les partis de droite ne daignent la considérer en commission, fera son retour à l’Assemblée nationale, cette fois en séance plénière.

Alors que la qualité des transports en commun franciliens se dégrade chaque jour et que, paradoxalement, leurs prix ne cessent d’augmenter, les députés socialistes se battront alors pour un financement juste et solidaire des transports, guidés par une boussole invariable : la justice sociale, au service du pouvoir d’achat du plus grand nombre et en soutien des plus défavorisés.

Pour des JO, et des transports, justes et solidaires !

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