Gaza: comment l'armée israélienne a remplacé sa "grande offensive" par une progression "méthodique"

Gaza: comment l'armée israélienne a remplacé sa "grande offensive" par une progression "méthodique"

Un "harcèlement permanent" mais pas encore d'avancée fulgurante. Depuis le 7 octobre et les attaques sanglantes du Hamas en Israël, les responsables de l'État hébreu ont promis à leur peuple que l'organisation terroriste au pouvoir à Gaza depuis 2007 serait "anéantie".

Dans un premier temps, cette promesse s'est manifestée par des bombardements incessants sur la bande de Gaza où la situation humanitaire est "désastreuse", selon l'ONU, pour les 2,4 millions d'habitants privés d'eau, de nourriture et d'électricité. Mais, depuis vendredi, Israël a intensifié ses bombardements sur le territoire palestinien et ses soldats y opèrent également au sol.

"La grande offensive que tout le monde attendait n'est pas la stratégie employée pour le moment", a commenté sur notre antenne le général Jérôme Pellistrandi. Selon le consultant défense de BFMTV, Tsahal opère majoritairement via une stratégie de "coup de boutoir, de coup de poing, de harcèlement permanant".

C'est pourquoi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a confié samedi s'attendre à une guerre "longue et difficile" à Gaza, évoquant "une deuxième étape de la guerre".

"Étape par étape"

Ce lundi, l'homme d'État a assuré que son armée a "étendu son entrée terrestre dans la bande de Gaza, elle le fait par étapes mesurées et très puissantes, en progressant méthodiquement étape par étape". Une augmentation progressive de l'intensité dont le but est de "détruire" le Hamas et "ramener les otages à la maison" - plus de 230 personnes retenues depuis plus de trois semaines.

De violents combats au sol opposent donc, dans la bande de Gaza, des combattants du Hamas à l'armée israélienne, dont des chars ont mené une opération en lisière de Gaza-ville.

Dans ce contexte, "plus de 600 cibles" ont été frappées à Gaza ces dernières 24 heures, a annoncé l'armée israélienne. Parmi celles-ci figurent "des dépôts d'armes" et des dizaines de positions de lancement de missiles antichar, selon la même source.

"On passe dans une phase un peu plus généralisée avec l'emploi des forces blindées", a analysé sur notre antenne le général Bernard Norlain.

Mais, d'après l'ancien commandant de la force aérienne de combat, l'armée israélienne va bientôt être confrontée à un nouvel obstacle: "Si, jusqu’à maintenant les blindés sont rentrés relativement facilement jusqu’à Gaza-ville, ils vont désormais se heurter aux combats urbains qui vont devenir beaucoup plus difficiles."

Gaza et son labyrinthe souterrain

Devenue un champ de bataille en ruine, Gaza-ville présente une particularité qui pourrait enrayer la progression de Tsahal. Dans les 41 kilomètres de long pour 10 kilomètres de large de la bande de Gaza, plus de 500 kilomètres de tunnels se cachent, majoritairement sous sa ville éponyme.

Le Hamas utilise ces centaines de souterrains, surnommés "le métro de Gaza", pour tenter de rééquilibrer le rapport de force. Ils servent à stocker du matériel, des armes, de la nourriture, du carburant, des motos... Certains disposent même de rails pour les transports les plus importants. Les galeries sont aussi des cachettes pour les dirigeants du Hamas qu'Israël a promis d'éliminer.

Pour neutraliser cette fourmilière, le général Jérôme Pellistrandi a évoqué deux méthodes à mettre en place grâce au "renseignement humain et d'origine électronique" accumulé: une aérienne et une terrestre. "Tsahal peut les frapper avec des bombes à gravité qu'on peut larguer d'avion et qui vont rentrer profondément et exploser à une dizaine de mètres de profondeur."

Sur le plan terrestre, le rôle des bulldozers blindés pourrait être déterminant: "Ils vont ratisser le terrain et, dès qu'il y a un trou, larguer de l’explosif pour faire un effet de blast dans les tunnels."

L'armée israélienne a d'ailleurs affirmé lundi avoir tué dans la nuit "des dizaines de terroristes qui s'étaient barricadés dans des bâtiments et des tunnels et avaient tenté de les attaquer".

Article original publié sur BFMTV.com