Gaza : Israël et le Hamas quittent les négociations, violentes frappes contre Rafah

Des chars de combat de l’armée israélienne positionnés dans le sud d’Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 9 mai 2024.
AHMAD GHARABLI / AFP Des chars de combat de l’armée israélienne positionnés dans le sud d’Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 9 mai 2024.

GAZA - Nouvelle impasse à venir dans le conflit israélo-palestinien ? Israël multipliait les frappes ce vendredi dans la bande de Gaza après le départ, sans accord, des deux camps de la table des négociations visant à arracher une trêve et empêcher une offensive israélienne sur Rafah.

Aux premières heures de ce 10 mai, des équipes de l’AFP ont ainsi fait état de tirs d’artillerie israéliens vers Rafah, à la frontière égyptienne, et des témoins de frappes aériennes et de combats dans la ville de Gaza.

Ci-dessous, Le HuffPost fait le point sur la situation dans la bande de Gaza, un peu plus de 7 mois après l’attaque du 7 octobre.

• Des négociations qui s’embourbent

Le Hamas a envoyé un message aux autres factions palestiniennes pour expliquer son point de vue sur l’état des négociations indirectes avec Israël qui se déroulaient depuis mercredi au Caire. « La délégation a quitté Le Caire pour Doha. L’occupation a rejeté la proposition soumise par les médiateurs que nous avions acceptée. En conséquence, la balle est désormais entièrement dans le camp de l’occupation », nom donné à Israël par le mouvement terroriste, a-t-il indiqué dans cette lettre.

Les représentants du Hamas et d’Israël ont quitté Le Caire après « deux jours de négociations », avait rapporté le média Al-Qahera News, proche du renseignement égyptien, précisant que les efforts des pays médiateurs (Égypte, Qatar, États-Unis) « se poursuivent pour rapprocher les points de vue des deux parties ».

Et la diplomatie égyptienne a exhorté ce vendredi le Hamas et Israël à faire preuve de « flexibilité » pour parvenir à un accord « dans les plus brefs délais » pour « mettre fin à la tragédie humanitaire » dans la bande de Gaza.

Le directeur de la CIA, William Burns, qui s’est fortement impliqué dans les pourparlers et présent au Caire et à Jérusalem cette semaine, rentre ce vendredi aux États-Unis, a affirmé la Maison Blanche.

Le Hamas avait donné son feu vert lundi à une proposition présentée par les médiateurs qui comprend, selon le mouvement, une trêve en trois phases, chacune d’une durée de 42 jours, incluant un retrait israélien de Gaza ainsi qu’un échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens en vue d’un « cessez-le-feu permanent ».

Mais Israël a répondu que cette proposition était « loin de ses exigences » et répété son opposition à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne, ne sera pas « vaincu ».

• L’offensive sur Rafah

À cette fin, le Premier ministre Benjamin Netanyahu juge nécessaire une offensive terrestre à Rafah, ville où se cachent selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste mais où s’entassent aussi 1,4 million de Palestiniens, pour la majorité déplacés par les violences.

Défiant les mises en garde internationales, l’armée israélienne a mené depuis mardi des incursions qualifiées de « ciblées » dans l’est de Rafah et pris le contrôle du passage frontalier avec l’Égypte, verrouillant une porte d’entrée névralgique pour les convois d’aide humanitaire vers le territoire assiégé.

• La menace de Biden sur les armes

Par ailleurs, Joe Biden a menacé de cesser les livraisons de certains types de bombes en cas d’offensive sur Rafah, l’avertissement le plus sévère de Washington, principal fournisseur d’armes à Israël, depuis le début du conflit.

« Si nous devons tenir seuls, nous tiendrons seuls. Je l’ai déjà dit, s’il le faut, nous combattrons avec nos ongles », a répondu jeudi Benjamin Netanyahu au président américain.

• Des réfugiés toujours plus nombreux

Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont les bureaux à Jérusalem ont été la cible selon elle d’une tentative d’incendie par des « extrémistes israéliens », environ 110 000 personnes ont fui Rafah depuis qu’Israël a appelé, en début de semaine, la population de l’est de la ville à quitter les lieux.

Certains ont pris le chemin de Khan Younès, une ville en ruines à quelques kilomètres au nord, tandis que d’autres se demandaient encore où aller.

Malgré la réouverture mercredi du passage de Kerem Shalom, fermé pendant trois jours en raison de tirs de roquettes selon Israël, l’acheminement de l’aide reste « extrêmement difficile », a affirmé à l’AFP Andrea De Domenico, le chef du bureau de l’agence humanitaire des Nations unies (Ocha) dans les territoires palestiniens.

« C’est fou », les Israéliens « ont des chars partout, des troupes sur le terrain, ils bombardent la zone à l’est de Rafah et ils veulent que nous allions chercher du carburant ou des produits de base » dans ces zones de guerre alors qu’« ils savent que nous ne pouvons tout simplement pas y aller », a-t-il ajouté.

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