Gaza : 76 ans après la Nakba, les Palestiniens traversent le 2e plus gros exode de leur histoire

Des Palestinien fuyant Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 mai 2024.
- / AFP Des Palestinien fuyant Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 mai 2024.

GAZA - Alors que la guerre entre le Hamas et l’armée israélienne dure depuis maintenant plus de sept mois, la date du 15 mai, en plein conflit,est venue s’inscrire comme un symbole fort dans la vie des centaines de milliers de Gazaouis actuellement en exil forcé à Rafah, ou en dehors de la ville située à la frontière égyptienne.

Comme chaque année, le jour de la Nakba (la « catastrophe ») a été commémoré dans le monde arabe, cette période où les Palestiniens ont connu leur premier exode avec la création d’Israël en 1948. Soixante-seize ans plus tard, déjà 450 000 Gazaouis sont réfugiés à cause de la guerre en cours, constituant le deuxième plus important exode arabe.

Le HuffPost revient ci-dessous sur les trois plus grands exodes des habitants de ce territoire dont l’histoire se réécrit à intervalles réguliers depuis la fin des années 40.

• 1948 : la Nakba, un exode de 760 000 Arabes de Palestine

C’est à ce jour l’exode le plus important de l’histoire du territoire palestinien. Au début de la guerre israélo-arabe le 15 mai 1948, au terme du mandat britannique sur la Palestine, des centaines de milliers d’habitants sont contraints de fuir, chassés ou expulsés de leurs villages. Pendant près de onze mois, environ 760 000 d’entre eux partent ainsi vers la Cisjordanie, la bande de Gaza, l’Égypte, le Liban ou la Syrie. Ci-dessous, la carte de 1947 permet de rappeler la place des territoires palestinien et juif peu de temps avant la Nakba.

Pour ces réfugiés, la vie s’organise dans des camps où ils se regroupent par affinités territoriales ou religieuses. Au fil du temps, les 58 camps reconnus par l’Office de Secours et de Travaux des Nations unies pour les Réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) deviennent des quartiers, puis des villes, dans les pays arabes bordant la Palestine, rappelle Le Nouvel Obs. Avec ce premier exode, le statut de réfugié palestinien va être le seul à se transmettre de génération en génération en vertu d’un statut spécial reconnu par l’agence onusienne.

Des Palestiniens fuyant un village non identifié de Galilée durant l’année 1948.
Stringer . Des Palestiniens fuyant un village non identifié de Galilée durant l’année 1948.

• 1967 : la Naksa, un exode de 300 000 Cisjordaniens et Gazaouis

Une vingtaine d’années plus tard, le peuple palestinien va vivre un nouvel exode conséquent, la Naksa (le « revers », dont le jour est commémoré le 5 juin), quand 300 000 Arabes de la bande de Gaza et de Cisjordanie fuient après la victoire de Tsahal lors de la guerre des Six Jours en 1967. Au cours de celle-ci, Israël prend le contrôle de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza. Plusieurs villages palestiniens sont entièrement rasés durant cette guerre éclair ayant impliqué l’Égypte, la Syrie, la Jordanie, le Liban et l’Irak.

Parmi les personnes chassées, 250 000 Cisjordaniens traversent le Jourdain pour se réfugier en Jordanie. Ces « personnes déplacées », selon la terminologie officielle de l’Onu et comme le stipule une résolution du 18 décembre 1968, ont un droit au retour, relate Jeune Afrique. Mais Israël oppose une fin de non-recevoir, si bien que ces réfugiés continueront à grossir à l’époque les camps palestiniens en Jordanie.

Des Palestiniens faisant la queue dans le camp de réfugiés Wadi Dalail, en Jordanie, en août 1967.
AFP Des Palestiniens faisant la queue dans le camp de réfugiés Wadi Dalail, en Jordanie, en août 1967.

• 2024 : la guerre Israël-Hamas, un exode de 450 000 Gazaouis

Au 14 mai, des dizaines de milliers de civils continuent de fuir la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, pilonnée par Israël et menacée d’une offensive terrestre d’envergure. Et depuis que l’armée a ordonné aux civils de quitter les secteurs est à Rafah le 6 mai, « près de 450 000 personnes ont été déplacées de force », a annoncé l’UNRWA, sans préciser où se sont rendues ces déplacés, ailleurs dans Rafah ou hors de la ville, qui accueille selon l’ONU 1,4 million de personnes. Ces personnes réfugiées « sont épuisées, affamées, et constamment apeurées », ajoute l’UNRWA, alors que l’aide humanitaire ne parvient plus aux habitants de Gaza depuis le 9 mai selon le Qatar.

Ce sont donc bientôt presque un quart de la population totale de la bande de Gaza, un territoire de 360 km² où vivent 2,3 millions d’habitants, qui est aujourd’hui déplacé.

Des tentes installées le long de la plage de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, par des Palestiniens qui ont fui Rafah, le 12 mai 2024.
- / AFP Des tentes installées le long de la plage de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, par des Palestiniens qui ont fui Rafah, le 12 mai 2024.

Si l’exode palestinien lié à cette guerre déclenchée le 7 octobre 2023 est le deuxième plus important de l’histoire du territoire, le bilan humain figure lui au premier rang : avec déjà plus de 35 000 morts côté palestinien - selon le ministère de la Santé du Hamas - et 2 000 morts côté israélien, il surpasse le bilan final de la guerre des Six Jours de 1967 (22 000 morts, dont 21 500 du côté de la coalition arabe) ou celui de la guerre de Gaza de 2008-2009 (1 345 morts, dont 1 330 du côté arabe).

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