"Un gars, une fille": pourquoi ce programme court, qui débarque sur Netflix, est devenu culte

Alexandra Lamy et Jean Dujardin dans
Alexandra Lamy et Jean Dujardin dans

Un couple chamailleur bien connu des téléspectateurs rejoint le catalogue de Netflix. Le géant du streaming diffuse dès ce jeudi l'intégrale d'Un gars, une fille, programme court qui a fait rire des millions de Français chaque soir entre 1999 et 2003 sur France 2.

Adapté d'une série canadienne homonyme, Un gars, une fille mettait en scène Alexandra Lamy et Jean Dujardin dans la peau d'un couple, Alexandra et Jean - dits "Chouchou et Loulou". Chaque épisode, en forme de plan unique, les suivait dans une situation de la vie de tous les jours (au restaurant, chez des amis, en vacances...) et multipliait les saynètes. Si d'autres personnages leur donnaient parfois la réplique, seules les voix de ces derniers étaient entendues; aucun autre visage que ceux du couple-vedette n'apparaissait.

Un concept simplissime... pour un succès retentissant: en cinq saisons et 438 épisodes d'environ six minutes, diffusés chaque soir juste avant le journal de 20 heures, ce programme créé par Isabelle Camus et Hélène Jacques a charmé les téléspectateurs et marqué durablement la télévision. Retour sur ce triomphe.

• Des audiences record

Quelques mois après son lancement, en octobre 1999, Un gars, une fille acquiert un public fidèle. Comme le rapporte le Huffington Post, entre 5 et 6 millions de téléspectateurs suivent chaque soir ce couple un brin stéréotypé. Jean Dujardin, gentil balourd un peu misogyne, et Alexandra Lamy, mi-pétillante mi-hystérique, sont immédiatement adoptés par les Français. Jusqu'à supplanter certaines institutions télévisuelles, en place depuis des années.

Avec 25% de part d'audience, Un gars, une fille se place régulièrement devant Les Guignols de l'info de Canal+, programme satirique qui vit alors son âge d'or. Le phénomène ne fait que gagner de l'ampleur, détaillée par Toute la télé: en 2001, Chouchou et Loulou réunissent une moyenne de 6,5 millions de téléspectateurs chaque soir - plus d'un quart du public. À la rentrée 2003, année de la dernière saison, 200.000 fans se sont encore ajoutés aux audiences quotidiennes.

Ce succès prend même la forme d'un phénomène culturel, lorsque des stars se pressent pour y apparaître. Un gars, une fille a quelques fois brisé la règle des seconds rôles hors-champ en faisant apparaître Michel Drucker, Julien Lepers ou Adriana Karembeu. France 2 a également mis sur pied quelques numéros spéciaux où des personnalités se mettaient en binômes pour remplacer Jean Dujardin et Alexandra Lamy. Michèle Bernier, Kad & Olivier, Amanda Lear, Doc Gyneco, ou encore Frank Leboeuf se sont prêtés au jeu.

Un succès dû à l'humour tendre des scénaristes, aux situations dans lesquelles le plus grand nombre pouvait se reconnaître... mais aussi au génie comique des deux interprètes, alors inconnus du grand public.

• Deux stars révélées

Car lorsque Jean Dujardin et Alexandra Lamy débarquent à la télévision pour incarner ce couple, personne ou presque ne les connaît. Lui a monté une troupe de comiques qui rencontre quelques succès, elle est apparue dans quelques productions mineures. Avec Un gars, une fille, ces deux anonymes s'invitent dans tous les foyers de France et deviennent des stars.

Le public s'identifie encore plus lorsque la réalité rejoint la fiction: en 2003, après quatre années passées à jouer les couples, Alexandra Lamy et Jean Dujardin en deviennent un. Leur idylle durera dix ans, au cours desquels ils font office de couple préféré des Français. Deux carrières fulgurantes débutent: Alexandra Lamy est aujourd'hui une valeur sûre des comédies françaises et Jean Dujardin une figure du cinéma.

En Belmondo des temps modernes, il navigue entre comédie (OSS 117) et drames (il est actuellement à l'affiche de Novembre, un long-métrage sur les attentats du 13-Novembre) avec un succès qui ne s'est jamais démenti... et lui a même ouvert les portes de Hollywood en 2012, lorsqu'il est devenu le premier Français à décrocher l'Oscar du meilleur acteur pour The Artist, de Michel Hazanavicius.

• Succès inégalé

Lorsque Alexandra Lamy et Jean Dujardin quittent leurs rôles en 2003, signant la fin du programme, ils ont déjà opéré une petite révolution dans le paysage télévisuel: les programmes courts de fin de journée du même acabit commencent alors à se multiplier sur les chaînes hertziennes, et certains subsistent aujourd'hui.

Caméra Café, Kaamelott, Domisiladoré, Samantha Oups!, Nos Chers voisins, Scènes de ménages... toutes ont vu le jour dans le sillage d'Un gars, une fille, et certaines ont rencontré un franc succès. Mais jamais comparable à celui de "Jean et Alex": 4,1 millions de fans en moyenne pour Caméra Café, un peu moins de 3 millions pour Samantha Oups!. En 2011, Scènes de ménages signait un record à 4,2 millions de fidèles, soit plus de deux millions de moins qu'Un gars, une fille.

La nostalgie se ressent jusqu'à aujourd'hui: sur YouTube, la chaîne officielle du programme - qui propose des épisodes, des compilations et des best-offs - cumule jusqu'à 10 millions de vues sur certaines vidéos. En outre, la chaîne TF1 a annoncé une soirée spéciale pour les prochains mois.

Article original publié sur BFMTV.com