Gabriel Attal dans le Rhône face à 150 Français, dans un format qui rappelle le grand débat d’Emmanuel Macron

Gabriel Attal, à Caen le 14 janvier 2024.
LOU BENOIST / AFP Gabriel Attal, à Caen le 14 janvier 2024.

POLITIQUE - Un air de déjà-vu. Fort de sa popularité, le Premier ministre Gabriel Attal se rend dans le Rhône ce samedi 20 janvier pour échanger et entendre les préoccupations d’environ 150 Français, qu’il veut associer à la préparation de son discours de politique générale à la fin du mois.

Dans l’après-midi, le nouveau locataire de Matignon échangera publiquement pendant deux heures avec des habitants et des maires du département, à Saint-Laurent-d’Agny, à une vingtaine de kilomètres de Lyon. Un format d’échange qui rappelle le « grand débat » animé par le président Emmanuel Macron après les manifestations des « gilets jaunes ».

« Je n’envisage pas de préparer [la déclaration de politique générale] en restant dans mon bureau avec mes conseillers. J’aime le terrain, me déplacer », a expliqué le chef de gouvernement quelques heures plus tôt, lors de la cérémonie des voeux de la commune d’Orliénas (2.400 habitants).

« Continuer à soutenir la France qui travaille »« renforcer nos services publics » notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé, « continuer à renforcer nos policiers, nos gendarmes » et accélérer « la transition écologique » : le chef du gouvernement a égrené les principaux axes de sa déclaration du 30 janvier. « Un des enjeux qu’on a à traverser (...), c’est comment garder notre identité, notre identité française, nos valeurs, nos grandes forces, dans un monde qui change et qui bouge », a-t-il poursuivi.

Après cette cérémonue, il devait déjeuner avec des élus locaux, dont le député Renaissance de la circonscription Jean-Luc Fugit, organisateur de l’événement.

« La proximité, le terrain, l’écoute, je continue »

Aller sur le terrain est un exercice que le nouveau chef du gouvernement apprécie, inspiré par l’ancien Premier ministre Jean Castex. « La proximité, le terrain, l’écoute, je continue », a-t-il confié à l’un de ses visiteurs cette semaine.

Dès sa nomination, il avait effectué plusieurs déplacements, cinq en cinq jours, du Pas-de-Calais inondé au marché de Caen dans le Calvados, en passant par un collège des Yvelines.

Cette exposition n’est pas sans risques. Sur le marché de Caen, il a été interpellé par des opposants à la loi sur l’immigration ou sur la situation au Proche-Orient, la voix parfois couverte par les cris de manifestants. « Je ne viens pas pour qu’on me dise tout va bien », avait-il répondu sans sourciller. Dans les Yvelines, il a été confronté à une première polémique touchant sa toute nouvelle ministre de l’Éducation Amélie Oudéa-Castéra sur l’établissement privé Stanislas, où elle a scolarisé ses enfants, accusé de « dérives » dans un rapport de l’Éducation nationale.

Protéger le président

Vis-à-vis de l’Élysée, rencontrer des Français, « ça permet de protéger le président ». « Car quand on va sur le terrain, on est à portée d’engueulade », note le spécialiste de communication politique Christian Delporte.

L’atout de Gabriel Attal reste sa popularité, bien plus grande que celle d’Emmanuel Macron : le Premier ministre recueille 37 % d’opinions favorables dans le baromètre YouGov réalisé pour Le HuffPost mi-janvier, soit 13 points de plus que le président. En janvier, il est devenu la personnalité politique la plus populaire du baromètre de l’institut de sondages Cluster 17 (réalisé les 13 et 14 janvier), détrônant à cette place Marine Le Pen.

Son aura peut contribuer à envoyer un message « plus audible » au regard d’une parole présidentielle qui semble « démonétisée », analyse l’historien Jean Garrigues. Aller au contact des Français permet aussi de ne pas rester prisonnier de « l’enfer » de Matignon, souligne Mayada Boulos, une proche qui a dirigé la communication de Jean Castex.

Ces déplacements permettent aussi de mettre un peu de lumière sur ses priorités, qu’il ne pourra détailler que le 30 janvier lors de sa déclaration de politique générale et qui ont été retardées par la longue conférence de presse donnée mardi par le président Emmanuel Macron, qui a disserté sur de nombreux sujets dont il a la charge.

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