Gabriel Attal officialise la rupture avec Jean-Michel Blanquer et ajuste le baccalauréat 2024
ÉDUCATION - Le « bac Blanquer » ne soufflera pas de seconde bougie. Lors de son discours de rentrée prononcé ce lundi 28 août, Gabriel Attal, le nouveau ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, a pris ses quartiers en piétinant la réforme de l’examen national faite par son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer. Le nouvel occupant des bureaux de la rue de Grenelle chamboule notamment le calendrier des épreuves de spécialité, qui est pourtant la mesure phare du mandat de Blanquer.
La prise de paroles de Gabriel Attal dans le 20 heures de TF1 dimanche soir annonçait déjà cette révision en profondeur du « nouveau baccalauréat » instauré avec fracas par Jean-Michel Blanquer en 2018, et appliqué uniquement lors de l’édition 2023, après deux années perturbées par le Covid.
« Dès la session 2024, les épreuves de spécialités se tiendront au mois de juin, et non plus en mars, a ainsi annoncé le ministre de l’Éducation ce lundi, avant d’expliciter cette décision : il faut être pragmatique et regarder ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas ».
« Désorganisation » et « heures perdues »
L’ancien porte-parole du gouvernement s’est montré encore plus cinglant ce lundi et n’a pas hésité à tacler la réforme de son prédécesseur. Il a ainsi déploré : « L’organisation des épreuves de spécialité en mars a entraîné une désorganisation des établissements, des centaines de milliers d’heures d’enseignement perdues pour les lycéens en classe de seconde et de première, une démotivation et de l’absentéisme chez un grand nombre d’élèves de terminale. »
Le baccalauréat Blanquer était fondé principalement sur le contrôle continu et des épreuves de « spécialité » se déroulant dès mars et comptant pour un tiers dans la note du bac. Seuls une épreuve de philosophie et un grand oral étaient maintenus en juin. Cette nouvelle formule a essuyé de très nombreuses critiques du corps enseignant et des syndicats. Ces derniers arguaient l’impossibilité de boucler les programmes, et des élèves démotivés pour le dernier trimestre, notamment parce que beaucoup savent dès le printemps qu’ils ont réussi (ou à l’inverse, déjà raté) leur examen.
Concédant l’échec de la réforme, Emmanuel Macron avait déjà récemment admis que des « ajustements » étaient nécessaires. « Qu’il y ait plus de contrôle continu est plutôt une bonne chose, que l’année scolaire se finisse si tôt sur certaines épreuves est plutôt un problème », avait-il aussi fait savoir en juin, lors d’un déplacement à Marseille. Dans un entretien au Monde, l’ex ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye avait, lui aussi, déploré les effets pervers de la réforme Blanquer et promis un bac 2024 modifié. Avant que Gabriel Attal le remplace donc.
« Tout n’est pas réglé avec le bac Blanquer »
La réforme de la réforme du bac Blanquer est donc désormais actée, pour le plus grand bonheur des organisations syndicales. « Il fallait apporter une solution à un problème majeur. C’est une bonne nouvelle, qui correspond à notre demande », a réagi à cet égard Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation Nationale auprès de l’AFP. Pour lui, « ce n’est pas complètement un retour en arrière, on garde la logique du contrôle continu, avec un ajustement nécessaire au vu de ce qu’on a vécu ».
« C’est une mesure que nous avions demandée et pour laquelle nous nous sommes battus, elle est essentielle pour favoriser la réussite des élèves », a également salué Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, dans les colonnes du Monde. « Tout n’est pas réglé avec le bac Blanquer, sur le contrôle continu, on pense que ça a dénaturé la relation prof/élève, les élèves sont en négociation pour leurs notes », nuance en revanche la syndicaliste.
L’ambitieux nouveau ministre de seulement 34 ans a annoncé d’autres changements ce lundi pour les bacheliers. Pour les lycéens en classe de première, il y a aura seulement 16 textes, contre 20 auparavant, à réviser pour l’oral de français. Pour les terminales, les cinq minutes de présentation du « projet professionnel » lors de l’épreuve du Grand oral seront supprimées. Et les bouleversements pourraient ne pas s’arrêter là. Avant Attal, Pap Ndiaye avait annoncé que le gouvernement étudiait aussi un changement de coefficient des épreuves de spécialité, ou une prime à l’assiduité pour les lycéens.
À voir également sur Le HuffPost :
Une rentrée scolaire le 20 août ? Attal relativise cette annonce de Macron sur l’école
Qu’est-ce que l’abaya, ce vêtement qui va être interdit dans les écoles à la rentrée