Gabriel Attal lance les « Dialogues de Bercy », Éric Coquerel lui répond

Éric Coquerel, ici arrivant à l'Assemblée nationale, le 21 juin 2022.
JULIEN DE ROSA via Getty Images Éric Coquerel, ici arrivant à l'Assemblée nationale, le 21 juin 2022.

JULIEN DE ROSA via Getty Images

Éric Coquerel, ici arrivant à l'Assemblée nationale, le 21 juin 2022.

POLITIQUE - Passer en force avec le 49.3 pour le budget 2023, Gabriel Attal ne « s’y résout pas ». Ce dimanche 4 septembre, dans une interview au Parisien, le ministre délégué aux Comptes publics a tendu la main aux oppositions et proposé le lancement des « Dialogues de Bercy » pour discuter du contenu du texte « en anticipation du débat parlementaire ». La méthode -convier au ministère les membres de la Commission des Finances de l’Assemblée et du Sénat avant la traditionnelle discussion au Parlement- se veut inédite.

Elle est le signe d’une discussion qui s’annonce serrée pour un gouvernement sans majorité absolue. Les Républicains, essentiels au gouvernement pour avoir une majorité confortable, sont divisés : dans le JDD ce dimanche, le candidat à la présidence du parti et influent député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti a fait savoir qu’il ne voterait pas le texte. De l’autre côté, la gauche refuse d’être dans une opposition systématique et demande à voir le contenu.

Pas fermé aux discussions avec Gabriel Attal, le député (France insoumise) Éric Coquerel n’en reste pas moins « méfiant ». « En lisant l’interview de monsieur Attal, j’ai un peu de mal à voir comment on pourrait évoluer les uns vers les autres », explique dans une interview au HuffPost le président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale.

Gabriel Attal a proposé des « dialogues de Bercy » ouverts à tous les parlementaires des Commission des Finances. Comment recevez-vous cette proposition ?

En tant que président de la Commission des Finances, je veux veiller à ce que ces « dialogues » ne servent pas à désincarner le travail parlementaire. Il ne faut pas empiéter sur le rôle principal de la Commission et de l’Assemblée. C’est d’abord là que doivent avoir lieu le débat et le travail d’amendements. Et comme député de l’opposition, je me méfie un peu de ce type de réunions, où l’on invite tout le monde pour, à la fin, faire croire à la sortie que tout le monde est d’accord avec le gouvernement. C’était déjà la caractéristique du premier quinquennat et j’ai d’ailleurs mis en garde Gabriel Attal sur ce point puisqu’il m’a prévenu hier de cette proposition.

Vous semblez assez sceptique. Irez-vous quand même à Bercy ?

Je suis pour en discuter au sein de la NUPES, car il ne faut pas que cela serve uniquement à la communication du gouvernement. Sur le papier, je n’ai rien contre le fait d’aller à Bercy. Mais cela ne peut remplacer ni anticiper les débats à l’Assemblée. Et pour l’instant, j’ai surtout l’impression, à lire Gabriel Attal, qu’il est dans une recherche de majorité anticipée avec les Républicain.

Vous pensez que la NUPES est invitée uniquement pour la forme ?

Quand je vois les thèmes abordés, comme les retraites, la fraude sociale, ce qu’ils appellent « la chasse au gaspillage » pour baisser les dépenses publiques, ce ne sont pas les thèmes de la NUPES. Plutôt ceux des Républicains, avec leur politique de rigueur.

« Je n’ai rien contre le fait d’aller à Bercy. Mais cela ne peut remplacer ni anticiper les débats à l’Assemblée. »

Quelles sont pour vous les lignes rouges de ce projet de budget 2023 ?

Difficile de parler de lignes rouges quand celles fixées par le gouvernement sont totalement contradictoires avec ce que nous proposons ! L’exécutif refuse toute augmentation des recettes par l’impôt, c’est-à-dire aucune remise en question des cadeaux aux plus riches ni au capital faits pendant cinq ans. Nous pensons à l’inverse qu’il faut mobiliser les revenus de ceux qui ont beaucoup trop pour répondre aux besoins du pays.

En lisant l’interview de monsieur Attal dans Le Parisien, j’ai un peu de mal à voir comment on pourrait évoluer les uns vers les autres. Le quoiqu’il en coûte n’est pas derrière nous mais devant, il est écologique : mobiliser la puissance publique pour réparer les dégâts du dérèglement climatique et engager une bifurcation écologique pour éviter le pire. Voilà pourquoi, avant tout, il faut un partage des richesses pour puiser dans les bénéfices historiques du capital de quoi répondre aux urgences sociales et écologiques. Ce sera, je pense, le sens du contre-budget que la NUPES présentera.

Vous parlez des superprofits… Croyez-vous encore à un geste du gouvernement en ce sens ?

Je ne crois absolument pas que ce sera le cas lors des dialogues de Bercy. Pour ouvrir un débat, il ne faut pas commencer en disant que les deux lignes rouges sont la réduction de la dette et le refus d’augmenter les impôts des plus riches. Or, c’est un peu ce qui est dit par Gabriel Attal. Pour l’instant, ils présentent la taxation des superprofits comme une solution ultime. Est-ce qu’il serait capable d’aller jusque-là ? Si c’est le cas, on prendra, bien sûr. Mais ce n’est pas ce qui changera la nature de ce budget qui reste marqué par la politique de l’offre et le néo-libéralisme.

À voir également sur Le HuffPost : Taxer les superprofits ? On est allés au Medef et ce n’est pas gagné

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