Comment Gabriel Attal justifie de vouloir débattre avec Marine Le Pen et non Jordan Bardella
POLITIQUE - Le match dans le match. En marge de la crise agricole, et alors que Salon international de l’Agriculture 2024 s’ouvrira samedi à Paris, Gabriel Attal a tenu ce mercredi 21 février une conférence de presse pour faire un « point d’étape » des chantiers ouverts par l’exécutif pour répondre à la colère paysanne.
Mais la séquence est également pour le Premier ministre l’occasion de donner le change au Rassemblement national (qui surfe sur la crise), et à Marine Le Pen tout particulièrement. À la veille de sa conférence de presse, dans Le Figaro, le chef du gouvernement avait invité la présidente du groupe RN à l’Assemblée à échanger au sujet de l’agriculture. Une main tendue sitôt rejetée par la députée du Pas-de-Calais, qui a renvoyé le Premier ministre vers Jordan Bardella, président du RN et tête de liste du parti lepéniste aux élections européennes.
« Elle a peur »
Après sa prise de parole de ce mercredi, Gabriel Attal a été interrogé sur cette fin de non-recevoir, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article. Un refus que le Premier ministre explique par la « peur » et le manque de « cohérence » de la cheffe de file du RN sur le sujet de l’agriculture. « Vous avez le Rassemblement national qui dit tout et son contraire. En 2019, au Parlement européen, le RN vote contre la PAC. En 2021, au Parlement européen, le Rassemblement vote pour la PAC. Aujourd’hui en 2024, ils sont redevenus contre la PAC », a raillé Gabriel Attal, avant de souligner que le parti lepéniste n’avait pas soutenu la reconnaissance de l’agriculture comme métier en tension pour faciliter l’emploi de saisonniers étrangers lors de la loi immigration.
« Ils disent qu’ils soutiennent nos agriculteurs, mais ils n’étaient pas là pour voter l’assurance récolte. Madame Le Pen n’était même pas dans l’hémicycle pour voter la loi Egalim, qui constitue un progrès, même s’il doit être amélioré, pour nos agriculteurs », a insisté Gabriel Attal, en justifiant sa préférence pour un débat avec Marine Le Pen par des considérations protocolaires. « Moi je n’ai jamais eu de problème par le passé à débattre avec Jordan Bardella », a fait valoir le Premier ministre, qui considère que ce n’est pas son rôle de débattre avec une personnalité qui est « tête de liste aux européennes et président de son parti ».
À l’inverse de Marine Le Pen qui est « présidente du premier groupe d’opposition au Parlement ». Et donc, selon Gabriel Attal, fondée à se confronter, si elle le souhaite, au chef du gouvernement. Et le Premier ministre d’enfoncer le clou : « Mais encore une fois, je pense qu’elle n’est pas très à l’aise sur le fond par rapport à tous ses changements de pied. Elle a peur que ça se voie et elle refuse le débat, ce que je regrette. »
De son côté, Jordan Bardella expliquait le matin même qu’il était au contraire le contradicteur le plus adapté à la situation. « Il faut être cohérent. Gabriel Attal a été nommé d’après les mots de la Macronie comme une arme anti-Bardella pour les élections européennes. Alors il faut que Gabriel Attal vienne débattre avec moi », a justifié sur Europe 1 le président du RN. Avant d’ajouter : « Marine Le Pen a été par trois fois candidate à l’élection présidentielle, par deux fois au second tour de l’élection présidentielle, et peut être une troisième fois au second tour de la prochaine élection présidentielle. Par conséquent, Marine Le Pen débat avec le Président de la République. »
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