Le G7 trouve un accord pour mettre fin aux centrales à charbon, sauf à une condition

Pour la première fois, les pays du G7 ont passé un accord les engageant à fermer leurs centrales à charbon, du moins celles qui ne sont pas équipées de dispositif de captage du CO2.

Un ballon vole au-dessus de la centrale à charbon de Scholven à Gelsenkirchen, dans l’ouest de l’Allemagne, le 10 avril 2024.
INA FASSBENDER / AFP Un ballon vole au-dessus de la centrale à charbon de Scholven à Gelsenkirchen, dans l’ouest de l’Allemagne, le 10 avril 2024.

CLIMAT - Une nouvelle avancée pour le climat. Pour la première fois dans l’histoire, les pays du G7 ont trouvé ce mardi 30 avril un accord pour fermer les centrales à charbons de leurs pays d’ici 2035. Une étape clé pour la transition écologique, qui concrétise les engagements signés lors de la COP28 lors de laquelle le monde s’est engagé à renoncer progressivement aux énergies fossiles. Mais comme à Dubaï, la promesse du G7 reste incomplète.

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Si les ministres de l’Environnement et de l’Énergie de la France, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni ont bien réussi à s’accorder de manière inédite sur la fermeture des centrales à charbon, il faut prendre garde à l’ensemble des mentions du texte. Ainsi, malgré les apparences, cet accord ne concerne pas toutes les centrales à charbon mais seulement celles qui ne sont pas équipées de technologies de captage de CO2.

En clair, les centrales à charbon pourront continuer de fonctionner tant qu’elles démontrent que le CO2 émis par leur activité est aspiré et stocké grâce à diverses technologies. Dans l’idée, il faudrait « mettre un gros pot d’échappement sur les cheminées pour aspirer le CO2, le mettre sous pression et l’enfouir dans le sous-sol ou le réutiliser pour d’autres usages industriels », résume auprès du HuffPost Pierre Gilbert, expert prospectiviste en matière de risques et d’adaptation climatique.

Ces technologies, aussi connues sous l’acronyme CCUS (Carbon Capture, Utilisation and Storage), sont régulièrement présentées par les entreprises polluantes comme une solution miracle à leurs activités. Or, si leur développement est financé depuis une cinquantaine d’années, ces dispositifs ne sont toujours pas au point.

« Environ 80 % des projets pilotes de CCUS menés au cours des 30 dernières années ont échoué », pointait ainsi en novembre un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement. Conséquence, « ces mécanismes ne permettent d’absorber qu’une partie très faible des émissions, de l’ordre d’un millionième », souffle Jean Jouzel, éminent paléoclimatologue et membre du GIEC.

« Il faudrait encore quatre à cinq ruptures technologiques pour que les CCUS fonctionnent bien, et rajouter quinze ans de déploiement industriel », estime Pierre Gilbert. « À ce jour, le vrai but des CCUS n’est pas de réduire les émissions, c’est de gagner 10 à 15 ans de “business as usual” pour les secteurs fossiles et financiers », dénonce-t-il.

Pour autant, la promesse du G7 n’est pas vaine. Elle marque un tournant vers une transition écologique, alors même que le contexte international faisait craindre un recul lors des négociations de ce sommet à Turin. C’est ainsi la première fois que le Japon s’engage autant sur le sujet, alors que Tokyo ne disposait pas jusqu’à présent de plan de sortie des énergies fossiles.

Enfin, le G7 a également réaffirmé un progrès important de la COP28 : l’objectif de tripler les capacités mondiales en énergies renouvelables d’ici à 2030.

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