Contre-sommet du G7 : "La seule crainte, c'est la violence d'État"

Aurélie Trouvé, porte-parole d'Attac
Aurélie Trouvé, porte-parole d'Attac

Manifestation, échanges, débats, organisation... Aurélie Trouvé est porte-parole d’Attac, qui organise le contre-sommet du G7 à Hendaye. Elle répond à nos questions.

Le sommet du G7 se tient à Biarritz, du 24 au 26 août. Un sommet qui réunit l'Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l'Italie, le Japon et le Royaume-Uni, ainsi que des pays spécialement invités pour cette édition : l'Inde, l'Afrique du sud, le Burkina Faso, l'Egypte, le Sénégal, le Rwanda, l'Australie et le Chili.

Les opposants à ce sommet ont eux aussi leur mot à dire. Ils organisent en parallèle un contre-sommet, à une trentaine de kilomètres de Biarritz, dans les villes d’Hendaye, Urrugne et Irun. Des échanges, des débats et des manifestations sont prévus.

Comment s’organise ce contre-sommet ?

Nous nous sommes organisés pour pouvoir accueillir le plus de militants possibles pour se mobiliser contre le G7. Il y a un camp pour accueillir plusieurs milliers de personnes.

Le sommet du G7 est hors-sol. Les dirigeants seront bunkerisés dans Biarritz, totalement isolés dans leur hôtel luxueux, déconnectés de la population et du mouvement basque. Nous avons construit un contre-sommet ancré dans le territoire basque.

De mercredi à vendredi, une centaine de conférences-débats sont prévus, avec plus de 200 intervenants. du monde associatif, syndical et politique. L’idée est que soient représentés tous les mouvements qui ont marqué ces dernières années.

Quels seront les thèmes abordés ?

Il y aura notamment un débat entre Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, et et Jean-François Julliard, directeur général de l'ONG Greenpeace, sur le thème “fin du monde, fin du mois, même combat”, et sur la manière de mobiliser à la rentrée en articulant ces questions sociales et écologiques.

Il y aura également une conférence avec Geneviève Legay, sa première depuis ce qui lui est arrivé (NDLR : cette militante de 73 ans avait été gravement blessée le 23 mars lors d’une charge policière à Nice, lors d’un rassemblement interdit de gilets jaunes). Elle interviendra, avec notamment le journaliste David Dufresne, sur la question de la répression policière, sur la manière de répondre à la répression et à la violence que l’on subit depuis plusieurs années.

Autre élément fort de ce contre-sommet, la présence d’un village “gilet jaune”, avec des assemblées de gilets jaunes. C’est notamment porté par des gilets jaunes basques, mais aussi de Saint-Nazaire et d’un peu partout en France.

Des manifestations sont-elles prévues ?

Samedi 24 août, ce sera le point d’orgue de ce contre-sommet, avec une manifestation qui part d’Hendaye à 11 heures. Le lendemain, on prévoit une occupation pacifique de sept places publiques, plus proche de Biarritz. Le tout pacifiquement.

C’est notre consensus d’action, établi par les deux plateformes, basques et hexagonales, qui organisent le contre-sommet. On veut des mobilisations saines, en tout cas celles que l’on organise, pour qu’il y ait la plus grande diversité de mouvement sociaux possibles. Hors de ce qu’on organise, libre à chacun de faire ce qu’il souhaite...

Les autorités redoutent la présence de black blocs. Craignez-vous des débordements lors des manifestations que vous organisez ?

Les seules craintes que l’on a, c’est celle des violences policières et des violences d’État. Pour le reste, on est très clair sur notre consensus d’action. Je pense qu’il sera respecté. Si du coté de l’État, ils prennent leurs responsabilités pour que cela se passe du mieux possible, il n’y aura aucun problème.

Mais il y a des provocations. Le centre de rétention administrative (CRA) d’Hendaye, qui sert a emprisonner des migrants et des mineurs isolés est fermé en août. Vous savez pourquoi ? Pour emprisonner, pour mettre en garde à vue des militants du contre-sommet. Ce CRA est situé à 300 m de nos conférences débats. Et juste à coté du parcours de la manifestation. On considère cela comme une provocation de l’État.

Nous ferons tout pour faire baisser le niveau de violence et pour ne pas répondre à la violence par la violence.

Comment ?

Un service de médiation va être mis en place le jour de la manifestation, composé de bénévoles et de personnes expérimentées qui sont en train de discuter de la façon dont ils vont pouvoir faire respecter notre consensus d’action, des techniques non violentes à mettre en oeuvre pour ne pas participer à cette escalade de la violence.