Sur Gérard Depardieu, Tristane Banon appelle à condamner aussi ceux qui ont filmé la séquence en Corée du Nord

La romancière Tristane Banon, ici en 2011 sur la plateau du "Le Grand Journal" de Canal +.
JOEL SAGET / AFP La romancière Tristane Banon, ici en 2011 sur la plateau du "Le Grand Journal" de Canal +.

VIOLENCES SEXUELLES - C’est une séquence écœurante qui ne cesse de faire parler d’elle. Depuis jeudi et la diffusion du numéro de Complément d’enquête sur Gérard Depardieu, des images tournées en Corée du Nord sur lesquelles l’acteur multiplie les propos obscènes, relevant clairement du harcèlement sexuel et visant notamment une fillette, cristallisent les critiques.

Le « Complément d’enquête » sur Gérard Depardieu dévoile une multitude de propos d’une obscénité rare

Mais la romancière Tristane Banon a souhaité relever un problème largement moins évoqué que le comportement de l’acteur français. Selon celle qui avait porté plainte pour tentative de viol contre Dominique Strauss-Kahn en 2011 (une plainte depuis classée sans suite), il faut aussi faire « le procès de celui qui tient la caméra », comme elle l’a expliqué ce samedi 9 décembre dans un entretien au Parisien.

Quelqu’un aurait dû dire « Stop, c’est intolérable »

Ainsi, après avoir directement condamné Gérard Depardieu pour les « propos abjects et dégueulasses » dévoilés par le magazine de France 2 et que vous pouvez retrouver dans l’extrait ci-dessous, l’écrivaine pointe la responsabilité de l’équipe qui a filmé l’interprète de Cyrano ou d’Obélix lors de ce voyage en Corée du Nord.

« Comment ces images sont-elles possibles ? Comment une équipe peut-elle filmer aussi longtemps ce genre de propos sans que personne ne se dise ’Stop, c’est intolérable’ ? », avance l’autrice de Love et cætera. « Cinq ans » d’omerta qui choquent Tristane Banon car « personne parmi ceux qui étaient au courant ne s’est dit que cela méritait d’être versé à la justice ou que cela réclamait a minima des explications ».

Dans le cas présent, les images ont été tournées par l’écrivain et réalisateur Yann Moix en 2018 lors d’un voyage commun des deux hommes à l’occasion des 70 ans de la Corée du Nord. Elles ont depuis été transmises, sans l’accord de Yann Moix, aux équipes de « Complément d’Enquête », a expliqué l’écrivain dans les colonnes du Figaro.

Un effet #MeToo

Or pour Tristane Banon, Yann Moix et son équipe ont une grande part de responsabilité. « Je voudrais aussi qu’on fasse le procès de celui qui tient la caméra et de ceux qui sont présents autour », ajoute-t-elle, en rappelant que ces images ont été tournées « sept ans après l’affaire DSK » et « un an après le début de l’affaire Weinstein ».

Une époque, reconnaît-elle, où « toutes les mentalités n’avaient pas encore évolué », même s’il « y avait déjà eu un vrai bouleversement autour de ces questions ». Très sensible au sujet des violences sexuelles, Tristane Banon termine toutefois sur une note positive en estimant que le mouvement #MeToo a permis un changement, là où « on ne recherchait pas la responsabilité collective au-delà de la culpabilité d’une personne » avant l’émergence du mouvement de libération de la parole des femmes.

De son côté, Gérard Depardieu, aujourd’hui âgé de 74 ans, est visé par plusieurs plaintes pour agression sexuelle, dont une déposée la veille de la diffusion de Complément d’enquête par la comédienne Hélène Darras. Début octobre, l’acteur avait démenti les accusations portées par Charlotte Arnould, assurant n’être « ni un violeur, ni un prédateur » dans une lettre ouverte publiée par Le Figaro.

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