Gérald Darmanin, une rentrée médiatique au pas de charge

Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale, le 15 septembre 2020, Paris
CHARLES PLATIAU via REUTERS Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale, le 15 septembre 2020, Paris

CHARLES PLATIAU via REUTERS

Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale, le 15 septembre 2020, Paris

POLITIQUE - « Il décolle ou il déconne ? » Ce conseiller de l’exécutif s’amuse ce 1er septembre quand on lui demande à quoi joue Gérald Darmanin avec sa rentrée tonitruante, au moins sur le plan médiatique.

Rodéos urbains, feux de forêts, imam Iquioussen… Ultra-présent tout l’été, Gérald Darmanin ne semble pas près de s’arrêter. Fort d’un ministère élargi aux Outre-mer, l’ancien maire de Tourcoing fait entendre en cette rentrée une voix plus libre qu’à l’accoutumée et des sujets qui dépassent désormais son strict périmètre gouvernemental.

« Bon sens populaire » répété sur les plateaux

« Après cinq ans au gouvernement et son expérience d’élu local, il considère qu’il peut aussi parler d’autres sujets en dehors de son périmètre : le social, l’économie, l’écologie… Il n’y a pas de sujet tabou », confirme son entourage qui loue son « bon sens populaire », marque de fabrique qu’il entend imprimer.

En trois jours, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer s’est retrouvé chez C à vous sur France 5, dans l’Heure des Praud sur Cnews et prévoit un grand entretien délocalisé à la DGSI avec BFMTV ce vendredi soir, pour « faire le point sur la menace terroriste ». Un thème en plein dans son portefeuille ministériel, mais l’ancien maire de Tourcoing ne s’interdit plus de déborder du cadre et de parler… de lui.

« Je suis d’un milieu populaire, pas extrêmement libéral qui pense que le pacte social de Philippe Séguin doit être davantage poussé », indique-t-il, sur France 5, mardi 31 août, dessinant des contours politiques bien à lui pour préparer la suite. Il a même - déjà - théorisé « trois grands critères pour être président de la République » qui s’appliquent uniquement aux ministres actuels : « réussir le quinquennat, beaucoup de travail et de sacrifices personnels et un petit grain de folie ». Sur la même antenne, il cite son mentor, Nicolas Sarkozy qui lui aurait dit un jour « ’pour être président il faut une case en plus ou une case en moins’, beaucoup de gens ont une case en moins, j’espère que je ne fais pas partie de ces gens-là ».

« Darmalin »

« Darmalin », comme il était surnommé au Palais Bourbon quand il a été élu député à 29 ans en 2012 sait très bien où placer le curseur. S’il accélère, c’est que la situation est dégagée pour 2027 et qu’il a été conforté par Emmanuel Macron qui l’a hissé dans l’ordre protocolaire après sa réélection. « L’accélération est naturelle puisque le champ est ouvert : le sortant ne pourra pas se représenter », assume un proche du ministre.

« Parlez de moi, il en restera toujours quelque chose : l’adage a ses limites », remarque un conseiller ministériel aguerri. « Ce que je vois, c’est qu’on le voit beaucoup, mais qu’il n’y a pas toujours les résultats au bout…  », pointe le même qui fixe trois autres critères pour prétendre à la présidence de la République : « une assise, une politique et des résultats ». « C’est vrai qu’il ne prend pas de vacances et qu’on se demande où il va. Mais tout ce qu’on souhaite c’est qu’il ait des résultats et pour l’instant ils sont très bons », nuance un autre conseiller de l’exécutif.

« Les Macronistes ne comprennent rien, Gérald vise Matignon »

Gérald Darmanin a encore obtenu de très nombreux crédits pour son ministère - 15 milliards sur cinq ans, afin de renforcer les effectifs et les conditions des forces de l’ordre. La Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur sera présentée en Conseil des ministres mercredi 7 septembre. Une victoire politique, alors que le quoiqu’il en coûte s’arrête et que ses collègues du gouvernement craignent pour leurs budgets en 2023. Mais les résultats sur le plan de la sécurité laissent encore à désirer alors que les violences faites aux femmes - son point faible - ont bondi de 33 % en 2021 et les coups et violences volontaires sont en augmentation par rapport à la période avant-Covid. Seules les atteintes aux biens connaissent un recul.

Loin de se consacrer uniquement à son ministère, le trublion du gouvernement qui a déjà crispé Éric Dupond-Moretti en employant le mot venu du RN « ensauvagement » ou la Première ministre pour sa gestion chaotique du Stade de France lors de la finale de la ligue des Champions va prendre du galon au sein de LREM.

Il sera chargé de la formation au sein du nouveau parti Renaissance lancé mi-septembre. « Stéphane Séjourné veut tout changer du sol au plafond, il y aura des courants et un vrai parti structuré », appuie l’un de ses amis qui l’accompagne dans la montée des marches. De là à y voir un autre signal ? « Je ne comprends pas bien ce qu’il va pouvoir faire du parti qui est bien plus à gauche que lui », s’interroge à voix haute un tenant de l’aile gauche de LREM.

« Les macronistes ne comprennent rien. Gérald ne pense pas une seconde à l’Élysée, il vise Matignon », évacue un ancien LR qui a rejoint LREM. « Élisabeth Borne fait très bien son travail, ils ont une relation fluide », balaie l’entourage du ministre, quand ses proches, eux, ne ferment jamais la porte, même si la question « est plus que prématurée ».

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