Gérald Darmanin annonce la création d’un « statut d’imam de France », qu’est-ce que cela signifie ?

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ouvre la 2ème session du Forum de l’Islam de France, ce lundi 26 février.
Ministère de l’Intérieur et des Outre-mer Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ouvre la 2ème session du Forum de l’Islam de France, ce lundi 26 février.

POLITIQUE - Face à 86 acteurs de terrain, associatifs, religieux, juristes, membres de la société civile… Gérald Darmanin s’éclaircit la voix. Le ministre de l’Intérieur a lancé lundi 26 février la deuxième session des travaux du Forum pour l’islam de France (Forif). Il a annoncé à cette occasion qu’« il y aura désormais un statut de l’imam en France », et chargé le Forif de « travailler sous six mois à la création » d’un tel statut.

L’imam Mahjoubi, dont Gérald Darmanin a demandé l’expulsion, a été interpellé dans le Gard

Selon le ministre de l’Intérieur, il s’agit d’un statut « qu’espèrent nombre musulman, et nombre d’imams qui ne sont pas aujourd’hui correctement rémunérés. » S’il appartient aux musulmans « de fixer le statut religieux » des imams, cela passe côté profane par une protection sociale, avec des imams embauchés par les mosquées ou associations, et par un niveau d’exigence linguistique et universitaire, en s’appuyant sur les 34 formations « laïcité » aujourd’hui accessibles.

Ce statut viendra remplacer le système des imams détachés, c’est-à-dire envoyés par d’autres pays, qui a été supprimé en France depuis le 1er janvier. « Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura plus d’imams étrangers. Il pourra y avoir aussi des imams étrangers, à condition qu’ils soient directement employés comme salarié par un lieu de culte français, et non par une fédération, et à condition qu’ils parlent français, afin qu’ils s’insèrent dans la société française », indique Gérald Darmanin.

« Il reste un gros effort à fournir pour que les croyants de France aient des cadres religieux mieux formés, dignement rémunérés et pleinement insérés dans la société française », estime le ministre. Plus encore, Gérald Darmanin souhaite combattre l’idée que l’islam « est une religion d’étrangers, pour les étrangers, financée par les étrangers ».

Deux fois plus de fonds pour sécuriser les lieux de culte

Gérald Darmanin a ainsi plaidé pour une structuration de l’islam qui « vienne des départements », à l’instar de ce qui a déjà été réalisé dans « plus de 40 » d’entre eux. Mais « ce n’est pas à l’État de présider à cette structuration », a-t-il ajouté, en encourageant le Forif à s’organiser « comme il y a une fédération des protestants » en France.

Le ministre a aussi dit sa volonté d’avancer sur la question des carrés confessionnels dans les cimetières. « D’ici le 1er juillet (...) nous ferons en sorte que l’accès à une sépulture ne soit plus un sujet pour nos compatriotes », a-t-il promis. Autre promesse, le doublement à un million d’euros par an des fonds alloués à la sécurisation des lieux de culte musulmans. « J’ai demandé aux préfets d’accompagner systématiquement les porteurs de projets », a-t-il affirmé.

En 2023, avec 242 faits recensés, « les actes antimusulmans ont augmenté de près 30 % », a-t-il ajouté, en précisant que « plus de la moitié » de ces faits ont été commis au cours des trois derniers mois, « ce qui montre que le conflit au Proche-Orient a des résonances évidentes sur notre sol ». Le ministre a sur ce point salué la naissance en février de l’Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans (ADDAM), qui « a vocation à assurer une meilleure remontée » des actes antimusulmans « qui sont manifestement encore sous-estimés ».

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